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date dernière modification : 17/10/02

Chronique du 13 octobre 1997

Le droit imprescriptible à la colère des parties civiles

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13 octobre 1997

Le droit imprescriptible à la colère des parties civiles

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Musique Lanaud - Romieux

L'audience reprend lundi, après un week-end chargé d'émotion et de colère, dont la meilleure preuve est encore la teneur de vos réactions.

Maître Zaoui : "Quand on parle d'un Etat de droit, les parties civiles peuvent-elles comprendre ? Si cette instruction a duré 15 ans, c'est que le pays n'en voulait pas. Si le procès a lieu, c'est bien grâce à l'obstination des parties civiles. Elles ont contraint les juges pour que le procès ait lieu, elles se sont battues pour le droit. Cette mesure est exceptionnelle, elle nous a heurtés, on nous a dit à tous que c'était un procès ordinaire. Les parties civiles n'ont pas compris ? Il faut comprendre les réactions des victimes, elles demandent d'abord qu'on les reconnaisse comme des victimes. Maître Varaut n'a jamais prononcé une parole en faveur des Juifs de Bordeaux." (et pour moi, en pensée : quant à Papon, n'en parlons même pas). "Dans un procès pour crimes contre l'humanité, elles demandent à bénéficier du droit qu'elles n'ont jamais eu, cela commence par une réparation. La douleur de ceux, qui sont passés par des crimes innommables, est forte, quand vous avez pris cette décision. Il s'agit pour les parties civiles de quelque chose de symbolique. Le procès a commencé par une certaine désinvolture. Ils n'ont pas un esprit de vengeance, malgré tout, mais nous voulons surmonter toutes ces épreuves pour que le procès ait lieu et que la responsabilité de Papon soit démontrée de façon éclatante".

Maître Lévy " Je rappelle que la FNDIRP a été la première association à se porter partie civile pour crimes contre l'humanité contre le nazi Barbie, le milicien Touvier et maintenant le secrétaire général Papon. J'explique pourquoi j'entends rester. Je considère qu'il y a une injure aux victimes en mettant en liberté un homme, qui n'a pas hésité à s'acharner contre des bébés, des vieillards. Monsieur le président, vous n'avez pas pris en compte leur qualité de victimes de crimes contre l'humanité. Elles ont le sentiment que la justice est plus ferme avec les voleurs de poules qu'avec Papon. A cela s'ajoutent la colère et l'indignation, parce que Varaut s'est moqué de nous, de vous. Papon était à la mort. Papon était dans un cas grave. Papon libre, il se porte bien, comme par miracle. A croire que tous les médecins ont fait des fausses attestations ? Quelle provocation de Papon face à nous ! Ce procès doit avoir lieu pour prouver la culpabilité de Papon. Vous avez aussi à prendre en compte les charges qui pèsent contre lui. Avoir commis des crimes contre l'humanité en s'étant rendu complice en collaborant avec les nazis, en livrant des Juifs. Je fais confiance à la Justice qui a su condamner Barbie, un nazi, Touvier, un milicien "

Puis intervient Maître Klarsfeld, qui s'emporte.

Le Président Castagnède intervient alors "Maître Klarsfeld, il ne m'échappe pas qu'ici se trouvent les victimes de l'ignominie. Qu'ici, le cri de la douleur l'emporte sur la douleur. C'est pour toutes ces raisons que je n'ai pas donné acte de votre décision de quitter le procès et vous laisse expliquer les motifs de vos actes aux médias."

Maître Jakubowicz, au nom du consistoire, explique que la décision, prise la veille du Grand Pardon a été ressentie avec beaucoup d'émotion, n'étant pas lui-même un Juif pratiquant. C'est ce moment qui a permis de rendre hommage aux victimes. Ils se sont retrouvés sur ce minimum. Cet instant est venu à la rescousse de la justice temporelle. Mais le Kippour nous a permis de nous retrouver, de faire le point. Nous avons éliminé l'émoi, la colère. Ce qui reste aujourd'hui, c'est un vif et profond sentiment d'incompréhension. Les familles des victimes se sont senties bernées et humiliées par la défense. Comment comprendre cet arrêt de la chambre d'accusation qui nous lie aujourd'hui et qui a reçu la caution de la Chambre de Cassation ? En cet instant, votre décision a été vécue à l'inverse ". Il évoque le chantage à la chaise vide, la tromperie en faisant passer Papon pour une victime expiatoire, l'extinction de l'action publique du fait de la mort annoncée de Papon. Je souhaite intervenir à titre pédagogique pour les jurés. Il n'y a aucune division parmi nous, mais nous sommes si nombreux, il y a forcément des divergences individuelles inévitables. Il y a des associations qui mettent en avant les grands principes et il y a ces parties civiles, qui ne comprennent pas cette défense des grands principes. Je m'incline, conclut-il, devant la décision de la justice. Mais je maintiens notre vigilance à l'adresse de la défense et de la Cour."

Le Président Castagnède : "Je souhaiterais que dans les adresses qui sont faites, la Cour ne soit pas associée à la défense."

Ces différentes interventions se terminent - avec les interventions de Maître Touzet (dépôt d'une nouvelle plainte au nom d'un confrère).

Maître Favreau (L D H) " Ce combat n'admet pas de désertion. Il est des procès qui ne cessent jamais, la ligue sera toujours présente."

Maître Lorach, lui-même déporté à Bergen Belsen à l'âge de 4 ans et demi, et Maître Servera déposent de nouvelles plaintes au nom de la Fondation Mémoire de la déportation, des associations laïques, anti confessionnelles, FNDIR, INVG ) - 5 nouvelles parties civiles individuelles (4 personnes de la famille Yunger, Moïse Schinazi, Enfants Cachés).

Maître Lorach exprime sa douleur de voir Papon "se goberger" dans un château Margaux.

Un avocat annonce l'appel déposé par l'avocat général contre la remise en liberté de Papon.

Le Président Castagnède (très bavard aujourd'hui, mais sans doute a-t-il des explications précises à donner) : "je veux dire que dans le précédent tiré de ce dossier, le pourvoi en cassation a duré 4 mois. TOUT CONDAMNE A PLUS DE 6 MOIS DE PRISON DOIT SE CONSTITUER PRISONNIER POUR QUE LA CASSATION SOIT RECEVABLE."

Enfin, le programme normal du procès reprend, la litanie des témoins reprend. Aujourd'hui on note les refus de comparaître de Maurice Rajfus, de Maître Rheims, d'Edmond de Rothschild, d'Antoine Ribout, de Guy de Saint Hilaire, de Madame Thieulieux, d'Henri Rousso, la plupart pour ne pas avoir à déposer en faveur de Papon.

Les témoins suivants seront entendus :

Les dates annoncées sont celles prévues initialement, elles ont été décalées...

Alain Perpezat 3/12

René Rémond 10/11

Guy de Rothschild 20/10

Pierre Pasquini décision plus tard

Samuel Pisar 26/11

Robert O. Paxton 27/10

Paul Paillole 5/12

MME Pinhas 20/10

Elise Poux (veuve Milhat) 3/12

Robert de la Rochefoucault 22/10

Jean Rocher, décision plus tard

Henri Rousso, refus de témoigner

Léon Saufrignon 24/11

René Shamdalow, il est passé outre

Madame Silva 12/11

Grand rabbin Sitruk 18/11

Christian Souillac 3/12

Pierre Somveille 5/12

Jean-François Steiner 21/10

Francis Tesseron 24/11

René Tauzin 24/11

Geneviève Thieuleux, refus de témoigner

Bernard Vaugon 29/10

Marcel Turon, décision plus tard

Maurice Travers, il est passé outre

Serge Vincon 17/10

Paul Henri Watine 20/11

Elie Wiesel 28/11

Léon Ziguel 7/11

Les nouvelles demandes concernant Jacques Maillot, Yves Jouffa, André Frossard, seront étudiées plus tard. Le ministère public s'associe aux parties civiles pour qu'ils soient entendus.

Puis on entre dans le vif du sujet, dans l'essentiel du procès, la lecture de l'acte d'accusation commence, tout d'abord la liste des parties civiles, puis l'historique de la procédure et les faits... La longueur de la lecture (que pourtant les parties présentes comme les jurés suivent avec le plus grand intérêt) oblige les greffières à se relayer au bout d'une heure de lecture. Ce qui m'a le plus choqué, c'est le regard de Papon dans ses petits papiers, quand on citait les convois et le nombre de morts. Moment fort parmi d'autres...

(c) Copyright 1997, J.M. Matisson


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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