Partie civile dans le procès Papon
Ecrire à Eliane
Dommange-Alisvaks
(mentionnez son nom dans le sujet du message)
A Bordeaux en 1942, Eliane avait huit ans...
Justice pour mes parents
C'était le 15 juillet 1942. La première rafle signée Maurice Papon. Dans leur modeste maison du vieux Bordeaux, les ballots étaient prêts. Ils ont ouvert en pensant que c'était le passeur qui devait les conduire en zone libre. La police française les a arrêtés : elle, ses deux frères, sa mère et son père, depuis peu ouvrier d'usine. Eliane Dommange avait huit ans, ses frères six et onze ans. Elle portait l'étoile jaune. A cette époque, les Allemands bottés qui passaient sous ses fenêtres en scandant des chants nazis la terrifiaient. Pas les policiers français. Conduits dans une annexe de la prison du fort du Ha, les adultes ont été séparés des enfants, alignés contre un mur dans une salle poussiéreuse, un écriteau nominatif autour du cou. Mais Eliane et ses frères ont eu la vie sauve : un ami de leur père, fonctionnaire de la police est venu les chercher. Des voisins ont pris des risques pour les cacher, puis les ont aidés à rejoindre leurs grands-parents à Paris. Leurs parents, eux, ont été déportés à Auschwitz. Eliane ne les a jamais revus, pas plus que six autres membres de sa famille.
Toute ma vie, je me suis sentie coupable
Du camp de Mérignac et de celui de Drancy, sa mère avait posté une lettre et une carte postale, précieuses reliques d'un amour fantôme. "Nous aurons beaucoup de courage. Soignez bien mes enfants chéris, qu'ils ne souffrent pas de l'absence de leurs parents", écrit la maman d'Eliane à ses propres parents. A la Libération, Eliane a vécu de faux espoirs. Ses grands-parents habitaient à côté d'un cafetier équipé d'un téléphone. A chaque fois que celui-ci frappait un coup sur la cloison pour signifier qu'un appel était arrivé, la jeune fille croyait à l'annonce du retour de ses parents. Longtemps, elle les a cherchés parmi les visages décharnés photographiés dans les camps de concentration.
A sa main, Eliane, aujourd'hui comptable à la retraite, installée dans la banlieue parisienne, porte depuis cinquante-quatre ans la bague de sa mère. De sa voix douce, presque enfantine, elle raconte. Sans larmes. Sa douleur indicible, avouée à son mari mais dissimulée avec tant d'efforts à ses deux enfants, est enfouie au fond d'elle. Enterrée avec des souvenirs sur lesquels elle a jeté un voile. "Pour pouvoir survivre, il faut se forcer à oublier. Je me suis enfermée dans une tour d'ivoire. Mais toue ma vie, je me suis sentie coupable. Par moments, je devenais dépressive, anéantie. Mon mari, heureusement, a été très patient avec moi. Je ne voulais pas transmettre ma souffrance à mes enfants. J'ai dû le faire malgré moi. La seule fois que j'ai parlé de mes parents avec eux, c'était en mars dernier, après une interview donnée à la télévision à l'occasion du réquisitoire de la cour d'appel de Bordeaux."
Du procés de Maurice Papon, Eliane attend beaucoup. Déjà, il l'a aidée à parler. En mars dernier, elle est retournée dans son ancienne maison de Bordeaux pour la première fois. "S'il y a une justice, il ne peut être que condamné. Je le voudrais non par esprit de vengeance mais pour qu'on reconnaisse à mes parents leur droit à la vie."
C.C.
Lettre de Gilles Dommange, son fils.
Je m'appelle Gilles Dommange, fils de Eliane Dommange Alisvaks ma mère, petit-fils de Henri et Antoinette Alisvaks, juifs résistants et déportés en 1942 dans les camps de la mort.
Jai le même âge, 30 ans, comme mes grand-parents lors de leur déportation ; comme eux , j'ai des enfants
Même si je n'ai pas vécu ces années-là, je pense ressentir tout le désespoir qu'ils ont pu connaître à cette époque , lors de leur arrestation, et la séparation d'avec leurs enfants, ma mère.Ma mère qui durant toutes ces années à souffert en silence sans rien nous dévoiler, ni à moi, ni à ma sur ; jamais durant notre enfance nous n'avons su sa souffrance et ses espoirs de revoir ses parents. Pour nous ils étaient morts durant la guerre comme des gens ordinaires qui vivaient à cette époque.
Ni un signe, ni un regard, que des photos jaunies par le temps. Jamais je ne connaîtrai mes grand-parents, que par des souvenirs de ma mère.
Le temps, ce temps qu'il faut pour juger des hommes qui ont commis des actes si Qu'il n'y a pas de mot pour les qualifier. Le temps qu'il a fallut à ma mère pour assumer ses cauchemars, ses souffrances d'enfant. Le temps qu'il a fallut pour qu'enfin elle puisse voir l'homme, M Papon, être jugé, pour rendre finalement toute la dignité à ses parents.
Je me suis porté partie civile, non pas pour juger une période sombre de notre époque, que je n'ai pas vécu, mais pour rendre justice à mes grand-parents et à toutes les années de souffrance de ma mère, à la mémoire des hommes, femmes et enfants de cette époque, et pour dire que, même si le temps peut effacer les années, il restera toujours des enfants, petits-enfants pour juger et accuser les hommes qui ont commis des actes criminels.
A ma mère, j'espère qu'enfin après tant d'années de souffrances, elle pourra, suite à ce procès, connaître le repos de son esprit. Et je veux qu'elle sache, que ses petits-enfants seront fières d'elle, comme nous le sommes de nos grand-parents.
A l'aube de l'an 2000, je voudrais finir ma lettre par un espoir que les hommes puissent enfin se tolérer, se respecter, et cultiver leurs différences afin de faire avancer l'humanité vers une existence meilleure pour nos enfants et nous-mêmes.
Lettre de Gilles Dommange, sa fille
Lue au cours du témoignage de Jean-Marie Matisson,
Jean-Marie Matisson « Alors, j'ai une
deuxième question corollaire, pourquoi a-t-il retiré sa plainte avant le procès ? Je
voudrais revenir sur un point, je vous ai dit que j'étais conseil en organisation, je
travaille dans les administrations publiques, et je suis interloqué par la façon dont
Papon décrit son propre rôle à la préfecture de la Gironde. C'est kafkaïen, c'est
paponesque. C'est en totale inadéquation avec la fonction. On se demande s'il a bien
mérité son salaire. Il avait moins de pouvoir qu'un balayeur. Je voudrais lire une
lettre que j'ai reçu hier, de la fille d'Eliane Dommange, Céline qui n'est pas partie
civile. Son frère Gilles par contre l'est. »
[le croquis de Michel Dommange, le père de Céline et de
Gilles]
Le président Castagnède « Vous pouvez lire ce que vous jugez utile à votre
témoignage. »
Jean-Marie Matisson « Cher Jean-Marie, Je fais suite à ton interrogation concernant ma
position sur ce procès. Aujourd'hui j'ai trente ans, soit l'âge où je dois retrouver
mon histoire, où les zones d'ombre concernant mon passé doivent disparaître pour ne pas
vivre dans le regret de ne pas avoir su avoir en parler avec ma mère, donc ce procès est
deux fois plus important. Les archives, les écrits ou les récits ont fait de moi une
spectatrice comme il y en a tant, mais écouter ma mère citer les faits à elle rend les
choses différentes. Aujourd'hui seulement, j'ai pris conscience que j'étais petite fille
de déportés, que mon grand-père et ma grand-mère faisaient partis de ce convoi de
juillet 42 vers Auschwitz pour ne plus en revenir. J'ai eu l'amour de mes grands parents
paternels, mais j'ai eu aussi la frustration de ne pas avoir eu celle de mes grands
parents maternels. On peut entendre aujourd'hui des gens dire que c'était il y a 55 ans,
qu'il faut oublier, c'est trop tard, etc. Mais pour ma mère, moi et tous les gens qui
pensent que non, qui se battent pour que plus jamais cela existe ni en France ni ailleurs
dans le monde, pour que plus jamais des enfants souffrent de la méchanceté des adultes.
Alors osons reconnaître nos torts, nos bêtises, nos erreurs pour que plus jamais...
Je demande à la justice de reconnaître la responsabilité de Papon dans la mort de ces
personnes pour avoir juste été juifs, résistants ou tziganes.
Céline »
Les témoignages d'Eliane
Le 17 novembre 1997
L'audience reprend.
Le président Castagnède « Nous constatons l'absence de
l'accusé. J'indique que j'ai été destinataire d'un fax d'Alain Choussat. Il certifie
avoir examiné Papon. Cet examen clinique met en évidence l'aggravation pneumo
pleuropathique, rend son hospitalisation nécessaire pendant 10 jours au minimum. »
Le procureur général Desclaux « Cette bronchite et le certificat
médical remet en cause la validité de ce procès à un moment important, celui où nous
allions enfin, évoquer les faits et entendre les parties civiles. Je demande que soit
nommée une contre expertise. »
Maître Boulanger « Nous sommes encore obligés de constater la
situation avec beaucoup de tristesse nous arrivions à un moment important, celui où nous
allions enfin aborder les faits. J'ai deux observations et une requête à déposer. La
première observation est que Papon est victime de sa propre stratégie de défense. Les
faits pour lesquels il est poursuivi sont gravissimes et il avait intérêt à ce qu'ils
soient retardés au maximum. Heureusement, sur les 80 témoins demandés par la défense,
nous n'en avons entendus que 25. Nous avons tous l'impression que le procès piétine,
aussi bien les parties civiles, la cour, le public. Mais cette tactique a eu pour effet
d'épuiser tous les participants. Et de cet épuisement, Papon en a été victime
lui-même. Je tiens à le dire, je ne veux pas entendre dire que c'est de la faute des
parties civiles que le procès piétine. Au contraire, elles ont été exemplaires de
dignité et de patience.
Deuxième observation, nous avons été placé devant une situation difficile avec une
organisation des débats et des témoins qui ne connaissaient même pas l'accusé au
moment des faits ou seulement après 1945. On a abordé des points sur lesquels Papon
s'exprimait en toute liberté. Il fallait bien que nous réagissions, nous ne pouvions pas
laisser dire n'importe quoi. Nous avons été placés devant une situation exceptionnelle
de la faute de la défense.
Enfin, j'ai une requête à déposer qui émane des parties civiles. Elles sont touchées
par cet événement. Une des parties civiles veut s'exprimer pour vous le dire. Elles
n'ont pas pu parler, elles ne savent pas si elles pourront parler. Elles ne savent pas si
elles pourront le faire un jour... »
Le président Castagnède, après une très longue hésitation, « De qui
s'agit-il ? Levez-vous»
Maître Boulanger « Il s'agit d'une partie Civile, Jackie Alisvaks »
Le président Castagnède « Monsieur Alsivaks, approchez-vous »
Je suis assis entre Jackie et Eliane, Jackie se lève, Eliane a mes côtés
hésite, me dit tu crois que je peux y aller le président n'a parlé que de Jackie, Je
lui dit que oui, il faut qu'elle y aille et quand Jackie passe devant nous, elle se lève
et le suit. Les autres parties civiles, comme nous l'avions décidé auparavant, nous nous
levons pendant leur témoignage.
Jackie Alisvaks « Merci, monsieur le président de me donner la
parole, chaque fois que l'accusé se retrouve devant ses responsabilités, il replonge
dans une nouvelle maladie. Nous avons besoin de nous exprimer... Il y a 55 ans qu'on a
besoin de parler, nous aussi, nous avons des gens malades, par exemple Maurice Matisson a
la même maladie que Papon. Mais aussi, nous voulons exprimer notre indignation, je viens
de Lyon, ma soeur Eliane vient de Paris. C'est intolérable. La deuxième raison, nous
vous demandons qu'il y ait une contre expertise tous les jours pour que Papon revienne le
plus tôt possible. »
Eliane Dommange « Je voudrais dire quelque chose, monsieur le président
»
Le président Castagnède d'un geste lui donne son accord.
Eliane Dommange « Nous en avons assez que Papon se dérobe. Mes parents
sont Henri et Antoinette Alisvaks. Papon a pris la vie de nos parents et maintenant, il
nous empêche de parler, c'est intolérable. Il ne faut pas qu'il nous empêche de parler,
cela fait 55 ans que nous voulons parler. Nous voulons nous exprimer depuis 55 ans et
aujourd'hui, on nous en empêche. »
Jackie Alisvaks « Je voudrais ajouter quelque chose. C'est nous les
victimes, on nous joue la comédie. Nous faisons entière confiance aux avocats des
parties civiles et à la cour. »
Maître Varaut « Ce procès est une commémoration, je rends hommage à
la douleur des parties civiles. Je me plains aussi de la longueur des audiences ... » dit
que ce n'est pas volontaire si Papon est malade, etc... Etc...
Maître Jacob « La ligue des droits de l'Homme continuera dans ce
procès avec la même volonté. J'entends dire que nous ne sommes pas épuisés, que nous
continuerons le combat jusqu'au bout. »
Le président Castagnède « J'ordonne une contre expertise médicale du
professeur Pariente, les deux délibéré qui devaient être rendus demain sont remis au
27 Novembre. L'audition de Madame Hippolyte est remise au 27 novembre. »
Le 17 décembre 1997
Eliane Dommange née Alisvaks,
retraitée, 63 ans.
Eliane Dommange " Monsieur le président, avant de faire ma déposition, je vous
demanderai la permission de rendre hommage à tous les morts dans les camps de
déportation. Ils ne sont pas morts ni couchés, ni comme des brebis à l'abattoir. Ce
sont des gens qu'on a fait souffrir moralement et physiquement à la limite du
supportable. Il suffit de regarder les photos et les documents des camps de la mort pour
comprendre. Je suis la fille d'Antoinette Alisvaks, arrêtée et déportée à 30 ans. Je
suis la fille d'Henri Alisvaks, arrêté et déporté à 33 ans. Si on les avait laissés
vivre, ils auraient l'âge de Papon. Avant leur arrestation, j'étais une petite fille
épanouie et heureuse avant ce 15 juillet, j'étais heureuse avec mes frères Jackie, 5
ans et mon frère aîné Claude, 10 ans. On a interdit à mon père de travailler son
métier de commerçant. On lui avait interdit de gagner sa vie, notre vie. Avant ce 15
juillet, j'avais peur des allemands, pas des français. Quand on les entendait, on se
cachait au fond de l'appartement. Avant ce 15 juillet, mon père était anti allemand. Ils
ont caché des français et des résistants qui n'avaient pas de papiers. Ce 15 juillet,
tout se bouleverse dans ma vie et dans ma tête. Mes parents avaient préparé les
baluchons pour nous trois. On devait passer la ligne de démarcation à Libourne. On
était à table, quand on entend frapper à la porte. J'ai cru que c'était le passeur,
mais c'était la police. Je ne sais plus comment on a descendu les trois étages, comment
on est arrivé au fort du Hâ, on était séparés de nos parents. Ce que je me rappelle,
c'est qu'il y avait d'autres enfants, sur deux ou trois rangées. Je ne sais pas comment
on nous a mis des pancartes autour du cou. Cela a duré très longtemps. Quand on nous a
servi des petits pois, j'ai eu du mal à les avaler. Très longtemps après, j'ai encore
du mal à les avaler. Ce que je me rappelle, ce ne sont pas des images, ce sont des
sensations. Quand je voyais un uniforme de la police, j'ai du mal à le supporter. Je me
rappelle que quand j'ai été convoquée par le juge Nicod avec Maître Boulanger, il y
avait une femme gendarme qui faisait les cent pas, elle passait, elle repassait. Même
l'odeur de son uniforme, je ne pouvais pas le supporter, sans Maître Boulanger je serais
repartie. Même plus tard, j'ai toujours eu beaucoup de mal à aller dans un commissariat
de police. Je ne me remettais qu'après plusieurs jours. Je voudrais dire à Papon qu'il a
pris la vie de mes parents mais aussi ma vie. C'est vrai, je m'en suis sortie. Je suis
heureuse avec mon mari, mes enfants, mes petits-enfants. Je suis avec deux faces. Je fais
toujours le même cauchemar. Une petite fille de huit ans , elle court après sa mère et
quand elle se retourne, elle voit plein de mères, dans un état épouvantable, avec les
images des rescapés des camps de la mort. C'est aussi quand mes enfants partaient, mon
mari me retrouvait accroupie en pleine dépression. Je revivais la séparation avec mes
parents et je la projetais sur mes enfants. Quand j'ai porté plainte contre Papon, je me
suis arrête voir un membre de ma famille. Je ne savais plus où j'en étais. Pourquoi moi
et pas mes parents. [ Eliane doit vouloir dire : pourquoi mes parents et pas moi ]. J'ai
failli commettre l'irréparable, heureusement, mon mari était à côté de moi. J'allais
commettre l'irréparable. Aujourd'hui pourquoi ne pas pardonner. Je ne peux pas pardonner
car Papon a agit méthodiquement et froidement pour que mes parents se retrouvent à
Mérignac puis Drancy et Auschwitz par le convoi N° 7 départ de Drancy le 17 juillet
1942. Il y a eu 990 hommes et femmes. 375 gazés dès leur arrivée. 17 survivants. Pour
moi tout a commencé ce 15 juillet. A la libération des camps, j'attendais les coups de
fil pour qu'on me dise d'aller chercher mes parents à la gare. Je n'avais pas le
téléphone, et le voisin me prévenait en tapant sur le mur. Moi, petite fille,
j'attendais l'appel de mes grands parents. Et à chaque coup au mur, j'étais déçue. Je
me suis dis, ils sont malades. En ne les voyant pas revenir je ne pouvais pas supporter
qu'ils ne soient pas revenus. Ils avaient du perdre la mémoire. Ils sont heureux quelque
part. Ils ont vécu des moments atroces. Je ne peux pas pardonner. Je ne peux pas
pardonner. J'ai oublié de vous dire comment j'ai quitté le fort du Hâ. On en est sorti
parce que quelqu'un nous a sorti. Un ami de mon père parce qu'il a désobéi aux ordres.
J'ai été chez mes voisins, monsieur et madame Desclaux. Quand il y avait de la visite,
on se cachait dans un cagibi. Je pensais qu'on était resté cachés des jours et des
jours. Mon oncle Maurice m'a dit que non ce n'étaient que des heures. Je suis très
reconnaissante à ces gens d'avoir désobéi et de m'avoir sauvée. J'ai une photo de mon
père, une photo de ma mère. Elle est froide, ça fait 55 ans qu'elle ne parle pas,
qu'elle est froide, qu'elle ne console pas. Je voudrais montrer la photo de ma mère et
moi je prendrai la voix de ma mère pour lire cette lettre.
Le président Castagnède " Pas de difficulté à ce que les photos soient
diffusées. "
Eliane Dommange " Merci, monsieur le président
La lettre des parents d'Eliane Alisvaks [pour revenir cliquez
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Drancy le 18 juillet 1942
Mon petit papa maman
Lili Maurice chéris. Ce soir à 6 heures, nous sommes arrivés et demain matin nous
repartons. Nous ne savons pas pour où. Si tu ne reçois pas de lettre tout de suite. Ne
nous inquiete pas le nord est très loin [ l'émotion, Eliane se trompe, la lettre dit le
moral est très bon.]. Nous aurons beaucoup de courage. Soigner bien mes enfants cheri
qu'il ne souffre pas de l'absence de leurs parents. Affectueux baisers a tous nous vous
oublirons jamais vos enfants qui vous aime. Nenette et Henry. [ c'est dur, très dur,
surtout que cette carte postale avec au verso l'effigie de Pétain et le cachet du bureau
de la censure du camp de Drancy, ne me quitte pas depuis des années. Quand Eliane finit
sa lettre, elle ne peut prononcer les noms de ses parents, fond en larmes, un huissier
s'approche pour la soutenir lui proposer une chaise.] Non je veux rester debout, comme les
déportés sont restés debout. Tout ... " Personne ne dit plus rien. Puis au bout de
longues secondes.
Le procureur général Desclaux. " Votre souffrance est une marque de respect et
d'hommage pour tous ceux qui ont souffert et qui ont disparu. "
Papon " Avec tout la pudeur qui s'impose et sans mésestimer l'émotion, je vois dans
la déclaration, l'illustration de la notion de symbole et ce symbole vous voyez qui je
veux dire. "
Le président Castagnède " Vous parlez du fort du Hâ. Vous aviez à peine 8 ans.
Cette personne qui vous a sauvée était un gendarme français et il vous a permis de vous
échapper ? "
Eliane Dommange " Si on est là aujourd'hui, c'est parce ce qu'on ne fait pas partie
des 22 enfants dont on a parlé parce que sinon je serais partie en août avec les autres
enfants. "
Le président Castagnède " Vous avez également parlé de votre grand mère
maternelle Anna Rawdin et de Bernard Fogiel, 6 ans. "
Eliane Dommange " Pour mon cousin, sa soeur est là, elle en parlera. J'ai 8
personnes de ma famille qui sont mortes. "
Photos
Ses parents ont été déportés au moment de
la rafle du 15 juillet 1942
3 orphelins, survivants par miracle :
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Eliane
Dommange- Alisvaks
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