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date dernière modification : 17/10/02

Chronique du 15 octobre 1997

Les larmes de crocopapon

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J’avoue que j’arrive au Palais de justice avec un pincement au coeur. C’est aujourd’hui que la cour va dire si le procès continue ou doit s’arrêter. Depuis la décision de remettre Papon en liberté, on peut se demander jusqu’où ira la cour et le président Castagnède.

Aujourd’hui, je viens à Bordeaux avec mon épouse et les derniers kilomètres avant d’arriver ont été parcourus en silence. Mais on sent bien que cette décision pèse. Nos 16 années de combat vont-ils prendre fin sur une simple décision de justice ?

D’entrée, le président Castagnède annonce sa décision sur la demande d’annulation du procès :

" Attendu que les témoins ont disparu des deux côtés et que la partie civile n’est pas favorisée par rapport à la défense, ( Ouf ! Je suis soulagé, le ton indique déjà la décision).

Attendu que la longueur de la procédure est explicable (et le président Castagnède l’explique).

Attendu que contrairement à ce qui est soutenu par la défense, le procès est celui d’un homme et non celui d’un état.

Attendu que contrairement à ce qu’affirme la défense... (l’émotion m’a fait oublier le 4° attendu, mais quelle importance, maintenant)

La cour rejette la demande d’annulation du procès ".

Le président prend sa deuxième décision en faveur des parties civiles.

Le procès continue donc...

Le président fait maintenant le point sur les témoins, encore trois qui se défilent. Pour deux d’entre eux (Félix Caillat se défile, Madame Chapel renonce), on prononce la renonciation ou le " passé outre ". Pour le troisième, Jean Rochet la défense insiste. Il sera statué plus tard.

Enfin, aujourd’hui, nous entendrons trois témoins, nous y reviendrons plus tard.

Le président invite maintenant Papon à se présenter lui-même. Il lui rappelle qu’il ne doit pas aborder la période concernée par le procès. " Monsieur le président, mesdames, messieurs de la cour, monsieur le premier juré, mesdames, messieurs les jurés, je répondrai à l'invite de Monsieur le président en vous exposant ma vie à partir de ma famille, de ma formation et de ma carrière universitaire, et des conditions dans lesquelles j'étais placé avant la déclaration de guerre de 1939 ". Papon s’exprime longuement, il parle de sa naissance, de ses parents, son père. " Mon père Arthur, a fait des études notariales, puis est devenu notaire. Il est frappé par une grave maladie, il s’est alors installé à Gretz, a crée une société de verrerie à Reims. La, j’ai reçu ma première éducation. Mon père m’a amené sur les champs de batailles de Verdun à l’âge de 8 à 9 ans, ce fut ma première expérience des malheurs de ce monde. Mon père a été maire jusqu’en 1937, président du conseil général en 1936 de Seine et Marne . Il est mort en 1942. Homme d'action ardent vis-à-vis des devoirs de la vie. " 

Etrangement, il oublie d’évoquer sa mère, morte en 1931, le président Castagnède le lui fait remarquer en lui rappelant que sa mère est morte avant son père et que Papon omet d’en parler. Il évoque son enfance, ses études à Louis Legrand puis à l’université en philosophie et en droit où il acquiert une licence en lettres, un CES de psychologie et en sociologie. Officier de réserve à Saint Cyr, sous lieutenant au 23ème régiment d’infanterie coloniale." Je prépare Science PO pour les Finances publiques et l’Ecole de Sciences Politiques où j’échoue ; je me présente au concours du Ministère de l’Intérieur en août 1935 et suis nommé au bureau du personnel de la Sûreté Nationale fin 1935 ; puis je deviens secrétaire des affaires déparlementales et communales ; puis au service des travaux des collectivités locales que j’ai dirigé en 1936 ; attaché parlementaire de François de Tessan en 1936, 1937 qui était à Matignon. "

Puis, il aborde son mariage en 1932, son service militaire " La Syrie, où j’apprends l'horrible défaite, essayant ça et là, d'écouter Londres ". Puis vient sa carrière politique jusqu’en 1941. Une discussion s’instaure entre le président et lui.

 

Bizarrement, le " mourant " de la semaine dernière, se lève et se rassoit souvent, mais toujours de façon vive et leste. Il parle d’une voix sûre et sa mémoire semble infaillible.

Le président demande au jury de retenir trois noms qu’on retrouvera au moment où nous évoquerons l’épuration : Levy, Maisonneuve et un troisième que j’ai oublié.

Un dialogue s’instaure avec les avocats des parties civiles. Maître Boulanger lui demande s’il a bien été en 1931 dans le cabinet Dumesnil qui vota les pleins pouvoirs à Pétain et que Papon a omis de citer.

Le président Castagnède " Vous allez évoquer maintenant la courte période de 1939 à la défaite puis la reprendre en 1945, sans jamais évoquer la période des faits qui vous sont reprochés. "

Papon " en 1939 à Brest, je rejoins le régiment d’infanterie comme officier d’approvisionnement, Papon répète souvent " cela a été très instructif pour moi ", je me suis porté volontaire pour la Syrie. Là, j’apprends en 1940 l’horrible défaite, j’écoute déjà Londres. Je suis rapatrié en France pour paludisme, où m’attendent Maurice Lévy et Maurice Sabatier. "

Puis Papon aborde l’après-guerre. " Après 1945, je suis rapatrié à Paris pour une appendicite. Tixier me charge de la Sous Direction de l’Algérie. Puis je suis nommé préfet de Corse pendant trois ans. " Il évoque une mission secrète qu’il a mené pour aider Israël (plutôt la Palestine) en préparant un terrain d’aviation du côté de Bastia pour aider les avions américains à y faire escale. Cette mission a toujours été tenue secrète et lui aurait valu les félicitations et une récompense des Israéliens. On saura plus tard que rien de cet épisode de " la mitraillette " n’est vrai.

Enfin, arrive la période de Constantine, terrain des premiers incidents oratoires entre Papon, Maître Varaut et nos avocats.

A ce moment, il fait une étrange déclaration : " J'y retrouvais l’Islam que j’ai caressé de la main " - Je ne peux m ’empêcher de penser, comment caressait-il l’islam à Charonne et à Paris en 1961 ?

Puis il déclare avoir été initié à l’Islam. C’est vraiment du n’importe quoi.

Derrière moi, une voix :  " Ha bon, c’est parce qu’il était musulman qu’il n’aimait pas les Juifs ".

Il explique comment en tant qu’Igame, il a pacifié le Constantinois de façon admirable et remarquable. Il a des mots parfois ce Papon, il est en pleine forme. Mais attention, si aujourd’hui, un Papon en pleine forme ne peut pas vraiment nuire sauf auprès d’un jury, il n’en était pas de même en 1942, 1956 ou 1961.

En 1958, De Gaulle m’a nommé pour tenir Paris.

J’ai été maire de Gretz pendant 3 ans de 1955 à 1958.

C’est après cette évocation que surviennent les premiers incidents. Sur une question de Boulanger " Quand vous étiez chez Dumesnil, sous le gouvernement Laval, avez-vous connu Cathala ? "

Papon " Je ne suis pas sûr que ce soit sous le gouvernement Laval ", puis avec un sourire radieux " ne nous mettons pas des galons sur des manches qui ne le méritent pas ".

Maître Blet (ANACR), puis Maître Touzet insistent pour savoir s’il a connu à cette époque ou mis en place le centre de torture de Constantine ?

Papon ne répond pas " On m’appelait le Mahadi, le juste, le sage ". "  J’ai toujours été contre la torture " éclats de rire dans la salle.

Maître Touzet " Je ne suis pas satisfait de la réponse, j’ai connu l’Algérie comme deuxième classe, de 1957 à 1958. Si moi, deuxième classe, je connaissais les sévices, comment l’Igame l’ignorait-il ? Voici ma question, à l’époque, la torture était institutionnalisée, le Constantinois faisait figure de proue, il ne pouvait pas échapper à Papon cet état de fait, ce qui se passait était en totale violation des lois républicaines. S’est il élevé contre ces pratiques publiquement ou secrètement ? "

Papon " Je me suis élevé contre la torture, les procédés expéditifs. Mais je n'avais pas, alors, de pouvoir direct sur les opérations militaires. "

Maître Touzet " Pourquoi n'avez-vous pas démissionné ? "

Papon " Je n'ai pas l'habitude de démissionner. Démissionner, c'est déserter.  "

Maître Tubiana (Ligue des droits de l’Homme) " Pouvez-vous me parler des bombardements et des massacres de Sétif ? "

Papon " Il n’y a jamais eu de bombardements à Sétif "

Maître Boulanger " Etiez-vous en relation avec René Gazagne quand vous étiez secrétaire général à Bordeaux ? "

Papon "  Gazagne était préfet des Landes en 1942, oui je l’ai connu "

Maître Boulanger " Papon a déclaré aux forces de police en 1957, je vous demande de vous conduire en soldats " .

Maître Varaut intervient "  Maître Boulanger est un peu jeune, à cette époque, nous étions tous des soldats ".

Maître Boulanger " Avez-vous participé à la décision de créer ce centre de torture dans le Constantinois ? "

Papon "  Non, je suis parti avant "

Maître Boulanger " Donc c’est Chapel qui a ouvert ce centre ? "

Papon "  Boulanger m’a mal compris et je m’en excuse. J’étais tuteur sur la politique générale "

Maître Boulanger "  La ferme Menziane était connue de l’accusé, avant son départ ? "

Papon " Non je ne m’en souviens pas "

Maître Varaut " Papon a-t-il aidé la communauté Israélite ? "

Papon " Oui, j’ai toujours aidé les israélites et Israël m’en a récompensé ". Protestations des plaignants d’origine Séfarade.

Retour sur son rôle de préfet de Police et les fonctions les plus importantes qu’il a occupées.

Papon "  Je suis resté 9 ans préfet de Police, j’étais un agent du gouvernement. J’ai réorganisé la préfecture de Police à l’Intérieur. Le F.L.N. appliquait des méthodes terroristes, j’ai contribué à dominer ce phénomène terroriste si dévastateur, puis j’ai combattu la rébellion O.A.S. avec les mêmes méthodes " " Oui , ce fut un métier très rasant " Papon évoque une anecdote relatant l’affrontement dans le 18ème arrondissement entre le F.L.N. et la police. Suite à cet incident, les journaux accusent Papon et les forces de police de massacres, citent les enfants qui pleuraient. " Ecoeuré, je donne ma démission à De Gaulle et lui demande de me remplacer. De Gaulle m’a fait dire de ne pas lire la presse d’Extrême Gauche "

Puis Maître Pau-Langevin (MRAP) entame une série de questions sur les massacres du 17 octobre 1961 à Paris. " Papon s’en souvient-il et regrette-t-il ? "

Papon " Je n’ai pas saisi "

Maître Pau-Langevin répète sa question.

Papon " On a fait du 17 octobre un tableau polémique et évidemment exclusivement tourné contre moi. Les manifestants ont littéralement déferlé dans les rues de Paris . Il n’y a pas eu de débordement. Des répressions se sont limitées à faire monter les algériens dans les cars. PAS DE MORTS sauf les algériens dans la Seine. Les identifications ont montré que les algériens assassinés étaient du PPA ou du N.D.L.D., des groupes dissidents du F.L.N.. C’est le F.L.N. qui les a tués et mis cela sur le dos de la police. L’enquête s’est terminée par un non-lieu pour la police. Il ne faut pas croire tout ce que disent les journaux surtout les gauchistes. Il est inimaginable que la police ait commis de tels actes ".

Maître Pau-Langevin " Comment explique-t-il alors les articles très durs de la presse, même la presse non gauchiste "

Papon "  Il y a eu des brutalités peut-être, mais tout ce que disent les journaux n’est pas vrai, des assassinats non ! Il n’y en a pas eu "

Maître Tubiana "  Vous dites que 300 personnes ont été tuées et que cela relève d’un règlement de entre le F.L.N. et le PPA ? Le confirmez-vous ? "

Papon " Oui "

Maître Blet "  Les hommes politiques ont témoigné contre ce que dit Papon, des policiers ont dit avoir vu des collègues jeter les manifestants à la Seine, qu’en pense-t-il ? "

Papon "  Il n’y en a pas eu, cela n’a pas existé. Les enquêtes l’ont prouvé. Ces dépositions sont postérieures aux enquêtes "

Maître Servera "  Un avocat n’est pas un témoin, mais je me souviens, j’ai recueilli des algériens en sang. Quelles sanctions ont-elles été prises contre ces brutalités ? "

Papon "  Il y a eu des sanctions "

Maître Boulanger "  Je vais vous citer un tract rédigé par des policiers républicains. En avez-vous eu connaissance ? "

Papon "  Non "

Maître Boulanger " Pourtant, Papon avait déposé plainte à l’époque sur ces faits contre Alain Bourdet. L’avez-vous oublié ? "

A Klarsfeld s’interroge plus qu’il n’interroge Papon " Est-ce un système de défense chez Papon que de rejeter sur les victimes elles-mêmes les crimes qu’il a commis ? "

Maître Pau-Langevin "  Y a-t-il eu une loi d’amnistie ? "

Papon "  Je crois "

Maître Tubiana insiste " Papon a eu connaissance d’actes de torture mais n’a rien fait. Sa seule réponse est de dire j’en ai référé à mes chefs ".

Il laisse sans réponse Papon quand il évoque Pierre-Henri Teitgen qui lui a succédé à Constantine et a démissionné. "

Papon " Je n’ai pas l’habitude de déserter, je ne me suis jamais dégonflé ! "

Maître Tubiana "  La chose est trop grave, on ne doit pas se payer pas des mots. Qu’avez-vous fait ? Avez-vous engagé des poursuites ? "

Papon "  Oui, c’est mes chefs qui étaient responsables "

Maître Tubiana "  Notez messieurs et mesdames du jury que quand Papon a été Igame, sa seule réponse a été, je m’en réfère à mes chefs "

Président " Je vous en donne acte, Maître. "

Enfin, Maître Turquem (SOS Racisme) " Combien y a-t-il eu de morts jetés dans la Seine ? "

Papon " 15 ou 20, mais je ne suis pas sûr "

Maître Boulanger " Vous dites 20 morts en 1961 ? Le chiffre officiel est de 3 morts et 63 blessés ! Connaissez-vous le chiffre de Constantin Melnik qui parlait de 200 morts et plus ? "

Papon " Je dénie ces chiffres de façon catégorique "

Puis le métro Charonne est évoqué. Papon visiblement préparé fait une longue réponse. " Charonne est un drame aussi regrettable qu'il est simple. Il y a eu d’abord le projet de manifestation, la discussion entre Roger Frey et moi, un préfet n’est pas un roi, c’est Roger Frey le responsable. J’étais d’accord pour que la manifestation ait lieu. Le gouvernement a interdit la manifestation, et j’ai appliqué les ordres. Elle s’est faite malgré tout, le devoir de la police était de circonscrire le périmètre de la manifestation. La manifestation a lieu. Soudain, on m’a dit: " il y a des morts, les stations de métros sont fermées, c’est un drame affreux." Au moment de la dissolution il y a eu une méprise dramatique, les forces de l’ordre ont repoussé la foule, c’est un accident dramatique. Il y a eu 7 victimes étouffées. J’ai fait une enquête, elle a mis en cause un commissaire de Police qui s’est impatienté, sans intention homicide. J’ai introduit une procédure à l’égard de ce garçon qui est mort emporté par une tumeur du cerveau quelques jours plus tard. Ce mal n’était pas étranger à cet accident affreux. J’ai exprimé les regrets les plus vifs. Roger Frey aussi devant le Sénat . Il n’y avait aucune intention d’homicide. La France a connu une période dramatique. Mon seul souci a été d'assurer la sécurité de mes concitoyens. Je n'ai fait que mon devoir ".

Maître Jakubowicz "  Au lendemain de Charonne, vous auriez dit qu’il n’y a pas de crise de conscience quand on obéit aux ordres "

Papon "  Je ne peux le dire "

Maître Jakubowicz " Quel est votre opinion sur ses propos ? "

Papon " Dans un contexte tel que l’occupation je les condamne, dans ce contexte je les rejette "

Il faut noter qu’après la pause, Papon si fringuant, demande à rester assis. Nous pensons tous que c’est sur la demande de Varaut, on est malade oui ou non, et un malade doit être moins fringant.

Une autre intervention doit être signalée, Maître Jakubowicz (Consistoire Israélite de France) " Papon a déclaré, je ne suis pas homme à démissionner, considère-t-il qu’un fonctionnaire doit toujours obéir aux ordres quels qu'ils soient ? "

Papon " En temps de paix, dans un État organisé, avec une hiérarchie qui est formée pour respecter l'Etat, je crois que chaque fonctionnaire a le devoir d'obéir. Dans une période, disons révolutionnaire, quand l'État n'était pas maître de son sort, comme c'était le cas sous l'Occupation, il en est tout autrement, et j'aurai l'occasion d'en reparler. "- Là, je me pose des questions en quoi le nazisme était-il révolutionnaire ? Et plus précisément, qui à part un adhérent à l’idéologie nazie oserait parler de révolutionnaire en parlant du nazisme ?

Maître Klarsfeld " Considérez-vous Vichy comme un gouvernement illégitime ? "

Papon " Je considérais Vichy comme un gouvernement de fait, pas de droit. Le gouvernement de De Gaulle à Londres, lui était légitime. J’étais gaulliste, De Gaulle lui était légitime "

Maître Boulanger " Avez-vous eu connaissance des faits suivants " cite les actions de la Police, un rapport de la Ligue des Droits de l’Homme "

Papon " Non "

Maître Lévy "  Se rappelle-t-il d’Eugène Claudius-Petit, vice président de l’Assemblée Nationale qui dit devant ses pairs, avez-vous compris que les décisions du préfet de police ont mené à des actes et à un combat raciste ? "

Papon "  Je connaissais Claudius-Petit et je me souviens de cette déclaration. La réponse a été donnée par Roger Frey. Je me rappelle aussi que trois ministres ont demandé ma démission. De Gaulle n’a pas voulu "

Puis Papon termine son itinéraire jusqu’à ce jour de 1992 où selon ses propres termes, " il est rattrapé par son procès".J’ai été président de Sud Aviation en 1968, époque où on a déposé le brevet du Concorde et où la constitution de la société Franco-allemande Airbus s’est faite. J’ai été élu député à Saint Amand en 1968, en 1972 je deviens président de la commission des finances à l’Assemblée Nationale. En 1973 je suis rapporteur général du budget jusqu’en 1978. En 1978, je suis réélu député sous le gouvernement Raymond Barre, je deviens ministre du budget jusqu’en 1981. "

Papon rend hommage à la communauté juive.

Maître Klarsfeld revient alors sur un dépôt de gerbe au Mémorial du martyr juif inconnu en 1965.

Papon " Effectivement, j'y étais. J'étais aussi à la synagogue de Bordeaux lors des cérémonies à la Libération. "

Maître Klarsfeld " Quels sentiments aviez-vous lors de ce dépôt de gerbe ? "

Papon proteste : " Monsieur le président, je n'ai pas attendu cette inauguration pour rendre hommage au sort funeste et malheureux de la communauté juive. J'ai dépensé tous mes efforts pour sauver de la déportation un maximum de membres de la communauté juive. J'ai risqué ma vie en radiant cent trente-neuf juifs de la liste sur laquelle ils étaient couchés. C'est avec déchirement que j'ai assisté à la répression nazie contre les Juifs. Mes parents m’ont élevé en m’empêchant de pleurer en public et c’est une infamie que de me reprocher mon absence de sentiments. C'est une infamie que de me prêter l'absence de sentiments lors des malheurs qui se sont abattus sur la communauté juive. Et puisqu'il faut tout dire... A Noël 1943, je ne l’ai pas fêté, " parmi les parties civiles on entend, beaucoup de " moi non plus !! " ma femme et moi avons pleuré après le départ d’un convoi " et en écho chez les parties civiles, nous on avait plus de larmes pour pleurer. " Je n’ai cessé de porté dans mon coeur le deuil des compatriotes Juifs. ... et des Juifs étrangers. Alors qu'on me prête l'inhumanité des sentiments, alors que ceux-ci sont voilés par la pudeur, ces événements m'ont convaincu que ce XXe siècle est l'un des plus affreux de l'Histoire. Plus certainement que le XVIe siècle, qui, au moins, était au service d'un idéal. Nous avons assisté à l'organisation scientifique et technique d'un meurtre collectif. Pour moi, cela condamne ce siècle où j'ai eu le malheur de vivre" quelle opposition avec la phrase d’hier tirée de l’acte d’accusation : " Il n’a pris aucune mesure pour assurer la dispersion des enfants juifs placés sous son contrôle ".

Maître Klarsfeld le reprend le cite " Vous avez dit, je n’ai jamais cessé de vivre et de servir... Avez-vous le souvenir d’avoir dit si c’était à refaire, je le referai "

Papon " Non, je n’en ai pas le souvenir . J’ai passé l’occupation à me battre pour sauver des Juifs".

Maître Wetzer (fils et filles) " SI PAPON SE SOUVIENT, DE 1943 AVEC PRECISION POURQUOI PLEURAIT-IL, AVAIT-IL CONNAISSANCE DE LA SOLUTION FINALE ? " Bien sûr, la question reste sans réponse.

Maître Touzet "  Je rappelle la déclaration de Papon juste avant ce procès. Ce procès est monté de toute pièce, c’est un coup des communistes, le sommet de l'État m’en veut, c’est un complot juif international, les jeux sont faits  Vous souvenez-vous de ces propos et pouvez-vous expliquer sur ce langage d'extrême droite."

Papon "  Je ne renie rien de ces propos "

Maître Touzet " Papon refuse de répondre à la question "

Papon "  Je corrige un point. Je dois dire que je suis devant la Cour, j’estime que les jeux ne sont pas faits "

Maître Servera "  Papon, votre déclaration est typique d’une pensée unique ? Vous utilisez un vocabulaire d'extrême-droite. Qu’avez-vous voulu dire par là ? "

Papon "  Je suis naïf dans cette affaire. Je ne suis pas d’extrême droite "

Je pense maintenant à un des courriers que nous avons reçu sur le site Internet. Que feriez-vous si Papon demandait Pardon ? L’a t il seulement jamais fait, Non bien sûr. Pas de remords, par d’excuses chez cet homme seulement de la morgue et de l’arrogance ! Non si Papon demandait pardon, personnellement, je ne pardonnerai pas ; parce que connaissant le dossier depuis 16 ans, je connais son accablante culpabilité.

Même si je n'éprouve rien contre l'homme. Je demande juste que justice soit faite pour moi, la mémoire de ma famille, la mémoire des victimes, des peuples juifs et tziganes, des homosexuels, des communistes, des débiles mentaux, des francs-maçons, tous victimes de la Shoah et de l'administration française.

Puis arrive le premier témoin, Roger Levy, 83 ans, frère de Maurice Levy qui connaissait Papon, le témoin est compagnon de la Libération. Absent de 1940 À 1945 il ne connaît pas Papon. Il parle au nom de la mémoire de sa famille. Son frère a été déporté à Auschwitz. Ses parents considéraient Papon comme un ami.

Le procureur Desclaux " Vous avez connu Papon après 1945. Connaissiez-vous ses responsabilités pendant la guerre ? "

Roger Levy " Je n’ai jamais connu Papon. Sauf depuis deux ans quand il est venu me demander de témoigner pour lui. "

Le procureur Desclaux " Comment votre frère a-t-il été arrêté et déporté ? "

Roger Levy " Je ne sais pas, je crois par la milice ou la Gestapo, le 12 novembre 1943 "

Maître Varaut   " Pouvez vous répéter ce que vous nous avez dit, Papon est innocent ? "

Roger Levy, très en colère, répond sèchement " Je m’appelle Levy, c’est d’autant plus difficile pour moi d’être ici, je ne fais que dire ce que mes parents disaient " et d’un geste fait comprendre que cela suffit.

Puis le deuxième témoin intervient : Madame Aumont Michèle, 77 ans, "Je veux dire la vérité, ma vérité.  Ce fut un cas de conscience de venir ici, je suis une amie de Papon depuis 1963, je n’ai pas connu Papon pendant la guerre, je suis l’amie de beaucoup d’israélites. " Elle défend Papon de façon émouvante, un peu longue, d’ailleurs le Président est obligé de la couper... Finalement il ressort qu’elle n’a jamais connu le rôle de Papon pendant l’occupation, il ne lui en jamais fait part.

Le troisième témoin, Monsieur Baconnier, 57 ans, a connu Papon quand il était ministre pendant un an. Il décrit Papon comme un technocrate efficace. Mais se fait piéger par un de nos avocats quand celui-ci lui lit une fiche descriptive de Papon.

Monsieur Baconnier " c’est absolument cela. "

L’avocat lui explique alors qu’il s’agit d’une note des S.S. décrivant Papon.


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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