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date dernière modification : 22/07/02

Chronique du vendredi 14 novembre :

Le service aux questions des parties civiles

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Chronique du vendredi 14 novembre :

Le service aux questions des parties civiles

Papon est pris de nostalgie. Son défenseur, maître Varaut, se plaint de l’avalanche de questions venant des parties civiles. Il demande pour pouvoir y répondre la saisie de nouvelles pièces et leur traduction. Petite opération qui, si elle était acceptée, devrait occuper au moins toute une équipe, pour ne pas dire un service, quelques mois. Aussi Papon, après avoir organisé et dirigé le service des questions juives pendant la guerre à Bordeaux, veut maintenant créer un service aux questions des avocats des parties civiles.

L’audience reprend par de nouvelles conclusions de Maître Varaut, visant à ordonner la saisie et la traduction des correspondances entre le service des questions juives et les services allemands du KDS. Il demande, entre autres, la saisie des pièces de la gendarmerie et des archives de l’intendant régional de police, dont il est fait mention dans le rapport des experts.

Le procureur général Desclaux " Je rappelle mon ignorance du rapport d’expertise car il a été annulé dans la première procédure. L’instruction a été assez complète et je m’en remets à votre sagesse."

Alain Levy

Maître Levy " Je suis étonné de voir le rapport annulé réapparaître. Les pièces de la première instruction ont toutes été versées au dossier. "

Maître Boulanger " Je ne suis pas étonné par cette demande, elle est faite de connivence avec la déclaration de ce matin sur Europe 1. Bergès continue de discréditer la Cour d’Assises et de dire que ce procès est truqué. Il y a une tentative délibérée de la défense de démolir les audiences à l’extérieur. Bergès et Varaut disent que le procès ne vaut rien, parce qu’on n’a pas les archives de l’intendant régional de police, de la gendarmerie et du grand rabbin Cohen. C’est bien ce que nous venons d’entendre de la bouche de Varaut. C’est faux, bien sûr, Bergès et Varaut orchestrent le discrédit de ce procès et de l’instruction qui l’a précédé. Je ne demande qu’une chose, c’est qu’on arrête ces tentatives d’incidents. On salit la cour, de qui se moque-t-on ? Je vous le dis, on cherche, par tous les moyens, à saboter ce procès parce qu’on entre dans les faits. "

Maître Zaoui " Restons concrets, sur le plan du droit, la cour est saisie pour les crimes contre l’humanité et non pour sauvetage de cent trente personnes ou trois cents d’après Bergès. Ce n’est pas la saisine de la cour. Papon voudrait avoir la médaille des Justes parmi les Justes. On est totalement en dehors de la saisine de la cour. "

Maître Touzet " Quelles sont les conséquences de l’arrêt de la cour de cassation ? Toutes les pièces de fond ont été conservées. Les choses indispensables sont là, aussi, je demande le rejet pur et simple des conclusions de la défense. "

Maître Klarsfeld " Je rejoins les demandes de Maître Levy, si Papon avait voulu déporter des Juifs et des non Juifs de Bordeaux, il ne resterait plus grand monde à Bordeaux. "

Maître Favreau " J’ai l’honneur de déposer, devant la cour, des conclusions au nom de la ligue des droits de l’homme et de la LICRA, demande visant à statuer sur l’audition de Bergès, de Delarue et Bourron sans délai. Je dis que c’est une œuvre de salubrité publique que de savoir ce qui sert la propagation de rumeurs, manœuvrées par Maître Varaut. "

Le président Castagnède " Sur l’incident initial, plus personne ne veut prendre la parole. Comme il est devenu un incident contentieux, je redonne la parole à Maître Varaut. "

Maître Varaut confirme sa demande.

Papon " Il y a une contradiction flagrante entre le défi qui m’est lancé et le refus de me donner les moyens de relever ce défi. "

Le président Castagnède " La cour met sa décision en délibéré le 18 novembre. Sur le deuxième incident, je donne la parole au procureur général. "

Le procureur général Desclaux " Je me suis déjà exprimé là-dessus. Je suis favorable à l’audition le plus tôt possible de Bergès, mais à la condition qu’il s’exprime après Papon. Je m’en remets à la cour et à sa sagesse."

Maître Tubiana " Un homme dit, à l’extérieur de la Cour, que l’instruction est tronquée, qu’il a des pièces, dont la cour ne dispose pas, et qui atténuent la responsabilité de Papon. Il aurait sauvé des Juifs."

Maître Blet " L’ANACR s’associe totalement à la demande de Maître Favreau. " Maître Lorach, Maître Touzet s’associent aussi à la demande.

de gauche à droite,

1° rang : Mme Moch, Michel Dommange, Jackie Alisvaks, Jean-Marie Matisson, Michel Slitinsky.

2° rang : Esther Fogiel, Carole Lemée, Juliette Benzazon, Eliane Dommange.

3° rang : X, X, Simone Nordmann, Guy Nouchi, Jeanine Schinazi.

Par contre, Maître Levy " Bien que les parties civiles soient unanimes, je considère que si Bergès doit être entendu, il n’y a pas besoin d’avancer son audition. Il convient que la cour l’entende comme prévu initialement. "

Maître Klarsfeld " Je rejoins Maître Levy, Bergès ne représente aucun danger. "

Maître Boulanger " Qu’est ce que c’est que cet individu qui n’est pas historien mais politologue. Il fait un outrage à magistrat, il injurie la cour. Je demande de garder notre calme et notre sérénité devant le témoin, qui dit garder sous scellé des documents en dépit des déclarations de la cour. Enfin, on s’intéresse, ici à Papon et à lui seul. "

Maître Varaut " Je m’en rapporte à la cour. "

Le président Castagnède " Je mets en délibéré la décision de la cour au 18 novembre. J’annonce le calendrier modifié. " Dans ce calendrier, l’audition de Bergès est prévue le 5 décembre.

Maître Lorach " Papon peut-il nous expliquer ce qu’il entend par patriotisme en 1942 ? S'agit-il de discuter avec les Allemands et de déporter les Juifs ?"

Papon " Le patriotisme, c’est de sauver les Français. "

Un témoin, qui n’avait pas été prévenu, est amené à la barre. Le Président Castagnède " Veuillez excuser ce contretemps, votre audition est remise au 19 novembre. "

Maître Blet " Papon, aviez-vous une parfaite connaissance du statut des Juifs en 1942 ? "

Papon " Oui. "

Maître Blet " Donc, vous déportiez en parfaite connaissance de cause ! "

Papon " Ce n’est pas ma faute, c’est la faute des Allemands. "

Maître Klarsfeld " Je cite une lettre, elle vient des Allemands, elle montre qu’ils libèrent un Juif. Vous, par contre dans cette deuxième lettre, vous envoyez à la déportation une personne, qui est française depuis cinq générations et parce que son étoile jaune était à moitié dissimulée par le revers de sa veste ? Qu’avez-vous à dire de cela ? "

Papon " ... "

Le président Castagnède " Arrivons maintenant au service des questions juives. Parlez-nous de Garat. "

Papon " Garat est déjà en poste à mon arrivée. Je commence d’abord à observer les choses et les hommes. Garat n’est pas un collabo, il est un peu jeune et un peu tendre"

Le président Castagnède " Saviez-vous qu’il avait appartenu au P.P.F jusqu’en 1939 ? Et il était inscrit aux " amis du Maréchal " jusqu’en 1942. "

Papon évoque Garat et l’organisation du service des questions juives.

Le président Castagnède " Que devient Garat après son départ du service des questions juives ? "

Papon " Il est resté fonctionnaire de la préfectorale. "

Le président Castagnède " Quelles étaient les missions du service des questions juives ? "

Papon " La gestion du fichier, les relations et des négociations avec les autorités allemandes, chargé des relations avec le commissariat aux questions juives. Le service des questions juives n’avait aucune initiative, les opérations, c'était l'intendant de police qui en était l'attributaire, le maître, c’était le commissariat aux questions juives. "

Le président Castagnède " N’oubliez-vous pas une part importante de ses attributions ? L’aryanisation ? "

Papon " Oui, c’est vrai. "

Le président Castagnède " Le service des questions juives a eu la responsabilité de l’aryanisation jusqu’en 1943. "

Papon " L'aryanisation, consistait, après le recensement d'un bien considéré sous influence ou prépondérance juive, de nommer un administrateur préfectoral. "(...) " Tous les administrateurs n'étaient pas des saints, mais quand même, l'administration de l'Etat français a eu du bon : chaque fois que la loi était appliquée, on s'y est retrouvé. La restitution des biens s'est faite sans difficulté à la Libération " (...) " J'ai eu l’occasion d'observer que, lorsque l'aryanisation n'a pas été faite par la préfecture, il y a eu beaucoup de contentieux d'ordre privé. "

Le président Castagnède " On se contentait de gérer, il n'était pas question de céder les biens ? "

Papon " Oui. "

Le président Castagnède " Vous dites ne pas vous rappeler tout cela mais cela donne lieu à de nombreux contentieux " et cite " La spoliation de Joseph Herzog, propriétaire de deux magasins dont le Lutétia "

Papon " Pour le service des questions juives, c'est l'ordre logique des choses, l'ensemble de ces affaires était une lourde charge pour le service."

L’organisation du service des questions juives est évoquée en détail.

Papon " Il avait un rôle purement administratif, pas opérationnel "

Le président Castagnède le reprend sur ce point et lui fait finalement admettre qu’il était bien opérationnel : " Il est important de s’entendre sur les mots. " déclare le président.

Papon " Avec notre arrivée, le ton change. Aux questions juives, service redoutable, je leur ai dit qu'en aucun cas, il ne s'agissait de faire du zèle. " Au sujet du fichier, Papon tente de minimiser le rôle " opérationnel " du service des questions juives, " ce sont les autorités allemandes qui prennent la décision, et la plupart du temps, fournissent les listes (...) Le bureau des affaires juives interceptait les instructions pour que les Juifs puissent se préparer le moment venu à la rigueur des mesures prises. " (...) " Mais il faut sans cesse faire des mises à jour. Les Juifs n'ont droit ni de déménager ni de posséder un téléphone, un poste de T.S.F. ou une bicyclette, ils ne peuvent fréquenter aucun lieu public. La police française peut, inopinément opérer des contrôles afin de savoir si la totalité de la famille se trouve bien au logis après 20 heures. " (...) " Ce fichier, on le manipulait ". Une fois de plus, ces arguments ne résistent pas à l’analyse de la cour.

Le président Castagnède " Comment pouviez-vous le manipuler alors que les Allemands, la SEC, le commissariat aux questions juives, en avaient une copie et que le service des questions juives devait le faire vivre et le mettre à jour régulièrement. Vous signez une lettre, le 8 août 1942, destinée au chef de la sûreté allemande avec une liste jointe de Juifs internés à Mérignac. De même, le 24 août 1942, vous dites " la distinction entre Juif et aryen étant faite et donnant satisfaction. "

Papon (...)

Le président Castagnède " Oui, mais je constate une certaine constance dans la transmission aux Allemands des listes d'internés au camp de Mérignac entre le service des questions juives et les Allemands. "

Papon " La remise de ces listes peut avoir pour conséquence la déportation des Juifs, quelles suites donner ? C'était relativement risqué à l'époque, il faut toujours se reporter aux impératifs de la gestapo, on travaillait avec leur regard sur notre épaule. "

Papon répond soit " je ne sais pas " soit " c’est pas moi le responsable " etc. etc.. En bref, Papon revendique sa signature, quand il s’agit de sauvetage, et la dénie quand il s’agit de déportations, d’arrestations ou de séquestrations.


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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