Claude Léon

Partie civile dans le procès Papon

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La Chambre d'accusation de la cour d'appel de Bordeaux réunie en Chambre du Conseil à l'audience du dix huit septembre mil neuf cent quatre vingt seize, a rendu l'arrêt suivant :


Vu la procédure suivie à la Cour d'Appel de Bordeaux,
du chef de crimes contre l'Humanité*
à l'encontre de :

PAPON Maurice
né le 3 septembre 1910 à GRETZ-ARMAINVILLIERS (Seine et Marne),
fils d'Arthur et de DUSSIAU Marie,
marié, trois enfants,
Préfet de police honoraire,

...
Sur Plainte avec constitution de parties civiles de :
- Madame GRYF, Ghislaine épouse LEVY (...) ayant déclaré son adresse chez Maître KLARSFELD(...)
- Monsieur Armand BENIFLA (...) ayant pour avocats Maître BOULANGER et Maître TOUZET du barreau de Bordeaux,
- Monsieur Claude LEON, (...) ayant pour avocats Maître BOULANGER et Maître TOUZET du barreau de Bordeaux,(...)
...


Ces extraits de l'arrêt de la Chambre d'Accusation de la Cour d'Appel de Bordeaux, montrent que je fais partie de ceux qui ont cru, après tant d'années, devoir demander à la Justice de reconnaître la responsabilité de hauts fonctionnaires de l'État Français, dans l'arrestation, la déportation et le génocide dont les membres de leur famille ont été victimes.

Je suis un sous-produit de la guerre de 1914/1918. Car, je dois d'avoir vu le jour au fait que mon père, mobilisé en août 1914 a pendant quatre années combattu sur le front.

Ancien élève de l'École Spéciale des Travaux Publics, il resta après l'armistice en Alsace, pour participer à l'évaluation des dommages de guerre, et contribuer à la reconstruction. C'est là qu'il rencontra celle qui allait devenir ma mère.

Leur mariage ne fut pas simple, car ils durent s'opposer à leurs deux familles.

Car si ma mère, alsacienne, était luthérienne, mon père lui était bordelais et juif.

Ils décidèrent donc, de laisser leurs enfants libres du choix de leur religion.

C'est ainsi que j'ai été baptisé au sein de l'Église Réformée de France.

Pour autant, je ne renie aucune des familles de mes deux grand parents.

Confronté très jeune à la plus large tolérance par l'éducation que j'ai reçue, j'ai donc eu beaucoup de difficulté à admettre les lois de Vichy, qui dès 1940 ont chassé mon père de son emploi, et en ont fait un renégat, par le seul fait de sa naissance et de sa religion.

On a prétendu que ces lois iniques, ne visaient que les juifs "étrangers", qui seuls étaient internés et déportés. Or, la famille de mon père, appartenait pour une part (Léon et Dacosta) à la "Nation portugaise"de Bordeaux depuis la fin du 15° siècle, et pour une autre part (Bédarride) aux fameux "Juifs du Pape ".

Citoyens français depuis que la Révolution Française, sous l'impulsion de l'Abbé Grégoire, a reconnu cette légitimité à la communauté israélite, j'ai la fierté de compter dans mes ancêtres, quatre officiers des armées de Napoléon 1°, qui l'ont accompagné dans les campagnes d'Italie, puis d'Égypte.

On ne peut pas ne pas se sentir Français, quand on pense à eux.

Et pourtant, quatorze membres de ma famille ont connu l'arrestation, la déportation, et le "détail"des chambres à gaz d'Auschwitz Birkenau.

Mon père, arrêté le 10 Janvier 1944, sur l'ordre de Maurice PAPON, interné à la Synagogue, puis à Drancy, n'a pas été déporté, en raison du fait qu'il était marié à une aryenne, ainsi qu'en faisait foi l'attestation délivrée par les services du sieur Darqier de Pellepoix. Contraint aux travaux forcés sur le mur de l'Atlantique, il était gardé avec quelques autres, par des membres de la Légion des Volontaires "Français", portant l'uniforme allemand. Il est malheureusement décédé, en 1952, des suites des mauvaises conditions de son internement.

Ma grand-mère (73 ans) a été arrêtée le 7 février 1944, internée au camp de MERIGNAC (sous la garde de gendarmes français) puis à Drancy, et déportée le 20 Mai 1944 à Auschwitz. Elle a été déclarée "Mort pour la France" le 25 Mai 1944.

J'ai tenu à m'associer à cette démarche, pour qu'à l'avenir, quiconque sera en charge d'une responsabilité officielle sache que, même 50 ans après il ne sera pas à l'abri d'une poursuite et, même d'une condamnation, si par carriérisme ou par idéologie, il prête la main et facilite de telles aberrations.

Que l'on admette enfin ces principes essentiels inscrits dans la déclaration des droits de l'homme, le 26 Août 1789:

I - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.....

II - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.

......

X- Nul ne doit être inquiété pour ses opinions même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi.

......

XV- La société a le droit de demander compte à tout agent public, de son administration.

XVI - Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution."

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Jackie Alisvaks
Eliane Dommange- Alisvaks
Juliette Drai - Benzazon
Esther Fogiel
Claude Léon
Maurice-David Matisson
René Panaras
Michel Slitinsky

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