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Title: Une définition de la Shoah
Je vous livre copie d'un mail de Jean-Marie Matisson, publié sur la liste LDH. Il suivit le procès Papon, et en fit une remarquable chronique sur le web. Last but not least, il fût directement concerné par les agissements du préfet Papon.
Comme je crois au poids des mots et qu'ils peuvent tuer aussi bien que des mitraillettes, je pense que vous soulevez là une véritable question.
Votre argumentaire :
*************************************
Le terme shoah n'est pas "approprié" reprenons les arguments de glucksmann :
- le terme de ceux qui l'ont commis est "solution finale" et c'est le terme le plus précis sur leurs intentions.
- le terme shoah est un mot  hebreu : pourquoi coller un mot hebreu a la destruction de juifs ?
*************************************
ne me semble pas approprié.
Vous dites que "solution finale" est le terme le plus précis sur les intentions des bourreaux, mais c'est une invention allemande qui cache la vérité. Quand il est utilisé la première fois par les nazis, quand justement la "solution finale" est décidée, le terme sert à cacher le projet d'extermination des juifs par les nazis. C'est justement pour cela que le terme ne me semble pas du tout approprié...
Moi, je dis que "shoah" est le terme le plus précis sur ce qu'ont vécu les victimes.

Mais avant de développer je précise que je n'aime pas du tout le terme "holocauste" parce qu'il est le terme le plus faux-cul sur le génocide. C'est en fait une forme de révisionnisme catholique (d'ailleurs les premiers à utiliser le terme sont des écrivains chrétiens). Holocauste a une connotation sacrificielle - Alors Qui sacrifie Quoi ? - Est-ce un sacrifice à Dieu - Oui, et vous l'avez vu : les juifs se sont laissés conduire comme des agneaux ( L'académicien Maurice Druon au Procès Papon) - c'est la justification du génocide - donc les bourreaux ont agi sous la main de Dieu - donc les bourreaux ne sont pas des bourreaux mais des officiants - Dieu s'est vengé du peuple juif parce que le peuple juif est le peuple déïcide, etc., etc.

Shoah qui signifie "annéantissement" semble choquer (non choque) parce que c'est un mot hébreu et que la Shoah n'a pas concerné que le peuple juif mais aussi les tziganes, les handicapés mentaux, les homosexuels, les politiques, etc..

Mais si on admet pourquoi Shoah, alors pourquoi pas Shoah ?

Claude Lanzmann n'est pas l'inventeur du mot bien sûr, mais est le premier à généraliser Shoah dans ce sens, le terme est repris partout sauf aux états unis où Holocaust demeure.

C. Lanzmann dit que quand il a voulu nommer son film au bout de onze ans de travail, aucun terme ne convenait, il n'y avait pas de nom pour "cela". Il voulait l'appeler le "monstre", la "chose", bref comment nommer pour la première fois ce qui n'était jamais arrivé avant. Shoah est un mot "court" et "opaque" qui ne veut rien dire, que personne ne va comprendre. C'est ce que voulait Lanzmann pour son film. Shoah n'est pas de l'ordre de la mémoire, il est de l'ordre de l'immémorial.

Quant à moi j'aime mieux parler de génocide.

 


Le devenir-médiateur de l'acteur

L'empressement avec lequel des médias traditionnels (presse, chaînes de radio et télévision) se précipitent sur Internet ne saurait surprendre. C'est leur propre fonction d'intermédiaire spécialisé dans le traitement de l'information qui se joue. De la mise en ligne des titres de presse (changement de support à contenu invariant) à l'animation de sites ponctuels, la palette des initiatives est large. Notons cependant, qu'à l'heure actuelle, la mise sur le Web des journaux n'a pas cannibalisé leur édition papier, parfois bien au contraire[11]. Il ne faut donc pas pronostiquer mécaniquement la disparition des massmedia. Cependant, ces derniers -notamment dans leur quête du scoop comme dans l'affaire Monica Lewinsky[12]-se voient concurrencés par la relative facilité avec laquelle il devient possible de diffuser largement l'information à toute échelle grâce au Web, et spécialement par l'ouverture de sites événementiels.

Mais ce qui se profile remet en cause de manière bien plus profonde encore la structure de la médiation puisque le réseau permet aux acteurs d'un événement de devenir les producteurs et diffuseurs naturels de l'information qui concerne cet événement. Par exemple, parmi les sites qui ont couvert le procès Papon, l'un d'entre eux a été créé et tenu seul par l'un des plaignants, Jean- Marie Matisson. Il proposait la consultation du dossier d'accusation, la présentation des familles plaignantes, les témoignages tout aussi bien que des forums ou l'intervention de spécialistes ; toutes propositions hors de portée des médias traditionnels et qu'à lui seul il offrait. Ce qui en dit long sur les nouvelles possibilités éditoriales ouvertes par ce nouveau canal d'expression. Plus même que l'abondance de l'information, c'est la tonalité qui était remarquable. Acteur engagé, Jean-Marie Matisson ne s'encombrait pas du style impersonnel des médias de masse, employé même par ceux qui avaient ouvertement pris parti. Par ailleurs, il ne faut pas opposer mécaniquement médias de masse et édition de sites. La notoriété du site Matisson était fondée dans une large mesure sur des médias traditionnels : ce sont des articles de presse, en l'occurrence, qui ont annoncé et validé ce site.

On s'accorde à constater que la médiatisation accomplie par des institutions spécialisées (presse, télévision, etc.), participe de la construction de l'événement. Dans le contexte de l'auto-médiation, cette idée demande alors révision. Ici, en effet, événement et médiatisation sont inséparables puisque ce sont les mêmes acteurs qui les portent. Tout au plus peut-on considérer qu'il s'agit de moments particuliers dans un même processus.

On voit se dessiner, en fait, une double évolution. Avec de faibles moyens -et une grande dépense d'énergie- on peut atteindre une audience sans commune mesure avec ce que coûterait une diffusion par les médias classiques. Mais parallèlement, les principaux acteurs de l'édition en ligne (grands quotidiens, chaînes d'information comme CNN, etc.) investissent des sommes importantes dans des programmes et moteurs de recherche offrant exhaustivité, rapidité et convivialité aux utilisateurs. L'industrialisation de l'auto-médiation devient l'un des principaux enjeux socio-techniques d'Internet. Mais cette industrialisation porte dans ses flancs des outils facilitant l'expression directe des acteurs sociaux. Dans cette course-poursuite rien ne garantit le succès final des industries informationnelles.

Le on line devient une modalité idéale de service personnel. Quantité d'illustrations peuvent être invoquées. Ici, un site du syndicat américain AFL-CIO propose aux salariés de comparer leur feuille de paye avec celle des patrons de plusieurs centaines de grandes entreprises, incluant leur prime et autres émoluments adjacents. Là, on peut suivre quasiment en direct, sur le site d'un organisme de prévision météorologique[13], le résultat des simulations des effets de El Nino sur le climat actuel et futur du continent américain ainsi que des principales régions du globe. Là encore, des étudiants, en mal d'inspiration, de compétence ou de temps, s'adressent à des sites spécialisés pour télécharger des devoirs prêts à l'emploi[14].

Les activités boursières trouvent avec Internet un fantastique moyen d'effectuer directement des transactions en évitant les maisons de titres et de courtage[15]. Réalisée sur Internet aux États- Unis, le coût d'une opération est en effet près de huit fois plus faible que par l'entremise d'un courtier utilisant le téléphone, la télécopie ou le courrier. Le média incite à la création de services spécifiques, indépendants de l'industrie financière installée. De grands opérateurs (ainsi que certains fonds de placement), conscients du risque de perte de leur monopole, ouvrent, eux aussi, des sites Web pour permettre aux épargnants de placer directement leurs fonds. La substitution du courtage financier par des instruments automatiques commence à concurrencer, aux États- Unis, les sociétés boursières. Il est désormais possible de réaliser directement, via le Web, une introduction en Bourse, grâce à l'assistance de programmes spécialisés[16]. Opération coûteuse (jusqu'à plusieurs centaines de milliers de dollars), fastidieuse (des formulaires de plusieurs centaines de pages) et longue lorsqu'elle est réalisée par des institutions spécialisées, elle devient économique et plus rapide sur le Web.

 

 

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© Affaire Papon - JM Matisson

Page mise à jour le 17/06/03 09:47

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