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Radio Londres BBC, 1942-1944
13 octobre 1943
21 heures 30 - 22 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Roger Chevrier

 

Speaker A : Nous vous avons souvent parlé des persécutions que les Allemands infligent aux juifs dans toute l'Europe.

Ces persécutions n'ont point cessé. Elles ont même, hélas, augmenté soudain, il a trois mois, et dans certains camps, comme à Drancy, les conditions sont devenues plus inhumaines encore, si c'est possible.

Speaker B : Depuis la création du camp de Drancy, le commandement était confié à un commissaire de police français et l'administration intérieure du camp était assurée par des inspecteurs de police français, la surveillance étant confiée à des gendarmes.

Speaker A : Or, au début du mois de juin, un Allemand, officier de S.S., le Hauptsturmführer Brunner, a commencé à s'intéresser aux juifs et plus particulièrement au camp de Drancy.

Lors de ses visites, Brunner a divisé les internés en diverses catégories, en vue d'organiser systématiquement la déportation.

Speaker B : Ce premier triage des internés a eu pour conséquence, le 23 juin 1 943, le départ de 1 002 d'entre eux vers l'Est européen. Puis les événements se précipitent.

En effet, le vendredi 2 juillet, Brunner prend effectivement et officiellement possession du camp de Drancy. Son premier acte est d’éliminer le commissaire et les inspecteurs de police, ainsi que les fonctionnaires de la Préfecture de la Seine. Il ne conserve que les gendarmes pour la surveillance extérieure du camp. Puis il organise méthodiquement la chasse aux juifs non encore internés et leur déportation en Pologne et en Ukraine.

Speaker A : Dès le 5 juillet, Brunner se rend à l'hôpital Rothschild ; il renvoie immédiatement les inspecteurs et les agents de la Préfecture de police qui y assuraient la surveillance des malades détachés des camps et considérés comme internés. Les médecins de l'hôpital Rothschild, dont plusieurs ne sont pas juifs, ainsi que le directeur de l'hôpital, sont considérés comme otages et doivent s'attendre à des représailles si un malade interné parvient à s'évader.

Brunner ordonne que tous les internés étrangers de l'hôpital Rothschild soient amenés le jour même à Drancy, ainsi que 70 % des malades français, quel que soit leur état. On transfère le jour même à Drancy ces malades, parmi lesquels de grands tuberculeux, des cancéreux, des paralysés, de récents opérés dont les plaies ne sont pas encore fermées, ainsi que des accouchées avec leurs bébés ; puis Brunner charge des médecins de procéder à une enquête sur tous les malades juifs en traitement dans les divers hôpitaux parisiens de l'Assistance publique. Les mêmes médecins sont chargés de faire une enquête dans les asiles et doivent faire un rapport sur chaque aliéné juif en indiquant, le cas échéant, si c'est un violent et combien d'hommes sont nécessaires pour le maintenir et l'emmener au camp.

Speaker B : En même temps, Brunner interdit l'évacuation des malades de Drancy pour quelque motif que ce soit ; les opérations chirurgicales doivent avoir lieu à Drancy, ainsi que les accouchements. Les maladies contagieuses, quelles qu'elles soient, y sont soignées.

Etant donné que l'infirmerie de Drancy, installée dans des conditions très sommaires, ne permet pas d'isolement sérieux, on est en droit de craindre des épidémies, surtout que le nouveau régime met les internés en état de moindre résistance en raison de la sous-alimentation.

Speaker A : Le 9 juillet, 300 internés, époux de femmes non juives, qui étaient considérés comme non déportables, et dont un grand nombre étaient en instance de libération, sont déportés vers l'ouest, dans la région de Bordeaux, pour y travailler dans l'organisation Todt.

Speaker B : Le samedi 10 juillet, Brunner et son adjoint Bruckner se rendent au camp d'internement de Beaune-la-Rolande. A la suite de cette visite, Brunner ordonne le transfert à Drancy de tous les internés de Beaune, y compris ceux qui se trouvent à l'infirmerie ou i l'hôpital. Ces internés arrivent à Drancy le 12 juillet.

Speaker A : Le 14 juillet, Brunner fait procéder à une enquête sur les vieillards provisoirement détachés du camp de Drancy et hébergés à l'hospice Rothschild où ils sont considérés comme internés. Il demande également une liste nominative de tous les vieillards et enfants hébergés dans les différents établissements de l'organisation officielle juive, et de tous les malades, internés ou non, qui se trouvent encore à l'hôpital Rothschild.

Speaker B : Durant ce temps, Brunner met au point l'organisation définitive du camp et répartit les internés en 7 catégories :

1) Déportables vers l'est - la grande masse des internés.

  1. Déportables vers l'ouest dans l'organisation Todt - cette catégorie comprend les époux de femmes non juives.
  2. Employés du camp - médecins, infirmières, cuisiniers.

4) Internés en instance de libération (non juifs internés par erreur).

5) Familles des prisonniers.

6) Internés attendant leur famille.

7) Juifs considérés comme non déportables en raison de leurs nationalités (Américains, Anglais, neutres, Italiens, Hongrois, Bulgares, Roumains).

Speaker A : Brunner organise aussi un service spécial de police chargé d'aller a domicile inviter les familles d'internés à rejoindre les leurs au camp sous la menace de représailles.

Les services de police exercent un véritable chantage pour amener les familles à se présenter volontairement au camp ; on les menace notamment de fusiller l'interné si elles ne se présentent pas dans un délai très bref.

Ces menaces de représailles ont eu pour conséquence de nombreux internements " volontaires " (environ 150 en une seule semaine).

Speaker B : Dès que toute la famille de l'interné est rassemblée à Drancy, l'interné qui était dans la catégorie n° 6 internés attendant leurs familles - est versé ainsi que tous ses parents dans la catégorie n° 1, c'est-à-dire des déportables vers l'est.

Speaker A : Il semble donc, dans ces conditions, que le S.S. Hauptsturmführer Brunner voudrait mettre la main sur tous les services antisémites allemands en France pour organiser en grand la déportation. En même temps, la réorganisation porte aussi sur le régime intérieur du camp de Drancy. Il semble qu'il veuille y introduire le régime de Dachau.

Dès son arrivée au camp, Brunner interdit immédiatement la correspondance et supprime les colis individuels que les détenus avaient le droit de recevoir une fois par semaine. En ce qui concerne la correspondance, les nouveaux internés ont cependant l'obligation d'écrire à leur famille une lettre dès leur arrivée ; cette lettre a pour unique but d'informer l'autorité allemande de l'adresse de la famille de l'interné et d'aider les services de police allemands.

Speaker B : Une des premières mesures prises par Brunner a été d'installer dans les sous-sol du camp une prison où les internés, qui font l'objet de sanctions pour les motifs les plus futiles, sont mis au pain et à l'eau. Les conditions d'hygiène de cette prison obscure et humide sont telles qu'un interné robuste ne pourrait y résister plus d'un mois.

Il est interdit aux détenus d'approcher des S.S. ; chaque fois qu'un interné, homme ou femme, croise un S.S. il doit se ranger et se mettre au garde-à-vous.

Les S.S. frappent constamment les détenus, giflent les femmes. Un détenu frappé à coups de brique, dut être hospitalisé, un morceau de brique ayant pénétré dans le cuir chevelu. D'ailleurs, c'est Brunner qui donne l'exemple. Le matin, dès sa sortie, il se rend accompagné de ses adjoints à la prison du camp pour y cravacher les prisonniers.

Speaker A : Tel est le régime que le S.S. Brunner a introduit dans le régime déjà si rude de Drancy. Et cet enfer n'est que l'antichambre d'un autre enfer, celui de la déportation dans l'Est européen.

Français, secourez vos compatriotes israélites en danger d'être déportés. Aidez-les dans leur fuite. Et. surtout, recevez chez vous, hébergez les enfants que l'Allemand veut arracher à leurs parents.

 

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© Affaire Papon - JM Matisson

Page mise à jour le 28/08/03 10:12

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