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date dernière modification : 22/07/02

Chronique du 17 Février 1998

Maître Touzet " le service des questions juives est bien au coeur du processus "

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Aujourd'hui, on a vu la cour jongler avec deux des experts qui avaient été chargés lors de la première instruction, d’une étude historique. Comme l’instruction a été annulée, il est a priori interdit d’en parler. La cour, le ministère public et les avocats des parties civiles se tiennent à la règle, mais ni la défense qui a depuis longtemps choisi de parler du dossier interdit, ni les témoins qui témoignent à ce sujet ne sont tenus par cette règle. Cela donne aux débats un certain décalage. C’est tout d’abord, Jacques Delarue, avant d’avoir une attaque, qui fait une déposition assez morne, genre Henri Amouroux, on ne savait rien, les temps étaient durs, la débâcle, l'exode vers le sud, les réfugiés, la paralysie, le million et demi de prisonniers... La ressemblance est d’autant plus grande, que comme Amouroux, Delarue était un acteur de l’époque. La ressemblance est d’autant plus grande, que comme Amouroux, Delarue, après avoir affirmé qu’il n’était que comptable de la police, il finit par avouer sous la pression de Gérard Boulanger et d’Arno Klarsfeld qu’il était finalement garde mobile, assez actif pour avoir participé à la grande rafle de Marseille. Son objectivité historique s’en trouve pour autant entachée. Son rapport est-il du même goût que son témoignage ? Un slalom pour justifier Papon, en prenant garde de ne pas parler de ses propres actes. Alors, qui est Jacques Delarue ? Un pseudo historien, un pseudo expert ou un vrai policier sous l'Occupation. C'est auquel de ces trois titres qu'il participa à la grande rafle marseillaise de février 1943 ? Son malaise arrivera quand Maître Klarsfeld lui demandera " Voler des boîtes de sardines, du thon et du chocolat, est-ce que ce sont là vos actes de résistance ? 

Le deuxième expert est beaucoup plus intéressant et honnête, il précise d’entrée de jeu qu’il n’est pas spécialiste de la période, mais spécialiste du droit médiéval. Malgré tout, il évoque le travail des trois experts, relève l’exception bordelaise. Abordant le problème des radiations, il parle d’un document oublié par l’instruction actuelle de l’aveu même du président Castagnède, jette la confusion sur les thèses de la défense au sujet des radiations du fichier juif. Cette déposition dément formellement les mensonges de Papon qui fanfaronnait avoir rayé des noms du fichier fin 1943, début 1944 et avoir saboté les listes des " déportables " avant le 13 mai 1943, notamment durant l'année 1942, il affirmait que c'était du ressort des Allemands...

André Gouron explique que si on trouve trace de cent trente interventions de Papon, on ne sait pas qui, en amont, en a pris l'initiative et quels en étaient les motifs. Et si elles ont, en aval, été suivies d'effet. En confirmation des propos d’André Gouron, les avocats des parties civiles disent qu’un certain nombre de radiés ont été déportés.

Deuxième coup de poignard à Papon, son témoin, affirme que contrairement à ce que disait l'accusé de crime contre l'humanité, le secrétaire général de la préfecture de la Gironde était parfaitement habilité à requérir les forces de l'ordre. Il cite à l'appui l'ordre de transfert des juifs, du camp de Mérignac à la gare Saint-Jean, signé par Papon le 8 août 1942. Maître Varaut et sa troupe sont pétrifiés, mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. Leur témoin parle du fichier, à partir duquel, les juifs étaient arrêtés. Il confirme les analyses de Maître Lévy, il en existait trois, celui de la Gestapo, celui de la SEC (section d'enquêtes et de contrôles du commissariat aux questions juives) et celui de la préfecture. Mais il affirme que les listes préfectorales étaient plus complètes. Et c'est pour cette raison que la Gestapo les réclamait. Les débats l'ont montré, elles lui ont bel et bien été fournies.

Enfin, c'est le coup de grâce. Comme Maître Zaoui l’a bien montré Papon travaillait en couple et en parfaite osmose avec Sabatier, le témoin, André Gouron parle lui, d'un travail spontanément mené en équipe et de hiérarchie teintée d'esprit d'équipe.

L’audience commence par une intervention de Maître Touzet

[ ici croquis d'audience ]

" Suite à l’audience d’hier et à celle de jeudi dernier, je souhaite verser deux pièces de l’ancien dossier. Suite à la déposition de madame Allaire, monsieur Daubignon, des services de l’état écrit à la préfecture et l’informe du taux remarquablement élevé de la mortalité, sur 112 déportés politiques convoyés à Auschwitz. " Maître Touzet pose plusieurs questions à l’accusé de crime contre l'humanité, celui-ci reste coi. " Le préfet de la Gironde ne pouvait ignorer, le gouvernement lui a attiré l’attention, vous ne pouviez ignorer la solution finale. Cette fois, il s’agit d’un courrier du gouvernement. "

Papon " Je ne connais pas ce courrier. "

Maître Touzet " Je m’étonne, il est au dossier. "

Le président Castagnède " Pourtant, il fait partie des pièces restituées aux parties civiles. "

Maître Touzet " Je verse une deuxième pièce, elle est d’Adrien Marquet. C’est le chaînon manquant. Adrien Marquet, maire de Bordeaux est président de la commission administrative des hospices, il adresse une lettre à la préfecture régionale, service des questions juives, suite à votre lettre de février 44, suite à votre demande de listes, etc. On voit bien d’où vient la demande de listes. Cela contredit les propos de Papon. On a l’impression que la mairie taxée de collaborationnisme freine des quatre fers à la demande de la préfecture, service des questions juives. Deuxième observation, on voit sur la liste fournie, les noms de Naxarra, Weill, Benzacar, Salomon, Khan, etc. On va retrouver ces noms dans les convois. Cela prouve qu’ils ont bien été internés à Mérignac sur ordre du service des questions juives. L’accusé a-t-il des commentaires à faire ? "

Papon répond à côté, " c’est une pièce nouvelle, pour moi Maître Touzet a raison de mettre le conditionnel aux suppositions gratuites qu’il a faites. "

Maître Touzet " Mais au delà de la forme, c’est bien le service des questions juives qui enjoint la mairie de Bordeaux de fournir des listes, on a bien les mêmes noms. "

Papon " Ce n’est pas un fait nouveau, il faut se reporter à la lettre du 16 février signée Dubarry, il n’y a rien de nouveau, on a vu comment cela se passait. "

Maître Touzet " Non, il n’y a rien de nouveau, le service des questions juives est bien au cœur du processus. "

Papon " C’est le clou de votre démonstration, depuis trois mois, vous enfoncez un clou rouillé. "

Maître Touzet " Rouillé ou pas rouillé, le clou est bien existant. "

Papon " La lettre est adressée au préfet. "

Maître Touzet " Non, à votre service, le service des questions juives "

Papon " Non, il a peut-être été arrêté par le préfet régional. "

Maître Touzet " Non, il est adressé par vos soins au service des questions juives "

Papon " Le courrier est trié par le cabinet... "

Le chœur des avocats des parties civiles " C’est faux, vous avez vous-même dit que c’est vous qui triiez le courrier. "

Le président Castagnède " Cette pièce, Papon, ne constitue-t-elle pas la preuve que les instructions des allemands sont exécutées par votre service et suivies d’effet "

Papon " Je suis formel, les listes ne sont pas transmises aux allemands "

Le président Castagnède " Qu’est-ce qui vous permet d’être formel ? "

Papon " Mes souvenirs. Je voudrais ajouter ceci, ces personnes, Naxarra, Weill, Benzacar, Salomon, Khan ont bien été arrêtées par la police, mais sur instructions des Allemands. " A l’appui, il cite une lettre du camp de Mérignac.

Maître Levy " Oui, mais c’est sur instructions du service des questions juives. "

Maître Varaut " Non, c’est à la demande du directeur du camp de Mérignac. "

Maître Touzet " On est d’accord, ce ne sont donc pas les Allemands. "

Maître Varaut " Le directeur en a reçu l’ordre des allemands. "

Le président Castagnède " En tout cas, on avance sur la connaissance du processus. " la discussion sur la pièce continue, un téléphone sonne dans la salle d’audience...

Arrive maintenant le moment de l’audition des témoins du jours, le procureur général Desclaux "  Je voudrais faire à cet instant un bref propos liminaire. La défense a cité comme témoin, Jacques Delarue et André Gouron, je demeure attaché aux droits de la défense. Mais les deux témoins sont liés à la précédente procédure, ils ont établi un rapport à la demande du magistrat instructeur. Je rappelle que la procédure a été annulée, le rapport se trouve donc frappé de la même annulation. Je rappelle l’article 174. " Il le cite. " Il est interdit de tirer aucun renseignement de pièces annulées sous peine de poursuites disciplinaires, pour ma part, je m’y tiendrai. Je m’abstiendrai d’y faire référence et de poser des questions à son sujet. ".

Maître Varaut réplique " messieurs Gouron et Delarue, eux, ne sont pas frappés d'interdiction. Le rapport d’expertise n’est pas annulée, c’est l’ensemble de la procédure qui a été annulée. Je rappelle qu’à l’instant la partie civile a citée des pièces de ce dossier. "

Le président Castagnède " Maître Varaut j’interviens pour rappeler que ce sont les actes qui sont annulés, pas les archives... "

Maître Varaut " Je suis d’accord avec vous, mais on connaît les archives... "

Maître Boulanger " Je tiens à rectifier deux inexactitudes factuelles de Maître Varaut, c’est l’audition de Sabatier lors du jury d’honneur qui provoque l’annulation du dossier, c’est la date originelle. " Sabatier avait dit à l’époque qu’il assumait l’entière responsabilité des arrestations à Bordeaux. " Messieurs Gouron et Delarue ont été cités par Papon dans l’affaire Papon Nouvel Observateur, c’est extrêmement rare de voir deux experts témoigner en faveur d’une partie. "

Enfin, arrive Jacques Delarue, 78 ans, Commissaire divisionnaire honoraire.

[ ici croquis d'audience ]

" Je demande de pouvoir lire des documents. "

Le président Castagnède lui rappelle qu’il ne peut pas se servir de papiers, sauf pour se rappeler une date...

Jacques Delarue " J’ai d’abord  un reproche à faire à Maître Varaut, c’est d'avoir publié notre rapport sans en avoir demandé la permission ". " Nous nous sommes retrouvés experts de la défense. Or nous avons fait des recherches impartiales. " André Gouron fera plus tard la même observation.

Jacques Delarue " Je suis l’auteur d'une histoire de la Gestapo traduite en dix-huit langues, bientôt en chinois, je suis collaborateur du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) " Le témoin retrace le panorama de la France de 1940, comme l'avait fait avant lui, Henri Amouroux : la débâcle, l'exode vers le sud, les réfugiés, la paralysie, le million et demi de prisonniers... " Quelle que soit la forme des gouvernements en place, sur le terrain, ce sont toujours les fonctionnaires des pays occupés par les Allemands que l'on a fait agir. " " Tout le monde vivait sous la contrainte et dans la crainte (...). Les Allemands étaient les seuls maîtres des camps. Il n'y avait pas de sorties sans leur autorisation. Ils étaient les maîtres des juifs. " " l'administration bordelaise a cherché à gagner du temps, l'intendant régional de police Duchon avait noué des contacts étroits avec la police allemande, hors contrôle préfectoral. Le commissariat général aux questions juives travaillait beaucoup plus pour les Allemands que pour Vichy ". Après avoir oublié d’évoquer le rôle de l'accusé, il conclut : " Les fonctionnaires très subalternes pouvaient désobéir, mais plus on montait dans la hiérarchie, plus c'était difficile. Tout le monde devait s'incliner, finissait par s'incliner. "

Maître Boulanger pose plusieurs questions. " Vous avez écrit que les rafles de juifs avaient été exécutées par le commissariat général aux questions juives et non par la police et l'administration française ? "

Jacques Delarue " Ce n'est pas très juste en effet "

Maître Boulanger " Vous avez dit que vous aviez été témoin de la rafle de janvier 1943 à Marseille... "

Jacques Delarue " Je suis entré dans la police en 1942 à vingt-deux ans comme gardien de la paix stagiaire, arrêté en février 1944, révoqué puis réintégré à la Libération j’étais comptable dans l'unité qui fut dépêchée de Limoges à Marseille. La brutalité des Allemands, entrevue alors, m'a poussé à agir plus activement en faveur de la Résistance. "

Maître Boulanger rappelle que Jacques Delarue a notamment écrit un ouvrage sur la Gestapo dans lequel il célèbre comme un succès les accords entre le SS Oberg et son patron de l'époque René Bousquet.

Maître Klarsfeld revient sur sa participation à la Résistance, " Elle n'est pas absolument établie, même si vous avez été arrêté puis révoqué, en 1944. Vos états de service sous Vichy vous ont permis de justifier votre penchant éditorial pour l'histoire de cette période. "

Maître Lévy revient sur les propos de l’historien d'occasion qui avait affirmé que les forces de l'ordre de Vichy avaient été activées directement par les Allemands, il réclame des exemples. Delarue reste coi. Il doit même convenir qu'il n'y a pas trace d'une pareille situation à Bordeaux.

Papon " Je proteste vigoureusement "

Le président Castagnède " Je rappelle que c’est un acquis des débats, en juillet 1942, l'accusé a signé une note de service indiquant que toute correspondance et relation entre les services français (y compris la police) et l'occupant doivent transiter par lui ". C’est ça l’exception bordelaise ?

Maître Klarsfeld reprend : " Quel était votre rôle exact dans la police française en 1943 ? "

Le témoin ne veut pas répondre.

Maître Klarsfeld insiste.

Jacques Delarue " Je vous laisse le soin de répondre pour moi "

Maître Klarsfeld " Dans les archives de la préfecture de Limoges, on trouve trace d'une enquête contre Jacques Delarue et deux autres gardiens de la paix, accusés d'avoir dérobé des vivres. Voler des boîtes de sardines, du thon et du chocolat : est-ce que ce sont là vos actes de résistance ? "

Jacques Delarue " Je voudrais qu'on me donne acte de ces propos, coupe Jacques Delarue. Je m'y attendais. Cette entreprise de diffamation dure depuis trop longtemps. Vous auriez dû aller plus loin dans vos recherches. " ma condamnation a été annulée en 1945 et j’ai été réintégré dans la police. Au début 1944, j'ai volé des aliments pour un réfractaire au service du travail obligatoire (STO) qui est entré au maquis. Je vais poursuivre Maître Klarsfeld. "

Le président Castagnède " Vous vous sentez mal ". Il demande à un médecin, présent à l'audience d’examiner l'état de santé du témoin.

Le médecin, après avoir prêté serment et examiné le témoin " En raison de son état cardiaque et tensionnel Jacques Delarue donne des signes de stress et de fatigue évidents. "

Maître Zaoui demande de faire revenir le témoin. Mais après discussion et précisions demandées au médecin, son audition n'est possible ni plus tard dans la soirée, ni le lendemain.

Soudain, Maître  Varaut bondit " Je souhaite dire vraiment quelque chose de significatif et d'extrêmement grave, monsieur le président. Ce témoin, bien qu'atteint par deux affections graves, a eu le courage de venir. Il a été harcelé par des avocats de parties civiles. On l'a délibérément outragé pour provoquer une émotion telle que je suis privé de pouvoir l'interroger à mon tour. De même qu'on pratique une pression intolérable et des outrages médiatiques sur cette cour, on vient intimider un témoin. La défense récuse ce genre de procédés. On veut provoquer une condamnation par intimidation. Je regrette que vous ayez laissé faire, que vous ayez laissé la parole aux avocats des parties civiles. "

Puis arrive le deuxième expert, André Gouron, 66 ans, professeur de droit, " A Bordeaux, insiste-t-il, la police allemande est omniprésente et la section d'enquêtes et de contrôle (SEC) du commissariat général aux questions juives, rivale de la préfecture, soumise à un antisémitisme évident, qui relève de la folie. Dans ce contexte, la préfecture a au plus peur ou elle se tient à l'écart " " Le secrétaire général paraît avoir disposé de pouvoirs en matière de gendarmerie, mais pas de police. " " Sa marge de manœuvre était très faible. Un secrétaire général à l'époque est tout à fait inférieur au préfet. " " Ce serait une erreur de raisonner en spécialiste de droit public. Les circonstances de la guerre rendaient caduc l'organigramme".

Maître Blet revient sur la défense selon qui Papon aurait sauvé des juifs. " Souvent l'accusé se réfère au travail des experts, qui fait état de 130 radiations. "

André Gouron " Il ne faut pas commettre d'erreurs. Ce sont des demandes de Papon. On ne sait jamais si cela a été suivi d'effets. " Puis il continue "  Le secrétaire général de la préfecture de la Gironde était parfaitement habilité à requérir les forces de l'ordre. " Il cite un document, l'ordre de transfert des juifs, du camp de Mérignac à la gare Saint-Jean, signé par Papon le 8 août 1942. Le témoin cite un autre document qui prouve " qu’à partir du 13 mai 1943, la Gestapo enlève à la préfecture de la Gironde tout pouvoir en matière de radiations. Ce qui veut dire, primo, qu'avant cette date le service des questions juives avait toute responsabilité d'effacer des noms du fichier. Secundo, que les personnes qui ont été exonérées de la déportation après cette date ne doivent rien à la préfecture. "

Le président Castagnède s'étonne qu'il n'y ait aucun document à ce sujet au dossier, mais relève qu'effectivement on ne trouve trace que d'une seule intervention de Maurice Papon, après décembre 1943. " Je n'ai pas cette pièce "

André Gouron " Vous ne l'avez pas ! Mais elle est aux archives de la Gironde ! " " Le préfet régional, Maurice Sabatier avait, avant la décision de l'occupant, une certaine marge de manœuvre en matière de radiations. Le secrétaire général sans doute aussi. Mais le chef du service des questions juives, lui, n'en avait aucune. " " Il semble qu'avant mai 1943 la préfecture a le pouvoir de procéder à des radiations sans le consentement des Allemands. Est-ce qu'il y avait cependant une marge de manœuvre ? Et qui l'avait ? A mon avis, il n'y avait guère que le préfet ". Le témoin jette la confusion sur les thèses de la défense au sujet des radiations du fichier juif. Cette déposition dément formellement les mensonges de Papon qui fanfaronnait avoir rayé des noms du fichier fin 1943, début 1944 et avoir saboté les listes des " déportables " avant le 13 mai 1943, notamment durant l'année 1942, quand affirme-t-il, c'était du ressort des Allemands...

André Gouron explique que si on trouve trace de cent trente interventions de Papon, on ne sait pas qui, en amont, en a pris l'initiative et quels en étaient les motifs. Et si elles ont, en aval, été suivies d'effet. En confirmation des propos de André Gouron, les avocats des parties civiles disent qu’un certain nombre de radiés ont été déportés.

Deuxième coup de poignard à Papon, son témoin, affirme que contrairement à ce que disait l'accusé de crime contre l'humanité, le secrétaire général de la préfecture de la Gironde était parfaitement habilité à requérir les forces de l'ordre. Il cite à l'appui l'ordre de transfert des juifs, du camp de Mérignac à la gare Saint-Jean, signé par Papon le 8 août 1942. Maître Varaut et sa troupe est pétrifiée, mais elle n'est pas au bout de ses peines. Son témoin parle du fichier, à partir duquel les juifs étaient arrêtés. Il confirme les analyses de Maître Lévy, il en existait trois, celui de la Gestapo, celui de la SEC (section d'enquêtes et de contrôles du commissariat aux questions juives) et celui de la préfecture. Mais il affirme que les listes préfectorales étaient plus complètes. Et c'est pour cette raison que la Gestapo les réclamait. Les débats l'ont montré, elles lui ont bel et bien été fournies.

Enfin, c'est le coup de grâce. Comme Maître Zaoui l’a bien montré Papon travaillait en couple et en parfaite osmose avec Sabatier, le témoin, André Gouron parle lui, d'un travail spontanément mené en équipe et de hiérarchie teintée d'esprit d'équipe.


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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