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à jour le 16/12/2002
La famille Panaras
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Originaires de Tukum en Courlande, région de
Lettonie, entre la Baltique et la Dvina.
Asher, Samuel Geller, né le 4 mars 1884.
Et Temé Geller, née le 2 février 1882.
Quittèrent le Lettonie vers 1904, allèrent en Suède, où naquirent 3 filles dont ma
mère, puis s'installèrent en Angleterre vers 1911.
Ma mère Ida, est née en Suède le 29 octobre 1912.
Mon père est né en Lithuanie le 15 juin 1905.
Maintenant, on sait que mes grands-parents :
- ont été pris dans la rafle du 19 octobre 1942 (on dit que ma grand-mère aurait été
sortie sur une civière) et conduits à Mérignac.
- firent partie du convoi du 26 octobre 1942 pour Drancy (un de mes oncles caché dans un
hôpital psychiatrique dans la Loiret reçut, par un intermédiaire, deux cartes signées
de mon grand-père et postées de Drancy).
- les noms de mon grand-père et de ma grand-mère sont cités dans le convoi numéro 42
du 6 novembre 1942 pour Auschwitz.
- il est dit " qu'ils sont tous les deux décédés à Auschwitz (Pologne) le 11
novembre 1942, ainsi qu'il résulte d" un jugement déclaratif de décès rendu le
par le Tribunal Civil de Bordeaux le 19 décembre 1951, transcrit sur les registres des
actes de l'état civil de la ville de Bordeaux le 15 janvier 1952, sans avoir fait de
testament ! !)
Ainsi, après avoir signé la feuille de recensement des Israélites à la préfecture de
la Gironde le 1er Novembre 1940, où il déclarait avoir " un gendre blessé de
guerre ", dans la Somme, près de Peronne, et qui fut d'ailleurs décoré de la
médaille militaire par le Général Huntzinger, puis de retour à Paris, dénoncé et
arrêté par des policiers en civil, déporté et mort au camp de Sobobor (convoi numéro
53 de Drancy du 25 mars 1943), et un autre gendre (mon père), prisonnier en Allemagne,
veuf dont le deux enfants en bas âge ( 2 ans et demi et moi-même 7 ans) sont à notre
charge ".
Malgré cela, ils furent déportés sans ménagement.
--- ILS NE FAISAIENT PAS PARTIE DES CAS INTÉRESSANTS !!! --- |
Le
témoignage de René Panaras
Abraham, René Panaras
Partie civile
Dernière modification : le 30/12/97
Mes Grand-parents :
Originaires de Tukum en Courlande, région de Lettonie, entre la Baltique et la Dvina.
Asher, Samuel Geller, né le 4 mars 1884.
Et Temé Geller, née le 2 février 1882.
Quittèrent le Lettonie vers 1904, allèrent en Suède, où naquirent 3 filles dont ma
mère, puis s'installèrent en Angleterre vers 1911.
Ils arrivèrent en France à Paris en 1913 et se fixèrent définitivement à Bordeaux en
1916. Leur quatrième fille est née à Bordeaux en 1916. Ils ont d'abord habité au
numéro 6, quai de la Monnaie, et ont enfin acheté en 1920 la maison située au 58, Cours
de la Somme, à Bordeaux.
Mon grand-père était tailleur pour homme, métier appris en Angleterre après avoir
été casquetier en Suède.
Mes Parents :
Ma mère Ida, est née en Suède le 29 octobre 1912.
Mon père est né en Lithuanie le 15 juin 1905.
Il est arrivé en France vers 1925 et a été naturalisé Français en 1932, le 19
janvier.
Ils se sont mariés le 11 octobre 1932 à Paris, 3ème.
Je suis né le 22 janvier 1934 à Paris 10ème .
Ils se sont installés Photographes à Bazas (Gironde) en 1935 ou 36.
Ma soeur Annette est née à Bazas en 1938.
En 1939, ma mère a eu des ennuis cardiaques et nous avons été confiés à des familles
:
Moi, dans une famille près de Bazas (M. et Mme Baluteau à St Côme)
Ma soeur, à une famille près de Bordeaux (M. et Mme Mitteau, à Chambéry, près de
Léognan, elle y est restée jusqu'en 1945, soigneusement cachée)
La période de la Guerre :
Mon père a été mobilisé à la déclaration de Guerre. Il a été fait prisonnier le 17
juin 1940 dans les Ardennes et envoyé au Stalag II A en Prusse orientale près de
Stettin. Il a été libéré par les troupes russes le 1er mai 1945.
Ma mère est morte le 17 juin 1940 ; elle est enterrée au cimetière israélite Cours de
l'Yser à Bordeaux. Je n'ai pas pu l'embrasser une dernière fois à Bazas avant son
départ en car pour l'hôpital de Bordeaux.
En 1941, passage, à nouveau clandestin, et je suis alors pris en charge par mes
grands-parents, et une de mes tantes .
En 1942, je porte, ainsi que toute ma famille, l'étoile jaune.
- A l'école, nous étions 5 ou 6 élèves avec l'étoile, certains gamins nous
bousculaient et nous traitaient de " sales Youpins ", mais nous étions toujours
défendus par le Directeur.
- Dans la rue, c'était l'angoisse de rencontrer des officiers allemands. Cours de
l'Intendance, il fallait descendre sur la chaussée ou changer de trottoir quand on les
voyait.
- Le soir, il fallait courir pour rentrer avant 19h30 ou 20h00.
- A cause de l'étoile jaune, ma tante, esthéticienne, Cours de l'Intendance, a perdu son
emploi.
- Elle est revenue au salon pour se faire coiffer. La personne qui lui faisait son
shampooing s'est exclamée : " Et puis merde, je refuse de laver la tête d'une juive
! ! ". Ma tante est sortie avec un foulard sur la tête pleine de savon. (Elle y est
revenue, en 1947, sans dire un mot, et a laissé un pourboire " Royal ").
- En haut du Cours de l'Intendance, il y avait un café " Le Régent " qui avait
affiché " INTERDIT AUX CHIENS ET AUX JUIFS "
- A l'été 1942, nous avons eu une visite : c'était un prisonnier de guerre évadé du
Stalag II A où était mon Père. Je fus prier d'aller jouer dehors, ce que je fis, mais
je collai mon oreille contre la porte. J'appris alors que mon Père s'était ouvert les
veines en apprenant la mort de sa femme. J'ai hurlé de douleur en apprenant ainsi, deux
ans après, la mort de ma mère.
La période des rafles :
Comme tous les enfants je suppose, j'étais tenu à l'écart des discussions des grands :
privé de mes parents, j'avais déjà eu mon compte de malheur. Beaucoup de gens venaient
discuter avec ma tante et mes grand-parents.
Et puis un soir, ma tante a dit qu'il fallait partir et a supplié ses parents de la
suivre. Ils avaient terriblement vieillis, quoique jeunes encore, mais ils ne s'étaient
pas remis de la mort de ma mère.
Ils étaient trop vieux disaient-ils. Ils pensaient qu'ils ne risquaient rien. Ils
étaient tout de noir vêtus.
Ma tante et moi quittèrent Bordeaux dans la nuit. Elle avait tout organisé. Je fus
confié à une personne, qui, m'a-t-on dit après, me fit passer la ligne de démarcation
près d'Aire Sur Adour. Je restais quelques temps dans une ferme près de Garlin dans les
Pyrénées Atlantiques. Ma tante vint me chercher dès qu'elle réussit à se faire faire
des faux papiers au nom, je crois me souvenir, de Danièle Gélin.
Ma tante me dira quelques années après, que mes grands-parents ont été pris dans la
rafle tout de suite après notre départ.
- Dans l'arrêt du 18 septembre 1996, de la Chambre d'Accusation de la Cour d'Appel de
Bordeaux, il est dit page 151, que 40 personnes sur 400 que comportait la liste établie
par les autorités allemandes manquaient.
Je ne sais pas si ma tante et moi-même faisions partie de la liste -
Après la guerre, nous retrouvâmes la maison 58, Cours de la Somme, vidée de TOUT. On ne
sut jamais par qui ! Nous vendîmes la maison en 1965.
Maintenant, on sait que mes grands-parents :
- ont été pris dans la rafle du 19 octobre 1942 (on dit que ma grand-mère aurait été
sortie sur une civière) et conduits à Mérignac.
- firent partie du convoi du 26 octobre 1942 pour Drancy (un de mes oncles caché dans un
hôpital psychiatrique dans la Loiret reçut, par un intermédiaire, deux cartes signées
de mon grand-père et postées de Drancy).
- les noms de mon grand-père et de ma grand-mère sont cités dans le convoi numéro 42
du 6 novembre 1942 pour Auschwitz.
- il est dit " qu'ils sont tous les deux décédés à Auschwitz (Pologne) le 11
novembre 1942, ainsi qu'il résulte d" un jugement déclaratif de décès rendu le
par le Tribunal Civil de Bordeaux le 19 décembre 1951, transcrit sur les registres des
actes de l'état civil de la ville de Bordeaux le 15 janvier 1952, sans avoir fait de
testament ! !)
Ainsi, après avoir signé la feuille de recensement des Israélites à la préfecture de
la Gironde le 1er Novembre 1940, où il déclarait avoir " un gendre blessé de
guerre ", dans la Somme, près de Peronne, et qui fut d'ailleurs décoré de la
médaille militaire par le Général Huntzinger, puis de retour à Paris, dénoncé et
arrêté par des policiers en civil, déporté et mort au camp de Sobobor (convoi numéro
53 de Drancy du 25 mars 1943), et un autre gendre (mon père), prisonnier en Allemagne,
veuf dont le deux enfants en bas âge ( 2 ans et demi et moi-même 7 ans) sont à notre
charge ".
Malgré cela, ils furent déportés sans ménagement.
--- ILS NE FAISAIENT PAS PARTIE DES CAS INTÉRESSANTS !!! ---
Photos
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Le mariage
des parents de René Panaras |
Le père de René
Panaras |
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"Recensement des
Israëlites, Panaras René 1934, Panaras Annette 1932" |
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