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Radio Londres BBC, 1942-1944 Les Juifs persécutés
Speaker 1 : Actuellement, Messieurs les nazis ne sont point satisfaits ; ils trouvent que l'aryanisation des affaires juives ne va pas assez vite. Alors ils font écrira à leurs valets du journal Le Matin un article qui est un petit modèle de saleté. Jugez vous-mêmes. Speaker 2 : " Nombre d'immeubles ayant appartenu à des juifs sont à vendre. Et, pourtant, le public français témoigne d'une certaine réserve. Il semble qu'il craigne d'être un jour dépossédé. Comme s'il n'y avait pas, pour le rassurer, dans l'histoire de France, au moins un précédent : les biens nationaux n'ont jamais été restitués, que nous sachions, à leurs détenteurs initiaux, même pas au retour de la monarchie. " La vérité est que le grand public ignore tout de la loi du 21 juillet 1941, qui régit la vente d'immeubles juifs. Cette loi est en vigueur dans les deux zones, non-occupée et occupée. " Si le public français témoigne d'une cerne réserve, c'est qu'il répugne à se prêter à cette opération de vol organisé. Et toute l'attitude actuelle des Français de zone occupée le prouve. Tantôt nous apprenons par les journaux qu'un abbé de la banlieue a délivré des actes de baptême à des israélites pour les soustraire aux persécutions nazies, tantôt qu'un inspecteur de police a été arrêté pour avoir aidé plusieurs dizaines de juifs à passer la zone de démarcation, tantôt que les étudiants à Paris, pour manifester leur solidarité à leurs camarades israélites portent des croix bleu ciel sur la poitrine avec le mot chrétien. Speaker 1 : De Lourdes Speaker 2 : Un des dimanches du mois d'août, devant 30 000 personnes, un prédicateur a terminé son sermon par ces mots : "Priez pour la France, priez pour nos prisonniers, priez pour nos frères juifs qui sont les plus malheureux. " Speaker 1 : Et cela est d'ailleurs tout à fait normal, surtout au moment où les nazis se livrent à la plus horrible des persécutions, celle dirigée contre les enfants. Speaker 2 : 4 000 enfants israélites en France occupée ont été, de la façon la plus inhumaine, séparés de leurs mères et parqués dans des camps de concentration à Pithiviers, à Beaune-la-Rolande, et à Drancy (1). Dans chacun de ces camps, ordre fut donné, dès l'arrivée de ces petits malheureux, de leur enlever tout ce qui pouvait établir leur identité et faciliter éventuellement des recherches à leur sujet. Après un bref séjour dans ces camps, ces milliers d'enfants furent entassés dans des trains et envoyés en Allemagne. Speaker 1 : Voilà où nous en sommes. Pendant ce temps-là, Monsieur le Maréchal Pétain et M. Pierre Laval adressent des télégrammes de félicitations au commandant des troupes d'occupation pour avoir " nettoyé " le sol français.
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