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date dernière modification : 21/11/02

Chronique du 22 Janvier 1998

Quand Papon et Laval emploient les mêmes arguments pour se défendre.

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L'audience reprend avec la fin de l'audition de Michel Slitinsky


Michel Slitinsky


« Je voudrais faire un rappel, mes parents sont issus d'Ukraine, ils ont subi les pogroms tsaristes et ont décidé de fuir Kiev et ont regagné Paris. Le côté maternel est resté en France alors que le côté paternel est parti en Amérique du Sud. Mes cousins ont fait partie de l'intelligentsia de Buenos Ayres. J'ai un cousin professeur de droit, un cousin correspondant de Portmann et un autre cousin, avocat. Je dis cela parce que mes parents ont accepté de servir de correspondants à l'institut ibérique et ont accepté de recevoir des étudiants de la Terre de feu. J'ai rencontré beaucoup de ces jeunes gens résidants originaires de la Terre de feu. ( Salomon ). J'ai travaillé avec le président de l'université du Mirail à Toulouse qui a été adjoint du président du conseil régional et du ministre de l'éducation nationale Savary. Mon oncle a été assassiné par les hordes péronistes. Mon père et ma mère ont fondé une association d'entraide pour les réfugiés d'Europe de l'Est et d'Allemagne qui fuyaient les persécutions. [ Je crois que les parents de Michel ont fondé cette association avec mon grand-père Abraham ] Mes parents ont toujours été très attachés aux valeurs de l'humanisme et on allait souvent dans des soirées culturelles ou folkloriques et culturelles juives. Avec mon père, j'ai suivi l'enseignement de l'école de la vie, il m'a appris qu'il fallait toujours conserver l'espoir mais que pour recouvrer nos libertés, il fallait toujours se battre. Avec ma soeur, on a subi l'influence des luttes contre le nazisme. De l'autre côté du Rhin, le nazisme a mis plus de cinq ans a s'imposer, alors qu'en France, Vichy a battu un record il a fallu à peine deux mois, les racines de l'antisémitisme étaient plus aiguës car les allemands ne réclamaient rien et les français ont tout cédé. La population scolaire a été aussi frappée que celle des parents, on était privé de piscine, on était privé de stade, on était privé de tramway, de cinéma. René Panaras l'a dit, Place Gambetta, le Régent était interdit aux chiens et aux juifs. [ Juliette Benzazon rappelle et aux noirs ] Bien sûr, on a évolué dans ce milieu, Vichy nous a imposé des structures dans lesquelles il était impossible de vivre, on avait plus de travail. En juillet 1941, mon père ne peut plus pratiquer son métier et il a dû fermer boutique. J'ai été élevé dans un milieu où on parlait Yiddish et russe, j'étais bon élève en français mais le directeur m'a refusé une bourse parce que j'étais juif. On a tous pris conscience de la nécessité de se battre contre la révolution nationale, on a entendu à la barre un témoin de moralité [ je dirai de moralité douteuse et académique ] dire que nous les juifs, nous nous sommes laissés prendre comme des moutons. Non, on s'est tous battus dans la Résistance, et quand je dis cela, je pense à Armand Benifla, à René Jacob qui était dans les maquis toulousains, je pense à Maurice Matisson qui était dans le maquis de Sistelle, je pense à un garçon qui a été un exemple, Samuel Schinazi, il a fait 22 mois de prison, issu d'une famille nombreuse, son père libérable est parti dans le convoi de novembre 1943, son père était le médecin des pauvres, il a été pris en otage par l'administration française. »



Le président Castagnède

[ ici croquis d'audience ]


« On verra ce point plus tard, avec le convoi de novembre. »


Michel Slitinsky « Absolument, je travaille depuis des années, des décennies, après la sortie de mon livre et de l'affaire Papon, j'ai travaillé avec les professeurs Esteve et Laborie à Toulouse Le Mirail, et j'ai accueilli bon nombre d'étudiants qui préparaient leur D.E.A. On pensait que je pouvais les instruire sur la déportation et la résistance.

Je voudrais revenir sur le sort des enfants de juillet 1942, j'ai rencontré beaucoup de familles, la famille Deyres qui a conservé le petit Vas dont les parents ont été déportés, et quand on vient le 19 août demander l'enfant, madame Deyres montre la lettre qu'elle a reçu de ses parents « voyez, j'ai reçu une lettre de ses parents, elle dit bien qu'on ne pouvait plus envoyer de colis ou de lettres, qu'ils partent vers une destination inconnue. », l'enfant était là, mais ils l'ont caché, ils ont dit qu'il était contagieux et qu'il était à l'hôpital des enfants. La police revient le lendemain, et disent que l'enfant ne s'y trouve pas, pendant ce temps, l'enfant avait été envoyé à Pessac. La famille Deyres montre alors un certificat médical, l'enfant a suivi une scolarité clandestine. Je pense à la famille Lourrier. Les Zuckermann ont recueilli le petit dont la famille a été déportée et se trouvait à Mérignac en même temps que ma soeur, les Zuckermann étaient des chocolatiers connus et ont recueilli l'enfant. »


Le président Castagnède " Madame Lourrier, quand a-t-elle été arrêtée ? »


Michel Slitinsky « En Juillet »


Le président Castagnède " Mais quand est-elle partie ? »


Michel Slitinsky « Elle n'est pas partie, elle était en soin, cette personne est restée en internement à l'hôpital Pellegrin jusqu'à la fin de la guerre. L'enfant est parti dans les Pyrénées et a été sauvé. Il est venu me voir à l'audience. Il habitait rue de la Rousselle et les voisins ont bien dit que c'étaient les policiers qui étaient venus chercher l'enfant. »


Le président Castagnède " Vous avez des pièces ? »


Michel Slitinsky « Non, je n'ai que des notes, mais Zuckermann vit en Israël. Il y a une autre famille, les Stopnicki, il a été difficile de retrouver madame Deyssieux, elle s'est mariée et a été veuve et a changé de nom. Elle habitait au lieu dit Bades à Salles, elle m'a raconté comment le garde champêtre est venu le 23 août, avec un ordre de la préfecture reçu à la mairie, il fallait ramener les enfants dans un établissement à Bacalan. Madame Deyssieux a voulu en savoir d'avantage et elle a été voir le maire, il lui a dit « ils vont aller dans un home d'enfants ». Le lendemain, ils sont partis en taxi, madame Deyssieux les a accompagné et contrairement à ce qu'elle a affirmé dans sa déclaration de 1947, elle a dit que la porte avait été ouverte par une fillette et non par des allemands, je pense qu'en 1947, elle a subi la pression des policiers pour dire cela. J'ai revu madame Deyssieux deux ou trois fois avec Thérèse [ Stopnicki ], elle a répété la même chose, on ne savait pas où on mettait les pieds et elle a vu madame Ferrera qui lui a dit « des enfants ont été noyés dans une baignoire ». A Bacalan, c'était à l'emplacement de l'entrepôt des mariniers. »


Le président Castagnède " J'ai fait des investigations sur le dossier (...) ils n'ont parlé que du fait que les enfants rejoignaient leur famille. »


Michel Slitinsky « J'ai rassemblé beaucoup de dossiers avant la procédure, énormément de dossiers. Par rapport à mon arrestation, je préfère parler des autres que de moi-même. »


Le président Castagnède " Oui, mais dans un procès d'assises, les parties civiles parlent d'eux-mêmes. »


Michel Slitinsky « Les français ont été arrêtés par des français. Je ne dois ma vie qu'à une dérobade, j'ai faussé compagnie par les toits et j'ai bénéficié d'un avis de recherche. J'en ai trouvé une copie dans la sous préfecture des Landes grâce à un ami historien. L'administration gardait la mémoire des victimes et les recherchait toujours. »


Le président Castagnède " Je voudrais montrer l'ordre d'arrestation » Il cherche la cote. « Vous n'avez pas parlé des coups de feu ? »


Michel Slitinsky « Oui, au moment où j'étais sur les toits, agrippé à une cheminée, j'ai pris beaucoup de précautions, je n'ai jamais entendu la voix gutturale des allemands comme l'a affirmé Papon, quand j'ai frappé les policiers avec un fer à repasser, ils sont sortis chercher une lampe dans le fourgon, s'il y avait eu avec eux des allemands, ils seraient revenus avec les policiers. Je ne me souviens plus combien il y a eu de coups de feu. Je sais que j'ai attendu deux heures et je n'ai jamais entendu la voix des allemands. Et quand ma soeur s'est trouvée rue du Maréchal Joffre, il n'y avait pas d'allemands non plus. Il n'y avait que Garat, pas de Feld gendarmes. Si les témoignages disent qu'il y avait deux Feld gendarmes, peut-être étaient-ils sur d'autres missions ? »


Le président Castagnède " Vous de l'endroit où vous étiez, vous n'avez pas vu d'allemands ? » Il montre à l'écran l'avis de recherche de Michel Slitinsky, signé Fredou.


Michel Slitinsky « Les avis de recherches étaient toujours accompagnés d'une lettre signée Papon adressée soit au SD soit à la police française comme on l'a vu pour le cas d'Ida Bar ou d'autres familles. Sur Ida Bar, je voudrais revenir sur son cas, il mérite qu'on s'y arrête. C'est un fait important. Ida Bar appartenait à un groupe de touristes argentins qui voyageaient sur la cote d'Azur. Il a dû regagner la frontière espagnole, les services diplomatiques leur avaient dit de passer la frontière à Urdos, le col était enneigé, on est le 12 novembre et il n'y a pas encore d'allemands, les douaniers ont fait descendre toutes les personnes et ont pris les passeports et ont arrêtés les personnes qui avaient un prénom juif. Ils ont été parqués à Burdos puis envoyé à Orthez et de là à Mérignac, ma soeur a sympathisé avec elle, elle était de Buenos Ayres. Sa famille était amie de la notre. Ida s'est retrouvée dans un état comateux et s'est retrouvé à l'hôpital St André puis à Pellegrin puis encore à St André. Mon beau frère est allé la voir mais elle était gardée nuit et jour. Cette nuit-là, ma soeur et mon beau frère ont participé à son évasion du 21 octobre avec la complicité d'une religieuse qui leur ont donné dix doses d'insuline. Gassiot s'endort, Ida s'habille en infirmière, et rejoint mon beau frère à l'église Ste Eulalie. Ils ont changé le look d'Ida ; lui ont donné une fausse carte d'identité et trois jours après, ils vont de la gare St Jean vers Lyon. Un ami l'a récupéré et la fait passer en Suisse et de là elle a rejoint l'Argentine où elle vivait toujours il y a trois mois. Monsieur le secrétaire général a demandé d'ouvrir une instruction à la fois contre Ida Bar et contre son gardien, monsieur Gassiot. Mais troublé par cette demande, le magistrat, le procureur a débouté le secrétaire général. Souvent les juges de Vichy ont désavoué les fonctionnaires de la préfecture à l'occasion d'excès de pouvoir. Michel Slitinsky cite encore un autre exemple, celui de la famille Foustet.


Le président Castagnède l'arrête. « Le non lieu évoqué a déjà été traité. Il n'a pas de relations directes avec ce convoi. Vous m'aviez saisi d'une demande de rectification de l'arrêt de renvoi pour rectifier une inexactitude, une erreur de date sur la libération de votre soeur. Vous avez raison, mais je n'ai pas le pouvoir de modifier une décision que je n'ai pas rendue moi-même. On ne peut pas donner une suite à votre requête. Mais il est clair que la libération de votre soeur est bien intervenue le 5 décembre. »


Michel Slitinsky « Je souhaite maintenant parler des radiations. »


Maître Levy l'interrompt « Je suis mal placé pour interrompre Michel Slitinsky et certains juges trouveront peut-être ma requête déplacée. Michel Slitinsky est très bien placé, il a beaucoup de choses à dire sur Papon, mais on a des thèmes et un calendrier à respecter. Je pense qu'il serait souhaitable que nous avancions mais que bien entendu lorsqu'on abordera tel ou tel thème, monsieur Slitinsky pourra intervenir. »


Michel Slitinsky « Je suis bien entendu d'accord avec cela. Mais je veux apporter une conclusion à mon témoignage. »


Le président Castagnède " Vous avez parlé de votre évasion, vous avez dit comment ont été découverts les documents. Vous êtes à l'origine de l'affaire, vous avez mené une enquête parallèle. Vous souhaitez parler des radiations, quand le ministère public en parlera, je vous ferai intervenir sur ce point. Vous avez parlé de votre évasion, vous avez parlé de votre arrestation, comment avez appris le décès de votre père. »


Michel Slitinsky « Fin 1945, on attend le retour des rescapés à la gare St Jean, nous nous n'avons plus d'espoir. Il n'y a eu qu'un seul retour, celui de madame Prigogine [Sylva, née à Kiev, Russie, le 08 novembre 1899 ], elle rentre sur une civière. Elle était partie dans le convoi du 26 octobre 1942. Il s'agit de la tante de Boris Sandler, bien qu'orthodoxe, on l'envoie à Drancy. Mais Drancy demande des explications à Bordeaux une fois, deux fois, il n'y a pas de réponse de Bordeaux et on l'envoie à Auschwitz. »


Le président Castagnède " Comment expliquer que madame Prigogine, non juive, soit déportée, pourquoi ? »


Michel Slitinsky « Elle est partie parce que le service des questions juives de la préfecture multiplie les inerties, beaucoup de personnes dans des conditions douteuses partent à Drancy. J'ai une question à poser à l'accusé, il dit qu'il demande à Drancy de s'occuper de les sauver mais le service des questions juives n'envoie aucun dossier. Drancy demande des informations sur Prigogine mais elle n'obtient aucune réponse, le seul cas où l'on trouve une intervention de Papon, c'est dans le convoi du 26 août, Albert Torres [né le 24 octobre 1900 à Bordeaux ]. Papon intervient pour demander à Drancy puis à Phitiviers, mais il ne le retrouve pas, il est morts et pourtant il est catholique. Il a été arrêté par la S.E.C., sur ordre du service des questions juives. Il y a aussi le cas de Carol Herbst [né le 11 août 1922 à Cernanti, Roumanie.], elle habite 43 rue David Johnson, à 30 mètres de chez l'accusé. Elle est arrêtée de façon curieuse, elle est catholique, adepte des coqs rouges, on lui demande des attestations incontestables des religieux, elle se retrouve dans le convoi du 8 juin 1943. Papon a 4 ou 5 mois pour intervenir et demander la libération de ce monsieur. C'est l'inertie, rien ne se passe, un autre élément, avec ces familles j'ai eu des contacts. Ils m'ont raconté, sauf avec les Herbst, ils sont tous morts. Torres est allé voir Marquet [ Le maire de Bordeaux ]. Un autre cas, les enfants Badour [ Lilianne, née le 10 juin 1924 à Biarritz ; Henri-René, né le 08 jan 1927 ; Armand, né le 11 février 1931 à Biarritz] , ils sont catholiques. Arrêtés le 11 jan 1944, ils sont jetés dans des wagons à Bayonne. Il y a quinze personnes dans ce convoi. Il est accroché au convoi qui part en janvier 1944. Ces enfants qui ont un grand-père aveugle, et une grand-mère cancéreuse, ils ne peuvent pas faire de demande. Une assistante de la Croix Rouge écrit à la préfecture le 15 jan, on lui répond le 15 février une lettre signée Papon, « il faut réunir toutes les pièces religieuses et visées par l'évêché, Voilà une curieuse démarche pour qui prétend que le service des questions juives faisait tout pour sauver les personnes. Quand on demande aux personnes, des enfants de se procurer des pièces religieuses et quand on leur demande de fournir des attestations signées de l'évêché, on les met deux fois en difficulté. On parle des familles, l'accusé les a attaqué de dénonciation calomnieuse. On a rançonné les familles, on les a spolié, j'ai un autre chiffre, il y avait 1900 m3 de biens saisis. Mais ce n'est pas l'essentiel. Nous sommes des gens tranquilles, combatifs, on attend beaucoup de la justice. Merci à vous de nous écouter. Nous aussi nous sommes autant malades que l'accusé. Nous voulons être entendus par le jury parce que nous convaincus que nous faisons un travail qui sert la mémoire et l'histoire. »


Le président Castagnède " Votre père a été déporté à Auschwitz le 6 novembre 1942, il est décédé le 13 novembre, c'est ce qu'indique un acte de décès de 1946. Vous vouliez poser une question à l'accusé, rappelez là. »


Michel Slitinsky « La veille du convoi du 26 octobre, la préfecture envoie un courrier à l'hôpital St André, désigne 6 grands malades et demande l'autorisation pour qu'ils se déplacent, sans tenir compte de leur état de santé ni de leur carence. Il y a deux grands malades cardiaques, je ne comprends pas comment la préfecture fait cette demande insolite et dramatique, alors qu'au même moment, Garat reçoit de Doberschultz l'instruction de ne pas interner les malades. »


Le président Castagnède cite les pièces.

Michel Slitinsky « Nous ne sommes pas des colis, pas des colis postaux qu'on envoie d'un endroit à l'autre. »


Papon « Michel Slitinsky sait très bien comme moi que la lettre a été signée par Chapel et que je suis étranger à cette opération. J'ajoute que malgré cette circonstance, Garat n'est pas resté inerte. Il a acquis de Doberschultz la possibilité de ne pas interner ces dix personnes. »


Maître Klarsfeld « Il existe une note du SIPO SD envoie à toutes les SIPO SD régionales du 6 octobre les personnes alitées doivent être remises à des organismes caritatives juives ou a des familles juives françaises, un chef de cabinet n'a aucun pouvoir, surtout pas de faire transférer des juifs malades sans en référer à la préfecture ou au service des questions juives. »


Michel Slitinsky « Je m'associe à la déclaration de Maître Klarsfeld, il y a beaucoup de lettres à en-tête du service des questions juives avec souvent d'autres signatures à la place de Garat. Mais Papon ne peut pas s'exonérer de sa responsabilité. Il a autorité sur le service des questions juives. »


Le président Castagnède " Le rédacteur, c'est Garat, c'est lui qui tient la plume, quelles informations détient Garat ? Je suppose Papon que ce sont les allemands qui demandent de le faire. Pourquoi avant le 25 octobre 1942 les interne-t-on ? Et le convoi part le lendemain, le 26. Le rédacteur est Garat, c'est lui qui tient la plume. Je reviens sur la réponse de Papon, on ne va pas revenir sur le problème des signatures, des délégations et des responsabilités, on en a assez parlé. Papon, on attend votre réponse. »


Papon répond à son habitude n'importe quoi, et de préférence à côté de la question.


Le président Castagnède " La lettre est postérieure à la nuit du 19 au 20, on a l'accord de laisser hospitaliser les gens. La mère de la partie civile en est un bon exemple. Et après le 20, le 21, le 22, la date n'est pas très lisible, dans une lettre signée Bourru-Lacouture, on demande l'arrestation des grands malades. C'est cela l'analyse exacte de ce document. Vous n'avez pas en mémoire d'explication. »


Papon « Je n'ai pas de souvenir la dessus. »


Le président Castagnède " Cela illustre le même processus que pour un autre convoi. D'un côté, on obtient 7 exemptions et les allemands exigent 7 arrestations au fort du Hâ. Ici, c'est pareil, on exempte 7 malades et de l'autre côté, on en arrête autant. »


Papon « ... »


Maître Levy « Vous dites que vous n'avez pas de compétence sur la police, que seul le préfet régional à le pouvoir alors qu'on a vu que vous signez des ordres. Si seul le préfet régional a des pouvoirs de police, alors pourquoi Bourru-Lacouture signe-t-il ? N'est-ce pas contradictoire avec vos affirmations ? »


Papon « Le maître à son habitude dit n'importe quoi. »


Maître Favreau « J'ai une question à poser à la partie civile. Je rappelle ce qu'a dit madame Deyssieux, elle avait à ramener les enfants. Quelle était à l'époque la politique ? On peut dire n'importe quoi. L'anachronisme n'est le seul domaine des parties civiles comme on voudrait le faire croire. Laval à son retour d'Espagne, en 1945, je rappelle qu'il a été fusillé en 1945. Il parle et ce qu'il dit est à son crédit, il est sous la menace d'une peine de mort. Laval dit cela pour se justifier « j'ai montré comment j'ai sauvé les juifs, j'ai tenté de les sauver, j'ai tenté notamment de protéger les parents ». Ce discours est bien actuel dans cette cour d'assises. « J'ai agi ainsi pour tenter de sauver les nationaux. » »


Michel Slitinsky « Il faut rappeler que le jury d'honneur a écrit de façon fallacieuse que Papon a sauvé beaucoup de juifs français. Si on tire des statistiques avec 49 % Papon bat le record national qui est de 27 %. Je pense aussi que la préfecture n'a pas pris le soin de prévenir les sous préfectures des landes et de Bayonne de la note de la SIPO SD. Les vieillards sont des reliquats des rafles de juillet, on n'arrête que les juifs de 16 45 ans, et maintenant on arrête les vieillards. Madame Ferrera demande une aide de secours à Garat pour aider les vieillards affamés. Garat répond non et se vante d'avoir refusé, il dit « je n'ai pas donné une boîte de sardine, pas une barre de chocolat. ». Un autre exemple, Monsieur Levy de nationalité turque est déporté malgré sa nationalité. Madame Levy intervient, elle essuie un refus. Un autre exemple, une personne de Savoie est arrêtée, la sous préfecture demande une aide, la personne est rançonnée 7 000 Francs, elle s'est suicidée à Drancy. Ces démarches ont essuyé des refus. Alors comment peut-on dire qu'on aide quand on entreprend de telles démarches. On arrête les enfants, on arrête les vieillards, le service des questions juives ne tient même pas à jour ses effectifs comme le ferait n'importe quelle société pour ses stocks. »


La suite prochainement.




 


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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