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date dernière modification : 22/07/02

Chronique du 16 décembre 1997

« Paris, Rafle du Vel d'Hiv 40 % de succès. 

Bordeaux - Papon 73 % de réussite. »

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Maître Klarsfeld « Monsieur le président, je vous ai demandé, hier de montrer les photos de madame Gheldmann, je vous ai demandé hier de lire les noms de toutes les victimes de cette rafle de juillet. Vous n'avez pas voulu et j'ai eu pour vous des paroles très dures et je regrette de les avoir tenus. Mais, c'était parce que je ne comprends votre refus. Montrer ces photos, lire ces noms, c'est extraire de la mémoire, de l'ignominie ces personnes déportées par Papon et exterminées à Auschwitz. » Le président Castagnède « Hier, il est clair Maître Klarsfeld que vous m'avez dit, je l'ai gravé dans mon esprit, « Pour vous, monsieur le président, il y aussi des juifs intéressants. » Ce sont des paroles outrageusement inacceptables. Vos regrets viennent à point, à temps. Mais je vous le dis, je ne sais pas si je le prendrai toujours sur moi. Je ne sais pas si j'attendrai une nuit. » On note peut-être pour la première fois, une note d'émotion dans la voix du président. Bien que à y bien réfléchir, ce n'est pas sans une certaine émotion qu'il évoque la mémoire de nos disparus. Ou à défaut d'émotion, en tout état de cause, une grande dignité et un profond respect. Le président Castagnède explique les raisons pour lesquelles il n'a pas voulu montrer les photos. Dit qu'il n'a pas voulu casser le fil de l'interrogatoire de Papon. Qu'il n'a pas voulu briser l'élan des révélations que détenaient les documents. Enfin, que monsieur Gheldmann n'était qu'un témoin et qu'en tant que tel, il ne pouvait pas le laisser montrer ses photos. Il est clair à cet instant que les parties civiles pourront elles montrer leurs photos. Du moins me semble-t-il. Je trouve la différence que fait le président Castagnède entre monsieur Gheldmann et nous un peu spécieuse ou techniquement incompréhensible. En effet, qu'avons-nous de plus ou lui de moins ? Quant à l'idée d'Arno Klarsfeld, elle me semble tout à fait naturelle. Transformer ce tribunal en mémorial quelques instants, lire les noms des victimes, voilà qui me semble indispensable. Et qu'on ne nous dise pas que nous perdrions du temps. Lire le nom des 1560 victimes de Papon, c'est en gros la moitié du temps que nous fait perdre Maître Varaut à chaque début d'audience. Enfin, et j'en aurai terminé de mes réflexions, nous avons estimé au sein de la famille qu'il était important de montrer nos photos jaunies par 55 ans d'oubli national, pas tant pour les montrer à Papon le Golem de ces lieux, que pour montrer au jury ce qu'est une famille brisée pulvérisée par l'extermination de la moitié des siens, mères, pères, oncles, tantes, grand-mère et enfant. Maître Varaut revient sur les propos tenus hier par nos avocats sur la falsification des nationalités. Il prétend que la liste présentée hier a été établie en 1948 à la demande de Stienne juge du procès Dehan. Il demande l'audition de Bergès et du général Stienne et enfin accuse les parties civiles de forfaiture. Brouhaha dans la salle. Le président Castagnède « Ce ne sont pas de nouveaux documents, ils sont au dossier. Chaque partie civile a amené ces listes. Moi, j'ai travaillé sur d'autres documents. Voici un document, la liste des femmes déportées. « Etat des juifs Femmes » et voici un autre document « Etat des juifs Hommes" » (...) Ce document reprend l'état civil de toutes les femmes déportées. Sur la liste on voit le numéro 54 rayé et noté à la main, malade. Plus loin dans la liste un autre nom, le numéro 74 rayé aussi et noté malade. » Il en est de même sur la liste des hommes qu'il montre à l'écran. « Papon, est-il concevable que ce document identique à celui de Maître Varaut soit issu d'une commission rogatoire. Reconnaissez-vous Papon cette écriture ? » C'est celle de Garat dit Michel (Slitinsky). Papon « Non je ne sais pas. » Le président Castagnède « Est-il concevable, Papon de considérer que c'est un document de travail pour faire le triage des juifs au camp de Mérignac par Garat sous votre couvert ? » Papon « ... » Le président Castagnède « Peut-on concevoir, Papon, que quelques années plus tard, des officiers de police, d'une commission rogatoire, dont je rappelle les grandes difficultés qu'ils ont eu pour faire leur travail, de noter un nom et en se ravisant, de le rayer pour noter à la main malade ? » Maître Varaut « Vraisemblablement pas. Mais pourquoi écrire sur l'en-tête du document faisant partie du convoi. » Maître Varaut utilise cet argument pour dire qu'on parle au passé. Le président Castagnède « Je montre un autre document, avec un nom rajouté à la main, il s'agit d'une personne habitant Anvers, il est dit nationalité polonaise. Peut-on concevoir quelques années plus tard, qu'un officier se soit trompé ? Non, ces deux documents, on le voit clairement, sont des documents de travail. » Maître Varaut « Je reconnais que vous avez raison, mais rien ne dit que c'est Garat, l'auteur. » Le président Castagnède « Quelles sont vos observations, Papon ? Qu'en pensez-vous ? » Papon « Je suis incapable de vous aider. Ce sont des listes que je vois pour la première fois. Je ne reconnais pas l'écriture de Garat. » Le président Castagnède « Il y a une chose qui paraît évidente. Ces listes qui ont été modifiées, raturées avec ajout de noms, sont bien contemporaines des faits. » Papon n'est pas d'accord. Il trouve une certaine ressemblance avec les pièces de 1947. Le président Castagnède « Comment aurait-il su celui qui faisait cette commission rogatoire, que telle ou telle personne était malade ? » Maître Varaut « Si la liste est contemporaine, alors elle est établie après le départ des convoi. » Le président Castagnède « Non, forcément après les arrestations mais avant les départs. » Papon « C'est peut-être la copie d'un original ? » Le président Castagnède « Oui, mais dans ce cas, d'où vient l'original ? » Maître Favreau « Mon seul souci est la manifestation de la vérité. Je déplore que nous parlions depuis 45 minutes parce que la défense veut répondre à des plaidoiries qui remettent en cause ce que son client a dit la veille. Toutefois, la défense tourne à sa propre confusion. Je dis donc que ce n'est pas une forfaiture de la défense, mais plutôt que c'est involontaire. Car comment appeler autrement le geste d'un défenseur qui tourne à la confusion de son client ? Mon seul souci est la manifestation de la vérité, (...) » Maître Favreau qui connaît sur le bout des doigts les dossier d'après guerre, Luther et Dehan explique qu'à cette époque la merveilleuse invention de Xerox n'était pas encore née. Les greffiers recopiaient les documents et celui qui a recopié les listes ne s'est pas amusé à recopié des noms rayés. Il constate que l'insulte ne vient pas du côté de la barre que la défense montre et que s'il y insulte, il faut regarder du côté de la défense. Maître Klarsfeld « Sur les listes qui figurent dans le mémorial, on voit les mêmes noms mais toujours sans leur vraie nationalité. C'est bien pour gonfler les convois que l'on trafiquait les nationalités à Mérignac. » L'avocat général Robert « Monsieur le président, je voudrais dire que sur ce point, nous avons cinq types de listes. 1°) Les listes des israélites arrêtés dans la nuit du 15 au 16, on y voit toujours les hongrois. 2°) Les listes des internés le 16 juillet signées par le directeur du camp de Mérignac, monsieur Rousseau, là encore, ils sont hongrois. Et soudain, on voit le 3° type de listes, celles des déportés, nous nous apercevons que quelques soient les listes que nous prenons la nationalité disparaît. C'est bien la preuve que Maître Klarsfeld a raison, cela a lieu à Mérignac. Sur une liste, nous voyons Yunger Lazare, né le 26 5 1900 à Kalinsky en Hongrie. Il se retrouve dans une autre liste apatride, puis polonais. » Maître Boulanger « Monsieur le président, je le dis depuis le début, la défense use de tous les moyens pour nous troubler. L'incident est donc clos. Et Maître Favreau et l'avocat général Robert ont raison. La vérité est dite. Il n'est pas besoin d'enfler la voix et de dire d'aussi gros mots que forfaiture. La plupart de nos documents viennent de Bergès. Mais que Bergès ait changé de camp ne veut pas dire que la vérité ait changé de camp. La réalité, les faits, c'est que madame Gheldmann était hongroise et qu'elle a été déportée en tant que polonaise alors qu'elle n'aurait pas dû l'être. Elle est déportée polonaise pour son plus grand malheur. » Maître Varaut intervient, puis Maître Lorach « On a l'impression quand on entend Maître Varaut qu'on ne regarde pas le même film. Un exemple concret, c'est madame Rey, catholique qui a été sortie des rangs pour gonfler les chiffres et atteindre le quota de 70. Heureusement, elle s'en est sortie par miracle et est rescapée. Arrêtons de dire n'importe quoi. Garat sous les ordres de Papon est un fonctionnaire zélé au service des nazis. » Maître Klarsfeld confirme les propos de Maître Lorach en lisant un témoignage de Techoueyres qui dit que Garat fait un deuxième tour pour combler les listes de déportés. Le président Castagnède donne enfin la parole à l'avocat général pour qu'il poursuive son interrogatoire. En rappelant à l'attention des jurés que ce n'est pas parce qu'on s'interroge sur des documents qu'on s'interroge pour autant sur les personnes concernées. L'avocat général Robert « Je reviens sur la constitution des listes de juifs. Les S.S. demandent à Garat de les constituer. Ce que semble prouver le fait que lorsque le directeur du camp de Mérignac envoie les listes de juifs dont le conjoint est aryen, c'est bien le service des questions juives qui s'en occupe. Garat demandant même à mademoiselle Gorge de vérifier l'exactitude des faits. Pourquoi faire ses vérifications ? A quelles fins ? » Papon « On a déjà discuté de cette liste. Cette liste est demandée au directeur du camp, monsieur Rousseau, pour faire des vérifications afin de préparer les négociations avec les allemands. Je ne vois que cette interprétation. » L'avocat général Robert « Je vois une autre explication plus plausible. Garat demande au directeur du camp de Mérignac les listes de ceux qui répondent aux critères allemands et de ceux qui n'y répondent pas. » Papon « Oui c'est possible » L'avocat général Robert « C'est donc pour mieux préparer les listes de déportation. Je souhaite montrer un autre document éclairant. « Mérignac le 4 juillet 1942 le directeur du camp de Mérignac à Garat chef du service des questions juives préfecture. Comme suite à l'entretien du 3 courant relatif à la constitution des listes. J'ai l'honneur de vous envoyer une liste (...) dont la situation au point de vue juif est douteuse. Signé Rousseau » Papon « Ce fut une manoeuvre bienfaisante. » L'avocat général Robert « Vous parlez de la liste dont la situation au point de vue juif est douteuse, c'est la précédente. Mais on demande aussi la liste des juifs qui répondent aux critères allemands, pourquoi ? » Papon « Garat fait son métier pour sauver des juifs. C'est les allemands qui remplissent les listes. » L'avocat général Robert « Moi, je m'étonne que le directeur du camp de Mérignac fasse état d'une discussion avec Garat, on est le 3 juillet. Or, on vous demande le 2 juillet de ne rien faire, de ne rien promettre ? » Papon « Ce n'est pas de l'action, c'est de l'information. » L'avocat général Robert « Cet entretien entre les deux est relatif à des instructions, aux instructions pour l'établissement des listes ? Donc, d'après vous à tout hasard, on établit des listes, on prend comme point de départ pour le calcul des 16 à 45 ans le 6 juillet, date de la première déportation prévue par les allemands. Pourquoi établir les listes de ceux qui vont être déportés et de ceux qui ne vont pas être déportés. » Papon « Ca peut les sauver. » L'avocat général Robert « En quoi cela peut les sauver d'établir les listes des 16 - 45 ans ? » Papon « Cela peut aussi sauver. » L'avocat général Robert « Comment ? » Papon « Il y a plein de listes il faut être prudent, on est en plein délire. » L'avocat général Robert « Papon, soyons sérieux. On ne parle pas de la même chose. Il y a trois étapes. 1°) L'ordre des S.S. 2°) Une liste des juifs dont le conjoint est aryens. 3°) Une lettre du 4 juillet relative aux instructions de Garat pour préparer les listes. On sait que le premier projet allemand est reporté, il faut donc faire de nouvelles listes. Voici un autre document non évoqué, une liste de juifs du 5° arrondissement . » On y voit en tête de liste les noms de Antoinette, Hirsch Alisvaks et pour la première fois le nom de Claude le frère de Jackie et d'Éliane. C'est une liste manuscrite faite par le commissaire du 5° arrondissement « A votre avis, pourquoi le service des questions juives demande-t-il cette liste au commissaire du 5° arrondissement ? » Papon « C'est Techoueyres, pas Garat. » L'avocat général Robert « Pourquoi y a t-il des noms barrés ? » Papon « Incapable de vous le dire. » L'avocat général Robert « Je vais vous le dire, regardez les dates de naissance, ce sont les personnes de plus de 45 ans. Et ces numéros que l'on voit dans la marge, qu'est-ce que c'est ? » Papon « Incapable de vous le dire. » L'avocat général Robert « Est-ce que ce ne sont pas les numéros du fichier du service des questions juives ? On voit que c'est à la demande de Garat pour préparer les déportations. » Papon « Pourquoi que le 5° arrondissement ? » L'avocat général Robert « On a d'autres listes identiques, mais pas exploitables. Regardez au bas du document, vous reconnaissez cette griffe ? » Papon « C'est Garat. » L'avocat général Robert « On a donc affaire à une liste visée par Garat qui a élaboré les listes de déportés des 6 et 16 juillet ? » Papon « C'est une présomption. » L'interrogatoire se poursuit de la même façon, Papon se contentant de mentir, de ne pas savoir quand cela lui est impossible de mentir ou mieux de ne rien dire. L'avocat général Robert demande à Papon si c'est bien lui qui donne les ordres à Garat d'établir les listes. Si Garat est bien sous son autorité. S'il a conscience que ces listes conduisent forcement à la déportation. S'il se rend bien compte que d'après son délire kafkaïen, il laisse un jeune chef de service dont il a dit se méfier faire le travail sans vérifier. S'il se rend bien compte que ces listes faites par Garat sous son contrôle et sous son autorité sont utilisées par Techoueyres pour effectuer les rafles ? La défense crée un nouvel incident en parlant d'un document apparemment inconnu du dossier. Finalement et une fois de plus, il existe déjà au dossier, mais les avocats s'énervent. On assiste alors à une scène ubuesque. Varaut, Klarsfeld, Boulanger et Favreau sont debout parlent tous en même temps, s'invectivent. Il est question d'un livre blanc pour les parties civiles, bleu pour Varaut, Klarsfeld lui lance à ce moment « C'est vrai que vous n'êtes pas Blanc Bleu. ». C'est chacun à qui son exemplaire est meilleur que l'autre. Boulanger et Favreau s'engueulent, Favreau veut verser son exemplaire, Boulanger ne veut pas. Las, l'avocat général Robert s'assoit en levant les bras au ciel. Le président Castagnède sourit. On se lance du Bergès par-ci, du dossier annulé par là, des livres publiés en librairie pour les uns, à la bibliothèque de l'académie pour l'autre, Varaut, notre cher académicien ami-ami avec Druon, le maudit. Les parties civiles sourient, ca doit être ça l'oralité des débats. Le président Castagnède met fin à la discussion « C'est hallucinant, j'arrête la discussion. » L'avocat général Robert « Quant à moi, je continue à travailler sur le dossier. Il me suffit en l'état. » Et l'interrogatoire se poursuit. Il s'interroge sur le cheminement des listes. Quand Papon demande à l'avocat général Robert ce qu'il aurait fait à sa place, il répond certainement pas comme vous. Les parties civiles « il fallait partir, il fallait démissionner. » L'avocat général Robert signale que les commissaires envoient bien leur rapport à Garat. Evoque les arrestations de Libourne qui répondent aux instructions du service des questions juives à la préfecture et envoient leur compte rendu au service des questions juives. Papon à un moment a ce mot « Il faut demander à l'agent de police pourquoi il procéde à l'arrestation. » l'avocat général Robert « C'est fou le nombre de subordonnés que vous ne contrôlez pas, qui n'en font qu'à leur tête. Quelle organisation ? » Il parle ensuite d'un compte rendu du Bouscat qui selon les instructions du service des questions juives deux jours après le départ du convoi arrêtent deux juifs oubliés. « Pourquoi le service des questions juives dit il faut les arrêter tout de suite ? » Puis l'avocat général Robert aborde le troisième chapitre de son interrogatoire, le résultat des rafles. Papon revient sur ses explications paponesques, les différences entre les chiffres allemands et les siens sont dues à lui et à ses sauvetages. Cite un entretien téléphonique entre Eichmann et Danneker qui se plaint qu'un train de Bordeaux n'est pas parti, le nombre mentionné est celui donné par Garat. L'avocat général Robert revient sur les juifs grecs et hongrois dont on change la nationalité, L'avocat général Robert « Joseph Cohen, grec ; Benjamin Schwartz, Albert Barnathan toutes ces personnes sont déportées alors qu'elles auraient dues être exemptées. Papon, vous n'avez toujours pas d'explications ? » Papon « Non » L'avocat général Robert « Quand on dit qu'on sauve des juifs, que le chiffre de 70 % d'arrestations est bon. Que c'est un échec pour les allemands. Connaissez-vous les autres résultats en France ? » Papon « ... » L'avocat général Robert « La rafle du Vel d'Hiv avec des moyens plus importants a donné un résultat de 40 % Alors êtes-vous fier de réaliser un score de 73 % ? » Papon « Je voudrais vous y voir à ma place. Qu'est-ce que vous auriez fait ? » L'avocat général Robert « Je n'aurai jamais été à votre place. » (...) « Quand on adresse un message de félicitations sur en-tête du secrétaire général. » Papon « C'est Garat. » L'avocat général Robert « Non c'est votre en-tête - secrétariat. Donc votre secrétaire prend beaucoup d'initiatives. Encore un subordonné qui n'en fait qu'à sa tête ? » Puis l'avocat général Robert aborde le problème des wagons de voyageurs mis à la disposition de la déportation. Papon s'en vante, c'est son acte d'héroïsme. Il ressort de la démonstration de l'avocat général Robert que finalement, c'est le gouvernement de Vichy qui décide d'utiliser des wagons de voyageurs. Encore une illusion paponesque qui s'écroule. Papon à ce moment salit encore la mémoire du Grand Rabbin Cohen. Puis l'avocat général Robert parle des malades. L'avocat général Robert « Quand on écrit, il faut qu'un médecin allemand examine les impotents, est-ce là votre humanité ? » A un autre moment Papon s'emporte et s'écrie « Mais, enfin j'ai le droit de donner des instructions. » C'est un aveu pour le fantôme de la préfecture. L'avocat général Robert « Vous parlez de votre rôle humanitaire. Ma question est très nette. Qu'avez-vous fait entre le 2 et le 18 juillet. Etes-vous allé voir Luther ? Etes-vous allé visiter Mérignac ? Etes-vous allé sur le quai de la gare Saint Jean ? » Papon « C'était une chose nouvelle pour moi. » L'avocat général Robert « Quels sont les enseignements que vous tirez de cette première déportation ? Quand le dernier rapport est parti, quels sont les enseignements que vous tirez ? » Papon « D'abord la tristesse relative aux événements, puis la tristesse relative à l'époque. Ma première réaction ne fut pas très gaie, j'ai regardé l'avenir avec des yeux nouveaux. » (...) L'avocat général Robert « J'ai regardé l'avenir avec des yeux nouveaux. Le 25 juillet, une semaine et demi après, vous répondez négativement à Chapel qui vous transmet une demande de sauvetage du sous préfet de Langon. C'est un drôle de façon de regarder l'avenir avec des yeux nouveaux. » Papon « ... » L'avocat général Robert « Ma dernière question sera celle-ci, le 31 juillet, jour faste, Garat vous soumet une demande de Doberschutz pour que vous mettiez à disposition des allemands les gendarmes afin qu'ils conduisent directement les juifs arrêtés au camp de Mérignac. Vous saviez le danger d'accepter une telle demande ? Alors pourquoi accepter ? C'est ça regarder l'avenir avec des yeux nouveaux ? Les juifs de Bordeaux sont arrêtés et internés par les gendarmes français puis déportés sur vos instructions ! ! » Programme jusqu'à fin décembre : 17 décembre Questions des parties civiles et de la défense. 18, 19 décembre : audition des parties civiles plaignantes. 22, 23, 29 30 décembre : Interrogatoire de l'accusé sur le convoi du mois d'août 1942.


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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