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date dernière modification : 22/07/02

Chronique du 9 décembre 1997

Papon, le Golem de Mériadeck :
« L'affaire Librach, c'est ma malédiction »

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Mardi 9 décembre 1997

Papon, le Golem de Mériadeck :

« L'affaire Librach, c'est ma malédiction »

Le premier point a trait à Léon Librach.

Le président Castagnède : "Les faits qui vous sont reprochés Papon, sont complicité d’arrestation, complicité de séquestration, complicité d’assassinat, constitutifs de complicité de crimes contre l'humanité. Pouvez-vous nous en parler Papon ? "

Papon " Oui, je viens d’arriver à la préfecture de la Gironde, et le premier mois, je suis entre Bordeaux et le chevet de mon père. Je n’étais pas en mesure de tout contrôler comme je l’ai fait plus tard. "

Le cousin de Léon Librach, Hertz est présent dans la salle d’audience depuis deux jours. Il a pris place parmi nous, sur le rang des parties civiles, et demeure assis impassible à l’écoute de l’interrogatoire chirurgical et précis du président Castagnède. Sa cravate rouge par-dessus son pull, il regarde attentivement Papon, le bourreau de sa famille. A la pause, nous discutons un peu. Il me donne des précisions sur son cousin. Il avait toujours avec lui son livret militaire et on ne pouvait pas douter qu’il soit français. Son frère est aussi concerné par la rafle de juillet. Nous parlons de celle-ci et des ordres de la préfecture et de Papon qui ont fait déporter des personnes à priori exclues de la déportation par les Allemands : son cousin Léon parce que français âgé de 26 ans, le mien parce qu’âgé de 6 ans et français. Tout au long de l’audience, il réagit peu. Il doit bouillir intérieurement, à l’écoute de la mémoire qui s’égrène dans cette salle d’assises. De temps en temps, je l’observe. Il cache son émotion, mais par moment, sur les mensonges de Papon, le bourreau de nos familles, sur ses lâchetés, sur ses tentatives de se défiler, il hoche la tête, lève un bras quand Papon va trop loin, d’un air de dire : " hé oui, pour vous ce n’était qu’un acte administratif, une erreur de fonctionnaire, pour moi c’est un drame dont les plaies demeurent toujours ouvertes ". Quand le monstre de pierre va trop loin, il efface d’un geste discret une larme qui s’échappe. Par exemple, quand le Golem de Mériadeck dit à un moment : " à l’époque, je n’en avais pas mesuré les limites. " Pour moi, il ne fait plus aucun doute que la parenté de Papon avec le Golem de Prague est évidente. Prague, c’est Kafka. Papon, c’est le fonctionnaire kafkaïen dans toute sa splendeur. Le Golem s’acharnait sur le ghetto de Prague, le Golem bordelais sur le ghetto de Mériadeck. Oui, Papon est un monstre au cœur de pierre qui détruit sans compter ni mesurer la portée de ses actes. C’est bien le Golem de Mériadeck.

Cela est très net, nous sommes enfin entrés dans les faits. L’accablement de la défense, visiblement effondrée par cette audience n’a d’égal que notre acharnement à voir la République française parler ainsi de nos morts, avec des mots simples, sur une réalité meurtrière, technocrate qui a transformé des êtres chers en mots transparents sur des listes indigestes, ponctuées d’ordres iniques, qui les ont chassés de notre réalité quotidienne, dans une fumée à Auschwitz.

Enfin, depuis 55 ans, nous voilà enfin sur la réalité monstrueuse des faits...

Le président Castagnède " Deux avocats demandent la parole. "

Maître Klarsfeld " La défense a prétendu que l’administration courait des risques si elle n’obéissait pas aux Allemands. " Maître Klarsfeld cite un rapport, qui dénombre les fonctionnaires, qui ont subi des mesures de répression, suite à leur refus d’obéir. Il apparaît dans ce rapport qu’en 1942, aucun fonctionnaire n’avait été arrêté. Donc " en 1942, Papon ne courait aucun risque, puisqu’il n’y avait pas eu de précédent. Je verse la pièce au dossier. "

Maître Varaut intervient longuement et verse au dossier soixante lettres allemandes, elles-mêmes des traductions de lettres en français, qui mettent en cause la responsabilité de Chapel.

Le président Castagnède "qu’est-ce qui a fait, Maître Varaut que ces pièces n’aient pas été déposées au cours de l’instruction écrite ? "

Maître Varaut " Elles étaient dans le dossier des experts. "

Le président Castagnède " Je vois arriver ces pièces au compte goutte et elles arrivent dans le débat oral. "

Riss, Charlie-Hebdo

Maître Varaut " Je n’ai jamais supposé que ces pièces capitales aient été oubliées. Je dis fermement qu’en ce qui concerne les cent trente radiations du fichier juif, j’ai besoin de la totalité de la correspondance. "

Le président Castagnède " Je vous demande pourquoi vous ne les avez pas produites plus tôt. Au cours de l’interrogatoire, Papon a eu connaissance des pièces, s’il en manquait, il n’avait qu’à le dire. Je maintiens que je trouve cela étrange. "

Maître Varaut " Le dossier a été constitué à charge. "

Le président Castagnède " Je maintiens mon étonnement, j’aurais préféré votre concours avant, vous aviez le devoir de le faire auparavant. Papon connaissait toutes les pièces du dossier, je me souviens même qu’il avait une excellente mémoire, il se souvenait de la couleur de l’encre utilisée par telle ou telle machine à écrire dans tel ou tel service. "

Maître Varaut " j’espère vous produire un document de l’UGIF [Union Générale des Israélites de France] qui montre que Papon est intervenu pour sauver un Juif. "

Le président Castagnède " Vous souhaitez dire quelque chose Monsieur le Procureur Général ? "

Le Procureur Général Desclaux " Je ne peux pas laisser dire que l’instruction a été menée à charge. (...) Il y a eu cent soixante-quatre transports dans les archives. Aujourd’hui, on nous remet des pièces en allemand, que je ne comprends même pas. Je trouve cela très tardif. "

Maître Boulanger revient sur la non-connaissance, par Papon des mesures que pensaient prendre les Allemands à son arrivée à Bordeaux. Il parle de la conférence de Bruxelles qui prévoit la solution finale dans l’arc atlantique. Puis il revient sur le dépôt de pièces : " Une fois de plus, la défense tente une manœuvre pour discréditer l’instruction c’est une manœuvre systématique de la défense. Retarder le procès par tous les moyens. (...) Peu importe que Chapel soit aussi coupable, cela n’enlève rien à la responsabilité de Papon. Cela nous conforte dans le fait qu’il fallait qu’il y ait dans le box des accusés, toute l’équipe de la préfecture, qui s’est occupée des questions juives. C’est ce que nous souhaitions. "

Maître Klarsfeld intervient sur cette demande, le président Castagnède lui retire la parole assez vivement. On souhaiterait qu’il use de la même fermeté envers Papon.

Le président Castagnède " Donc, en conclusion, je ferai venir à la barre puisque la loi m’y oblige, un traducteur qui traduira les pièces. " " Le premier point a trait à Léon Librach. Les faits qui vous sont reprochés, Papon, sont complicité d’arrestation, complicité de séquestration, complicité d’assassinat, constitutifs de complicité de crimes contre l'humanité. Pouvez-vous nous en parler Papon ? "

Papon " Oui, je viens d’arriver à la préfecture de la Gironde et le premier mois je suis entre Bordeaux et le chevet de mon père. Je n’étais pas en mesure de tout contrôler comme je l’ai fait plus tard. Léon Librach était français et n’aurait pas dû être déporté. Je n’ai aucune responsabilité, cela commence par un coup de téléphone de la 1ère division, 3ème bureau. Il est dit : " Librach, né à Varsovie doit être transféré à Drancy ". En même temps, Poinsot reçoit un ordre des Allemands. Librach est détenu au fort du Hâ, donc c’est un détenu allemand. "

Le président Castagnède " Pour informer complètement la cour, il s’agit d’un ordre des S.S. [ Schutzstaffel - peloton de protection] qui est destiné à Poinsot. Quel canal a-t-il suivi pour arriver à la 1ère division ? "

Papon " La question est pertinente, j’ignore totalement. Poinsot était un collaborationniste. "

Le président Castagnède " Vous n’avez pas idée comment cet ordre est arrivé ? "

Papon " Le plus simple, je suppose que Poinsot a envoyé cet ordre à la préfecture. "

Le président Castagnède " Vous ne pensez pas que cet ordre a suivi le même canal que pour le Juif Braun (...) Un ordre sous votre signature. Vous demandez à l’intendant régional de police de s’adresser à Poinsot qu’il informe directement la préfecture pour arrêter les errements et les retards. "

Papon " Oui, il y avait aussi quatre Juifs polonais, comme Librach était né à Varsovie, on le prenait pour Polonais. C’est une énorme confusion. "

Le président Castagnède " C’est d’autant plus fâcheux que les Allemands vous informaient que Librach était un Juif français. Mais la préfecture le traite comme un étranger. "

Papon bafouille

Le président Castagnède " Oui, les Allemands disent qu’il est français, donc son cas aurait dû être transmis au service des questions juives et non au service des étrangers. "

Papon " Oui, c’est certainement une erreur regrettable, il y a eu des évasions de Juifs, ce qui n’a fait qu’alourdir ce contexte. (...) Mon souci était d’écarter la responsabilité de l’administration française dans ce fâcheux dossier, il pouvait faire du bruit. "

Le président Castagnède " Ce courrier vous permet de prendre connaissance des délais et des différents canaux de transmission entre les Allemands et Poinsot, et la préfecture, puisque vous dites que, dorénavant, il faut s’adresser directement à la préfecture. "

Papon " Oui, la lettre comporte une note manuscrite qui confirme vos dires. "

Le président Castagnède " Cet ordre arrive à la préfecture, quelle suite y est-il donné ? "

Papon " Sur instruction de Sabatier, il y a un suivi exceptionnel, le cas Librach a été traité comme étranger, pas comme un Juif. "

Le président Castagnède " Je vous écoute, j’attends la réponse. Vous dites étranger, c’est plutôt Juif étranger qu’il faudrait dire. "

Papon " Il y a une lettre envoyée à la gendarmerie pour leur dire que les Allemands sont intervenus parce que ça traîne trop. Ce sont les gendarmes qui font le transfert du Hâ à Mérignac. On en parlait hier. "

Le président Castagnède " Oui, c’est comme hier, sauf qu’aujourd’hui, on traite les faits qui vous sont reprochés. "

Papon " Il est fâcheux qu’une minute ne porte pas ma signature. "

Le président Castagnède " C’est normal, il n’y a pas votre signature, il y a votre sceau. S’il est mentionné pour le préfet régional, le secrétaire général, c’est bien vous qui avez signé. "

Papon " Ce n’est peut-être pas moi. "

Le président Castagnède " Le document qui suit prouve le contraire, c’est bien vous qui signez. En tout cas, eux les gendarmes ne se trompent pas. Le sort de ces individus se trouvent réunis sur un document. Il y a Braun Viktor, Léon Librach, et quatre médecins, Jurik Jechok, Kunchin Lerszon, Harth Markus, Mager née Mirovich. Leur sort se trouve réuni sur ce document. " Il le montre à l’écran.

Ordres concernant Braun Viktor, Léon Librach, et

Jurik Jechok, Kunchin Lerszon, Harth Markus

Papon " La lettre du 27 juin, elle est bien signée par moi. La première ne l’est pas forcement, elle a pu être signée par Merville. "

Le président Castagnède " Je vois bien où vous voulez en venir. Je ne peux pas vous suivre. Regardez le document en détail. " Il décortique le document à l’écran. " Il est vrai qu’il n’y a pas votre signature. Mais signez-vous les copies et les pelures ? "

Papon " Il y a un doute, on ne sait pas si c’est moi ou Merville "

Mon père " C’est le fantôme de la préfecture !! "

Le président Castagnède " Je vous présente maintenant un document du 27 juin c’est à dire deux jours après le document que nous venons de voir. Vous indiquez par la suite au sujet de l’évasion des trois Juifs, vous voyez vous dites ce sont des Juifs, pas des étrangers. Si les documents sont de la même veine, alors ils doivent être signés par la même personne. "

Papon " J’ai pris connaissance de cette affaire par cette pièce. Au départ, le Procureur Général Desclaux ne l’avait pas mise à ma charge. "

Le président Castagnède " Qui a qualité pour donner des ordres d’arrestation ? Vous êtes accusé de complicité d’arrestation . Pourquoi Librach est-il transféré à Mérignac ? Les Allemands ne le demandaient pas ? C’est l’intendant régional de police qui en fait la demande au préfet ? "

Papon " L’ordre est du 9 juillet, la fuite des Juifs étrangers se situe entre le 9 et le 15. "

Le président Castagnède " Parlons maintenant du transfert à Drancy. Je vous présente deux documents signés Papon, le premier est l’ordre de transfert de Drancy à Mérignac. Vous savez que cet ordre équivaut à la déportation ? Le deuxième date du 6 Juillet, il s’agit de retenir des places dans le train. " (...) Le président Castagnède continue son interrogatoire méticuleux. Il évoque l’emploi du mot refoulement, plus adéquat quand on parle de refoulement d’étrangers ou d’Espagnols à la frontière. Pourquoi utiliser ce terme pour le transfert d’un Juif français de zone occupée à zone occupée. Un refoulement est acte banal franco-français qui n’a pas besoin de l’aval des Allemands.

Le président Castagnède " Vous êtes en train de dire, que vous avez agi à la légère. Sans réfléchir à la portée de vos actes ? " (...)

Papon " A l’époque, je n’avais pas à l’esprit la terminologie du terme, Je n’en avais pas mesuré les limites. "

Le président Castagnède évoque ensuite le sauvetage réalisé par l’équipe qui précède l’arrivée de Papon, elle demande et obtient la libération de Alfanderie Jeanne et de Levy Noémie, Juives de moins de 16 ans. Aucune demande ne sera faite par l’équipe Papon.

Le président Castagnède " Je vous montre ce document parce que le principe est posé, on ne déporte pas les Juifs de moins de 16 ans. Souvenez-vous en, on en reparlera. " (...) Le président Castagnède parle ensuite d’actes concomitants à ceux évoqués, en ce moment, il s’agit des préparatifs de la rafle de juillet et des actes qui figurent au dossier datés des 2, 3 et 6 juillet.

Le président Castagnède " Le cas Librach n’est pas un acte isolé. Il se télescope avec celui des quatre médecins Juifs et avec les préparatifs de la rafle de juillet, vous ne pouviez pas ignorer la gravité et la portée de vos actes ? "

Papon " Je dirai demain comment j’ai vécu cette rafle. J’en conviens, la rafle était un événement si extraordinaire qu’il prenait le pas sur tout le reste. Librach c’est une affaire "banale". "

Le président Castagnède " Banale ? Je voudrais conclure cet interrogatoire en rappelant que la personne, dont on parle, s’appelait Léon Librach. Il était né à Varsovie le 31 mai 1916. Il est naturalisé français en 1939. Il était tricoteur de son état. Il a été dirigé sur le camp d’Auschwitz, en septembre 1942 où il a été exterminé. "

Je peux témoigner qu’à ce moment, pas un murmure, pas un bruit ne s’entend dans la cour d’assises. En écrivant ces mots sur mon clavier, je suis obligé de m’arrêter, mes yeux sont pleins de larmes.

On pourrait s’en tenir là, c’est en tout cas l’avis des parties civiles, impressionnées par la précision du président Castagnède, quand il mène son interrogatoire, et quand il met en avant la dignité des victimes, quand il rappelle enfin, pour la première fois, que les faits reprochés touchent des êtres de chair et de sang.

L'avocat général, Marc Robert

L'Avocat Général Robert reprend ensuite l’interrogatoire. Il aborde les relations franco-allemandes, la Feld-Kommandantur et le S.I.P.O. SD [SIPO : Sicherheitzpolizei - Police de sûreté. SD : Sicherheitsdienst - service de sûreté nazi]. Il signale que les quatre médecins travaillaient à la clinique mutualiste, à Pessac. Mais tout de même, il obtient des aveux de Papon presque complets.

Papon " Je m’en veux de ne pas être entré dans les détails. "

Papon " L’affaire Librach, c’est ma malédiction. Ce fut une regrettable erreur. On ne pouvait pas demander à un fonctionnaire d’être un héros trois ou quatre fois par jour. "

L'Avocat Général Robert " A un fonctionnaire, non, mais à un préfet, à un secrétaire général ? "

Papon " Le secrétaire général est la victime expiatoire de ce procès. "

Le moment de se présenter comme victime expiatoire est particulièrement choisi. Quelle indécence ! On est en plein délire kafkaïen, Monsieur le Golem de Mériadeck.

L'Avocat Général Robert aborde ensuite les ordres signés Papon, par ordre du préfet, et s’étonne qu’il s’agisse de son système de défense et qu’aucune pièce du dossier ne vienne confirmer ses propos.

L'Avocat Général Robert " Donc, je note qu’il n’y a aucune pièce du dossier qui mette en cause le préfet. "

Papon " Est-ce que vous, quand le Procureur Général Desclaux vous donne un ordre, vous lui demandez de signer quelque chose ? "

L'Avocat Général Robert " Oui, mais moi je n’ai pas pour habitude de faire transférer des Juifs à Drancy. "

Papon " ... "

Les silences sont souvent plus significatifs que les longs discours...

L'Avocat Général Robert aborde une autre contradiction paponesque et kafkaïenne " Vous dites un jour : " Je ne signe que quand Sabatier et Boucoiran sont absents ". Et un autre jour vous dites : " Je ne signe que sur ordre express du préfet. "

Papon " Ce n’est pas contradictoire "

L'Avocat Général Robert " Donc, vous signez des ordres d'arrestation quand le préfet n’est pas là ou quand il vous donne un ordre verbal ? Votre rôle était d’obéir ? "

Papon " D’obéir et de saboter. Je me suis réjoui de l’évasion des trois médecins Juifs. "

L'Avocat Général Robert " Mais le 6 juillet, vous donnez de nouvelles instructions aux gendarmes pour les poursuivre et Goldenberg était aussi un Juif français. Il apparaît à ce moment. Pourquoi ? "

Papon " Je suis victime d’une erreur regrettable de mon administration. "

L'Avocat Général Robert " Si vous êtes victime d’une erreur, Sabatier à qui vous prétendez en référer, lui le sait qu’on ne déporte pas des Juifs français. Lui le sait, il aurait dû vous le dire, si votre version des faits est vraie ? "

Papon " ... "

L'Avocat Général Robert " Le transfert à Drancy du 6 juillet, c’est aussi sur instruction verbale de Sabatier que vous le signez ? "

Papon " Oui. "

L'Avocat Général Robert " Ce qui est étonnant chez vous, c’est que lors de l’interrogatoire de l’instruction, vous avez dit des choses différentes. (...) Tout montre que cette affaire est placée sous votre seule et entière autorité, vous êtes le donneur d’ordres, c’est toujours vous qui signez. "

Papon " Pour l’affaire Librach ? "

L'Avocat Général Robert " De quoi parle-t-on ? "

Papon " C’est ma malédiction. "

L'Avocat Général Robert " Vous regrettez mais un peu tard, donc c’est bien vous le seul donneur d’ordre. " (...) L'Avocat Général Robert aborde ensuite Drancy.

Papon " On n’avait pas connaissance du sort réservé aux Juifs. "

L'Avocat Général Robert " Pourtant vous avez dit en parlant de Drancy, le sort en est jeté. "

Papon " Aléa jacta est. Vous ne croirez pas comme Maître Jacob que je me réjouissais d’Auschwitz. "

L'Avocat Général Robert " Je ne suis pas là pour savoir si vous vous réjouissez de vos actes. Je suis là pour instruire les actes qui vous sont reprochés. "

Papon : (...)

L'Avocat Général Robert " Où dans le dossier Librach, voyez-vous un geste d’humanité ? Qu’avez-vous fait pour lui ?"

Papon " C’est facile de dire cela aujourd’hui, sur un cas isolé. "

L'Avocat Général Robert " Une fois de plus, il ne s’agit pas d’un cas isolé. Il s’agit d’un fait qui vous est reproché. "

Le Jury


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© Affaire Papon - JM Matisson

Page mise à jour le 14 octobre, 2002

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