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date dernière modification : 17/10/02

Chronique du 9 octobre 1997

"NOUS, LES PARTIES CIVILES, REPRESENTONS 1560 PERSONNES,
DES ENFANTS DES VIEILLARDS QUI ONT POUR SEULE SEPULTURE CETTE COUR D'ASSISES"

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9 octobre 1997

"NOUS, LES PARTIES CIVILES, REPRESENTONS 1560 PERSONNES,

DES ENFANTS, DES VIEILLARDS QUI ONT POUR SEULE SEPULTURE CETTE COUR D'ASSISES"

Croquis de Riss, Charlie Hebdo

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Ce qui est frappant aujourd'hui, c'est le sentiment de confiance que j'éprouve vis à vis de la Cour d'assises et de son président qui mène les débats avec calme et dignité ; le procureur général et l'avocat général paraissent extrêmement fermes pour notre défense. Le procès est bien planté, d'un côté, le calme serein de la cour opposé à la cohue des parvis, des médias, et de l'autre l'arrogance de la défense, un accusé très maladroit et son avocat très inégal, méchant et arrogant à plusieurs reprises en opposition très nette avec la qualité de nos avocats, qui apparaissent comme de vieux habitués des cours d'assises pour crimes contre l'humanité, qui ne s'en laissent pas compter et qui, à plusieurs reprises, ont su dévoiler les maladresses de la défense.

La phrase mise en exergue dans le titre a été prononcée par Maître Levy.

La séance reprend à 13 H 30 par la lecture par le président Castagnède des conclusions en quatre points des deux experts médicaux, Broustet et Chapenoire :

" 1°/ Papon a des crises d'œdèmes du poumon et d'angine de poitrine.

2°/ Les conditions médicales sont insuffisantes à Gradignan.

3°/ L'inconfort de sa cellule est préjudiciable.

4°/ Ils recommandent l'incarcération dans un service cardiologique. "

Papon dans sa cage de verre n'a toujours aucun regard pour les parties civiles.

Le procureur général Desclaux "après l'expertise, il apparaît que l'état sanitaire de la prison de Gradignan n'est pas compatible avec l'état de santé de Papon. Je requiers le rejet de la demande de mise en liberté mais demande aux autorités pénitentiaires de faire au mieux pour prévoir une incarcération dans un service de cardiologie. "

La partie civile n'a pas d'observation à présenter.

La défense remercie la Cour et revient sur sa demande de mise en liberté. L'état de santé n'est pas compatible avec sa défense. Elle demande à ce qu'il ne soit pas incarcéré en service cardiologie. Il dit que ce n'est pas un procès ordinaire, s'en prend à Maître Klarsfeld, aux parties civiles qui s'étalent dans les parvis en colloque permanent, nous reproche d'arrêter la notion de droits de l'homme à Papon. La détention préventive appellera la condamnation. Papon veut, nous voulons, les parties civiles veulent que nous formions le deuil de cette période. Puis la défense annonce de façon surprenante que Papon est prêt à reconnaître l'ignominie des actes qu'il a commis.

Maître Varaut est bien meilleur qu'hier, beaucoup plus pathétique.

Papon restant silencieux, le président met sa décision en délibéré jusqu'au vendredi 10 octobre.

Maître Varaut crée alors un nouvel incident, en demandant l'arrêt pur et simple du procès d'assises au regard des lois européennes. Il cite Churchill :

" Les crimes contre l'humanité doivent être poursuivis jusqu'au bout de la terre, jusqu'à la fin des temps ".

Ses arguments sont :

" Le dossier est vide - Papon a toujours réclamé d'être jugé devant une Cour d'assises - Papon a des choses à dire et ne se privera pas de les dire - Les jurés n'étaient pas nés au moment des faits - Papon sauvait les français du STO (protestation de la salle) - On aura un immense colloque d'historien - Il cite le jury d'honneur qui absout Papon - Sabatier a reconnu être responsable - Se montre menaçant vis à vis des magistrats qu'il déclare incompétents d'équitabilité - En cette période de repentance de l'Eglise, des policiers, il demande à la Cour de faire acte de repentance envers la seule victime, Papon - Papon n'a commis aucun des faits qu'on lui reproche - Il faut une Cour européenne pour juger Vichy - Il manque Pétain, Laval, Bousquet et Leguay - Il reproche les livres, parus à la veille de l'audience, de Slitinsky et de Maître Boulanger- Pour commettre un crime contre l'humanité, l'auteur doit adhérer à l'idéologie nazie - Le Grand Rabbin Cohen serait venu témoigner en sa faveur- Papon est tout au plus un petit complice - Rien ne serait plus extraordinaire que de clôturer le procès maintenant ".

Après une suspension de séance, l'avocat général Robert très ferme et très digne, reprend un par un les arguments de la défense :

" Hier l'accusé cherchait la liberté, aujourd'hui il cherche à escamoter le procès. Mais derrière ces arguments, quels sont ses véritables objectifs ?

La défense cherche l'annulation du réquisitoire de renvoi.

Elle cherche l'annulation de la procédure préparatoire.

Elle cherche l'annulation de la procédure de la Cour d'assises qui n'a pas commencé.

Elle affirme que la Cour ne peut pas juger car les lois sont prescrites.

J'estime que les griefs d'incompétence sont une insulte vis à vis de la Cour.

Tout se passe comme si la défense ne voulait pas de ce procès.

La défense se moque de la Loi, nul ne saurait critiquer en droit la compétence de la Cour d'assises.

La notion de crime contre l'humanité ne convient pas à la défense. Qui parmi la Cour ou le Jury, ignore que, si on donne raison à Papon, il peut demander des indemnités ?

Mais que cache cet incident de procédure, la défense poursuit un autre but :

LA BARBARIE NAZIE EST L'ALPHA ET L'OMEGA DE LA DEPORTATION ET DU GENOCIDE JUIF. Non, les faits reprochés sont graves, après avoir posé hier, Papon en accusé extraordinaire, il tente aujourd'hui de le poser en victime expiatoire. Je n'admets pas que Papon se pose en victime, les victimes sont ici, les parties civiles.

Ne nous trompons pas de procès, ne nous trompons pas de victimes.

A qui la faute, si le procès vient si tard ?

Qui a usé de tant de subterfuges et intenté tant de procès si ce n'est l'accusé ? Il n'y a jamais eu de procès, après la guerre, de la Préfectorale (je rajoute en pensée : qui a accusé les parties civiles de dénonciations calomnieuses ?) : Papon ne s'est pas caché comme Barbie en Argentine, IL A CACHE SA COLLABORATION A LA DEPORTATION JUIVE APRES LA LIBERATION SCIEMMENT. On le prouvera.

Si 44 ans après, les plaintes sont recevables, c'est bien grâce au législateur français et international.

IL EST FAUX DE FAIRE CROIRE QUE LE TEMPS PROFITE PLUS AUX VICTIMES QU'A L'ACCUSE.

Les parties civiles ont soif de justice. "

Puis l'avocat général Robert explique les quatre raisons qui ont retardé la procédure :

" 1) L'arrêt de la Cour de cassation, et le problème de juridiction.

2) Les difficultés rencontrées par les magistrats instructeurs pour cerner l'accusation de Papon.

3) La mise en cause de Bousquet, on ne savait pas par qui on pouvait faire juger Bousquet.

4) La complexité de l'affaire constituait un véritable défi à la connaissance.

Surtout il n'y a pas de comparaison possible entre la complexité de l'affaire Papon et celle des procès Touvier ou Barbie. Celle de Papon est beaucoup plus grande, il a fallu pendant huit ans réunir 6354 documents, entendre 95 témoins, réaliser 85 auditions de parties civiles, et 15 longues auditions de Papon. "

Il évoque la litanie des procès faits par Papon pour la plupart perdus (sauf 2), dit qu'il a su, lui aussi, utiliser et manipuler les médias en son temps. Il rejette les conclusions de la défense.

Maître Favreau, intervient alors : "Ce ne sont pas les parties civiles qui veulent faire le procès d'un Etat ou d'une ville, elles veulent faire celui d'un homme. Il est insupportable d'entendre que les parties civiles sont coupables de vouloir mener un procès inéquitable et je fais confiance à la Cour et au jury d'assises. Jamais un accusé n'a bénéficié d'autant d'égards et de privilèges que Papon. Oser prétendre que le Grand Rabbin Cohen aurait pu déposer à sa décharge, c'est se moquer de la mémoire de nos morts. NOUS VOULONS QUE CE PROCES SOIT EQUITABLE, QUE LA DEFENSE SOIT A ARMES EGALES POUR MIEUX LA VAINCRE "

Applaudissements du public.

Le Président fait calmer le public.

Maître Levy, pour la FNDIRP enchaîne. " Nous avons entendu la défense dire d'un côté des choses et faire le contraire de l'autre. NOUS LES PARTIES CIVILES, REPRESENTONS 1560 PERSONNES, DES ENFANTS DES VIEILLARDS QUI ONT POUR SEULE SEPULTURE CETTE COUR D'ASSISES. "

Puis il parle de la lâcheté de Papon de se démettre de sa responsabilité sur Sabatier.

" MAIS CE QU'IL RETIENT DE L'INTERVENTION DE VARAUT ET CE QU'IL DEMANDE AU JURY DE SE SOUVENIR CE SONT LES DEUX AVEUX DE PAPON :

1° aveu de la défense : il reconnaît qu'il a commis des crimes contre l'humanité.

2° aveu de la défense : Papon dit avoir obéi à la loi. Mais la Loi de Vichy ne parlait que d'exclusion des Juifs. Par leur arrestation, leur séquestration, leur déportation de Mérignac à Drancy, puis de Drancy à Auschwitz, à quelles lois obéissait Papon ? N'était-ce pas là faire allégeance à la loi nazie ? ".

Maître Wetzer " Je m'étonne que Maître Varaut ait sous-entendu que Papon aurait exprimé des remords au cours d'une émission de télévision. J'engage Papon à exprimer ses remords tout à l'heure quand il aura la parole. Comme les avocats de la partie civile, vous êtes trop nombreux à son goût, Mesdames et Messieurs les jurés. "

Enfin, Maître Blet pour l'ANACR, s'enflamme et enflamme la salle : " Maître Varaut n'arrête pas de tromper tout le monde en disant que Papon est complice de crimes contre l'humanité, C'EST FAUX, LA COMPLICITE N'EXISTE PAS - CE QU'ON LUI REPROCHE C'EST LA DEPORTATION, IL NE PEUT PAS LE NIER : IL A SIGNE DE SA MAIN. "

Maître Varaut reprend la parole, puis Papon s'adresse à Maître Wetzer, pour répondre à sa question. Tout le monde retient son souffle, j'avoue que j'ai cru un moment que Papon allait s'excuser ou exprimer des remords, ne serait-ce que parce qu'à trois reprises et pour la première fois depuis le début des assises, il a osé nous regarder. Mais son arrogance reprend le dessus. Il invite Maître Wetzer à aller fouiller les poubelles d'Antenne 2 où doivent se trouver ses remords.

C'est, après cette colère arrogante, qu'il aura son attaque cardiaque.

Le président renvoie alors sa décision au 15 octobre.

Puis intervient la lecture de la liste des témoins, de nombreux se sont désistés le plus souvent à l'appui de certificats médicaux, parmi les plus célèbres, notons : Jacques Chaban Delmas, Roger Samuel Bloch, Valéry Giscard d'Estaing, René Monory, Le Général de Boissieu. Parmi ceux qui seront présents, on note Henri Amouroux le 17/ 10, Raymond Barre le 17/10, Marc Olivier Baruch le 28/10, Jacques Delarue le 01/12, Gabriel Delaunay le 5/12, Olivier Guichard le 17/10, Jean Lacouture le 23/10 et Messmer le 16/10. L'autre moitié des témoins sera évoquée demain.

Les dates annoncées sont celles prévues initialement, ells ont été décalées...

Robert Abdesselam ne peut pas venir le 15/10 donc le 5/12

Hélène Allaire 26/11

Henri Amouroux 17/11

Louis André renonce il est passé outre

Aymé Aubert 4/12

Michèle Aumont 15/10

Jean-Pierre Azema 23/10

EG-AZEMA retourné

Robert Baconnier 15/10

Eliane Badour ne peut pas venir il est passé outre

André Balbin 27/11

Anne Bargues il est passé outre

Raymond Barre 17/10

Hubert de Beaufort 4/12

Marc Olivier Baruch 28/10

Bernard Bergerot 29/10

Michel Berges 1/12

Pierre Bilger passé outre

Roger Samuel Bloch

Général Alain De Boissieu il est passé outre ou plus tard

Claude Bouchinet-Serreulles 21/10

Serge Bouder 10/11

Christian Campet 3/12

François Bouton 29/10

Jean Bozi 15/10

André Briaud 29/10

Yvette Brunetière 5/12

Philippe Burin 24/10

Félix Caillat 14/10

Jean Caille 15/10

Léon Boutbien 15/12

Adrien Castanet 24/10

Yves Cazaux il est passé outre

Jacques Chaban Delmas il est passé outre

Roger Chaix 21/10

Ginette Chapel 15/10

Maurice Claux 5/12

Henri Chassaing 3/12

Asher Cohen décédé

Michel Cohen 20/11

Armand Coplet 7/12

Jacques Delarue 1/12

Gabriel Delaunay 5/12

Denise Descats

Michel Didier 20/10

Maurice Doublet 21/10

Maurice Druon 22/10

Pierre Durand 27/11

Lucien Duval il est passé outre

Attente Edith

Jean-Luc Einaudi 16/10

Roland Faugère il est passé outre

Fabienne Feuillerat

Roger Foustet passé outre

Georges Galichon il est passé outre

Georges Gaumont il est passé outre

Jacques Genton 20/10

Georges Gheldmann 5/11

Valéry Giscard d' Estaing plus tard

André Gonzales 14/11

Olivier Guichard 17/10

Louis Handschu il est passé outre

André Gouron 1/12

Lucette Hardi il est passé outre

M. Holtfort 27/11

Huguette Jacob il est passé outre

Jean Jaudel 22/10

Marie-Christine Jeanniot 3/12

Yves Jouffa, Mme De Gaulle, André Frossard, l'enregistrement de leur déposition lors du procès de Barbie sera diffusé

Robert Lacoste 24/11

Jean Lacouture 23/10

Simone Lagrange 27/11

Révérend Père Lechot il est passé outre

Roger Levy 15/10

Roger Lhombreaud 4/12

Jean Lisbonne 14/12

M Moquet 14/11

Jean Matteoli 22/10

P Maushe 17/10

Yvette Moch 24/11

René Monory il est passé outre

Jean Morin 5/12

Berthe Muratte 24/11

Paul Paillole

Dans la prochaine chronique, nous évoquerons les réactions des parties civiles, Elianne et Michel Dommange et Jackie Aliswaks.

(c) Copyright 1997, J.M. Matisson


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Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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