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Dernière mise
à jour le 16/12/2002
Jackie Alisvaks
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Jackie Alisvaks,
jeune, il échappe à la déportation à l'âge de 6 ans, Partie
civile |
Pourquoi
?
Pourquoi on ne s'est pas plus battu ?
"C'est cette soumission qui m'obsède."
Jackie ALISVAKS revient souvent sur cette résignation à laquelle il
n'arrive pas à donner de sens. Parmi les 1560 juifs dont 223 enfants que
Maurice PAPON a conduit à la déportation, il y avait 8 membres de sa famille
qui ne sont jamais revenus. Sa mère, son père, des cousins, une grand-mère...
« J'avais cinq ans. Mes parents ont fait partie
du convoi du 18 juillet 1942 qui partait pour Drancy, puis Auschwitz. Moi aussi
j'ai été arrêté et je devais être déporté. C'est la police française qui
est venu nous arrêter tous les cinq, mes parents et les 3 enfants, alors que
nous attendions le passeur puisqu'on avait été averti qu'il y aurait une
rafle. La Gestapo avait demandé que ce soit les gens valides et adultes qui
soient déportés mais PAPON faisait, lui, un nettoyage ethnique quel que soit
l'âge des personnes. Nous avons été emprisonnés mais nous trois, les
enfants, nous avons été sauvés par un policier ».
« Ma mémoire vive n'existe plus. J'ai du avoir un choc terrible. J'ai une
sorte d'amnésie, peut-être un refus de me rappeler. J'ai tout occulté »,
confie Jackie qui rajoute : « Je n'ai pas le souvenir de la douceur de la peau
d'une mère, de cette tendresse... quand un enfant met son oreille sur le corps
de sa mère. Toute ma vie j'ai eu l'impression d'avoir été abandonné. Je suis
comme un enfant de 5 ans qu'on a laissé sur un quai de gare ».
Jackie, 60 ans, a besoin de « reprendre racine » et compte sur le procès
pour faire ce miracle. Un peu comme quand on lance la dernière bouteille à la
mer.
Et ceci, contrairement à MITTERAND « Avec qui tout s'est fermé. L'attitude
de CHIRAC a tout débloqué. On ne reviendra pas trop là-dessus mais il faut
savoir qu'entre le juridique et le politique, c'est le politique qui gagne ».
Pour le moment au fond de lui-même, il ne « sait
» même pas si ses parents sont morts bien qu'il étale, sur la table de sa
petite maison et avec l'aide de sa femme, les photos, les dernières lettres de
Drancy, les preuves dont les copies figurent désormais dans les 56 000 pages du
dossier PAPON.
S'est-il surpris à en vouloir à ses parents de ne pas être là ?
La réponse fuse :
« Oui, je savais que ce n'était pas de leur faute mais je leur ai
reproché cet « abandon ». C'est difficile d'avoir à porter la mort de ses
parents sans pouvoir la matérialiser ». Sa femme acquiesce. On sent qu'elle a
eu le rôle lourd d'avoir partager cette douleur. « Corporellement, mon épouse
a été ma mère en même temps ».
PAPON
nous a « volé » et « violé »
« PAPON a dit Je ne fait que respecter la loi .
A quel prix ?
A tout ceux qui disent que PAPON est un vieil homme et qu'il est trop tard pour
le juger, je leur dis que je suis très choqué. Monsieur PAPON a 87 ans mais
moi je le vois à l'âge de 32 ans. C'est tout. Il a cette froideur dans les
yeux qui vous glace. Il est d'un mépris... Il fait des frissons dans le dos.
Comment cet homme a-t-il pu dire à ses petits enfants : « Je vous aime ? ».
Il a un comportement de revanchard. C'est un garçon qui n'a jamais eu de
regrets et qui nous a traîné plusieurs fois en justice depuis 1981 pour gagner
du temps ».
Bien sûr, rien n'est réparable et ce n'est que dans les films que les
grandes douleurs rapprochent les victimes :
« Avec mon frère et ma soeur on s'est presque déchirés. Pourquoi ? Je ne
sais pas, je ne peux pas l'expliquer. Mais ça a à voir avec ce qui nous est
arrivé ».
Pour Jackie, PAPON les a volés et violés., il a outrepassé ses droits en
tant qu'être humain. Et c'est ce qu'il entend dire haut et fort au procès
quand aux alentours du 15 novembre, viendra son tour de témoigner.
« Tout cela m'a appris à aimer l'homme »
Conclut ce grand-père pour qui la religion juive ne représente pas grand
chose et qui se dit surtout laïc et républicain. Sa femme est catholique et il
est partisan d'une grande liberté de conscience. Il cache à peine son
agacement quand il évoque les « intégristes » résumer ces drames à des
problèmes religieux... là où il voit, avant tout, des problèmes d'humanité.
Nul ne peut savoir ce qui dérape et dans lequel il place peut-être des espoirs
exagérés.
Mais il y a de fortes chances pour que Jackie ALISVAKS continue à regarder
longtemps des films sur le génocide, dans l'espoir, comme il dit, « de
reconnaître par hasard le visage de mes parents ».
Dialogue de la Famille Jackie ALISVAKS sur
l'affaire PAPON
Pour la mémoire, un deuil et une sépulture.
Une soirée comme les autres dont nous avons décidé de faire le point sur
l'affaire PAPON, c'est un moyen d'ouvrir son coeur , car pour la première fois
nous avons envie d'en parler entre nous, pour pouvoir faire la lumière. C'est
aussi de pouvoir soigner et cicatriser une blessure qui aujourd'hui a du mal à
se refermer. Ma famille, aujourd'hui, espère beaucoup de ce procès pour
pouvoir porter le deuil de nos parents et de nos grand-parents pour qui la
justice a du mal à être rendue par l'absence périodique et prolongée de
PAPON. " Comédie ou maladie ".
Comédie oui puisque la justice lui a permis de rester en liberté non
conditionnelle et dans des endroits " hôtel 4 étoiles " de luxe sous
la protection du G.I.G.N. pour sa sécurité rapprochée et celle de son avocat
Mr VARAUT. Quand on est un homme sans reproche, tout l'arsenal de protection et
inutile, mais voila ?.
Maladie oui puisque nous savons qu'il est, par un triple pontage et des
infections du a son grand âge et sa maladie, ce qu'il ne lui empêche pas de
fumer sa cigarette tranquillement sans ce soucier des journalistes et des
parties civiles, qui attendent son retour à la barre, le bon vouloir de PAPON
et de son médecin, et celui de l'expert. L'attente des parties civiles dont
certains ont la même maladie que PAPON, et qui se font le devoir d'être présent
malgré leur infection et leur handicap de santé. Nous vous disons : PAPON,
nous aurons tout le courage, la volonté, la patience et la soif de la vérité.
Vous pouvez prendre comme excuse votre maladie, nous sommes armés d'une chose
que vous n'avez pas et que vous n'avez jamais eux " un coeur ". La
nature vous a donné une pierre à la place du coeur.
Jackie " Après deux mois
de procès et six semaines d'audiences, ces interruptions qui montrent la
fragilités du procès. Ma patience n'est toujours pas tarie, ma soif de lumière
et de justice dans la même sérénité, malgré les 55 ans qui se sont passés
dans la douleur. Les 16 ans de procédure et aujourd'hui le procès.
Je me devais au nom de l'amour de mes chers disparus et du devoir de mémoire,
de rappeler l'histoire de notre famille à mes enfants dans ces années troubles
qui l'ont tant marqué.
Je ne peux pas gardé cette vérité et la cacher comme un trésor que l'ont
met dans un jardin secret à l'abri des regards indiscrets. " NON ",
mon devoir est de perpétrer la mémoire de notre famille qui s'est déchirée
et qui s'est perdue de vue pendant toutes ces années.
Pour moi, 1997 a été une année favorable dans ces événements. Le premier
c'est que 4 jours avant mon soixantième anniversaire, le 5 août, tombe
l'inculpation de PAPON et l'ouverture du procès. Ce mot magique. En qualité de
partie civile, je suis convoqué à comparaître en personne ou de me faire représenter,
le mercredi 8 octobre 1997 à 14h, à l'audience de la cour d'assises de la
Gironde de Bordeaux, contre PAPON, Accusé des chefs de crimes contre l'humanité
par complicité.
D'arrestations ou de tentatives d'arrestations illégales.
De séquestrations illégales.
De meurtres ou de tentatives de meurtres avec préméditation.
C'est aussi le 9 août 1997 que je rentre dans ma soixantième année
et ma mise à la retraite. Ce fut un choc émotionnel et psychologique d'un
violence inouïe. Enfin nous allons pouvoir prendre acte du deuil de nos
parents.
C'est aussi pour mes enfants et petits enfants de savoir la vérité sur le
passé de leur père et grand-père et de sa famille. Là aussi, il y a une
grande pudeur, comme dans ce que j'ai vécu avec mes grands-parents maternels.
C'est comme si nous avions honte de notre passé. Ce mot fatidique de "
JUIF " était une tare. Ce nom nous était tabou chaque fois que ce mot
sortait d'une bouche, j'avais impression de recevoir un coup de couteau dans la
poitrine. C'était, chaque fois une montée d'adrénaline d'une violence à
l'extrême du supportable, je me cachais dans un trou de souris et cachais mon
identité car la peur était toujours présente avec le spectre de la déportation.
Le soir du 15 juillet 1942, j'avais à peine 5 ans, nous étions à table où
nous mangions notre soupe. Nous attendions le passeur. Il devait nous conduire
en zone libre. Ce soir-là, il était environ 20h , un coup de sonnette à la
porte, c'était probablement un soulagement pour mon père et ma mère. Mais hélas,
c'était la police qui venait nous arrêter tous les 5 pour nous conduire au
fort du Hâ de Bordeaux. J'avais à peine 5 ans, ma soeur avait 7 ans et mon frère
9 ans. Ma mère avait 30 ans et mon père 33 ans. Mes parents ont été arrachés
à la vie en pleine fleur de l'âge, sans compter les 6 autres membres de ma
famille, un cousin qui avait 6 ans, son père et sa mère, une tante et un
oncle. Il y avait aussi une grand-mère de 66 ans. Ils n'ont pas eu la chance de
pouvoir revenir des camps de la mort.
Pour moi, c'est un récit de mémoire. J'espère aujourd'hui pouvoir
reconstituer mon passé, qui s'est effacé voilà 55 ans. Ce puzzle dont les pièces
ne sont pas comptables. Aujourd'hui, mon impression c'est d'avoir été abandonné
comme une vieille valise sur le quai d'une gare. Une vieille valise dont on veut
se débarrasser. C'est d'avoir aussi le sentiment d'être abandonné par les
siens.
Combien de fois, je me suis posé les mêmes questions : me mettre dans un
coin pour pleurer sur mon sort. Mais ma volonté de vivre à été plus forte
que celle d'abandonner le combat. Toute cette volonté, je la dois en partie à
ma femme qui a rempli le double rôle de femme et de mère. Elle a su par son
amour pour moi et pour nos enfants, donner l'équilibre et aussi la rigueur qui
est la sienne, par son franc parler et son honnêteté de coeur. Elle a su par
sa pédagogie de la famille, donner le bon équilibre à une famille unie. Elle
en a rempli son devoir, et c'est pour cela que nous l'aimons tous.
Nous aurons l'occasion dans reparler au cours de notre dialogue. "
Didier et
Roselyne BIBERON -ALISVAKS (Fille et gendre de Mauricette et de Jackie) mariés
4 enfants, Cyril 13 ans, Aurélie 11 ans, Vanessa et Cynthia 8 ans. ( jumelles
).
" Après avoir eu une longue conversation avec mon père, sur l'affaire
PAPON dont je suis régulièrement le procès depuis le début. Il m'a parlé de
faire un dialogue de réflexion entre la famille, j'ai accepté de jouer le jeu
avec la complicité de mon mari et de mes enfants. C'est pour apporter une aide
morale à mon père et à ma mère dans leurs combats pour la vérité. C'est
aussi en mémoire de mes grands-parents paternels que j'aurai voulu tant connaître.
Car il manque dans notre vie une branche importante. Nous aussi, nous avons
souffert de leur absence, et en mémoire pour eux, ma famille sera solidaire
avec mon père et ma mère dans la recherche de la vérité. C'est aussi pouvoir
porter leur deuil dans nos coeurs.
Je trouve inadmissible que cet homme soit libre comme l'air. Alors qu'il a
fait tant de mal et de souffrances dans les famille juives. A l'âge qu'il a,
soit 87 ans, il a vécu heureux, auprès de ces enfants et de sa famille.
Tandis que des familles juives, ont vécu leur vie, avec dans leurs pensées
et leurs coeurs blessées à jamais, par cette guerre cruelle et leurs familles
déportées. J'ai une haine terrible contre PAPON, pour avoir fait tant de mal
à des familles, des enfants, des bébés et des vieillards innocents, qui n'ont
rien demandé, leur tort, c'est être nés " JUIF ", et d'avoir porter
l'étoile jaune, et ceux qui demandaient à la vie " le droit de vivre
".
Une vie tranquille, ça était vraiment inhumain. Ils prenaient les juifs
pour des bêtes, il les traitaient et les ont humiliés. Ils leur ont enlevé
leurs dignité. Pour moi quelque soient nos origines, il faut s'accepter tels
que nous sommes, c'est à dire des êtres humains avant tout et non pas des bêtes,
la dignité des hommes cette aussi le respect de tout un chacun. "
Henri ALISVAKS : ( né le 7 octobre 1962 une
fille Marie née le 7 février 1992 ).
A travers ce procès, j'ai pu enfin comprendre un homme ( mon père ) qui
porte en lui une grande souffrance depuis 55 ans et qui se bat pour le repos de
ses parents morts en déportation dans le camp de concentration d'Auschwitz,
pour le repos éternel de ses parents et surtout pour leur mémoire. Mon père a
aussi besoin de retrouver ses racines et de ne plus avoir à porter la
disparition de ses parents comme un abandon, je connais bien mon père, il n'est
pas un homme à laissé tomber et à abandonner, cet un homme engagé et de
parole, toute sa vie il à donner aux autres tout l'amour qu'il n'a pu avoir
dans sa jeunesse, aujourd'hui encore il donne sans compter.
Encore aujourd'hui il compte beaucoup d'amis de toute race et de toute
religion et d'horizon divers, il me dit toujours que la valeur humaine n'a
aucune frontière et pas de couleur, on doit accepter les hommes dans leurs
cultures, sans cette reconnaissance des uns est des autres la Paix ne peut
exister. C'est pour cela que son engagement dans ce combat est si grand et si
puissant. Rien ne pourra le faire reculer même pas la souffrance de voir en
face de lui cet homme au regard glacial et sans aucun remords, il a déchiré
cet homme de son frère et ça pour toujours puis aujourd'hui il est décédé
sans avoir délivré son secret, ( peut être était-il son jardin d'éden trop
lourd pour lui ), de sa soeur et sa famille pendant des années. Mais moi je
serai toujours là pour le soutenir dans son combat pour la vérité et la mémoire
de mes grands-parents que je n'est jamais connus alors que j'aurai aimé connaître,
pour pouvoir les gâter et être gâter par eux comme tous les enfants du monde
qui ont eu la chance de pouvoir les aimer et les chérir. "
Roselyne ( Fille de Mauricette et de Jackie )
" Au début du procès ce qui m'a touché, ce témoin cet homme âgé et
handicapé, a dit qu' il avait travaillé pour PAPON et que si il aurait été
valide, il aurait témoigné pour PAPON, chose que je ne comprends pas de cet
homme, qui est Juif, et qui a eu des déportés dans sa famille " trahison
ou innocence ", comment peut-on vouloir témoigné pour un accusé comme
PAPON. Ca me met vraiment hors de moi. "
Henri : ( Fils de Mauricette et de Jackie )
" Pour moi il faut continuer même si l' accusé (PAPON) doit mourir au
tribunal, bien que je lui souhaite une bonne santé, pour que la vérité soit
faite, et pour la mémoire de ceux qui croient en la justice de notre pays.
Depuis seize ans des hommes et des femmes se battent pour pouvoir connaître la
vérité ou plutôt pour essayer de lui faire dire par ce vieil homme qui n'est
qu'un simulateur qui ce cache derrière sa maladie, pour se protéger car la
peur pour lui est plus grande que la maladie,
AURELIE : 11 ans fille de Roselyne. ( petite
fille de Mauricette et de Jackie )
" Je voudrais dire que pour moi c'est inadmissible ce que PAPON a fait
aux familles qui auraient bien aimé vivre, mais voilà malheureusement à cause
de PAPON la vie des familles sont mortes par ces actes non réfléchis et
irresponsables, par sa faute, j'aurai bien aimé connaître mes arrières
grands-parents, mais voila je n'aurai jamais cette chance de les connaître et
de les avoir connu. Je pense que mon Pépé aurait bien voulu vivre avec ses
propres parents, PAPON, vous n' avez pas pensé aux familles, mais si j'aurais
été au procès, je vous demanderai pourquoi avez-vous fait cela ?. Bon pour
lui il s' en fichait sa famille n'était pas concernée ni dedans. Mais est ce
qu'il a pensé si les gens mourraient de chaud ou de froid ou alors est ce que
dans les douches il a demandé aussi aux gens s'ils voulaient ou NON...
Alors pourquoi se procès dure-t-il si longtemps, nous allons pas le regarder
avec des yeux de 87 ans mes des yeux 32 ans. Est-ce qu'il a demandé, aux bébés
aux enfants et aux adultes leur avis, NON... parce que c'est un homme
irresponsable, mais responsable de ces actes pervers qui ont mené les gens à
une mort certaine à un voyage sans retour. "
ROSELYNE : ( Fille de Mauricette et de Jackie
). " Ce que je pense de PAPON , c'est un homme sans coeur qui ne
regrette pas ses actes dans cette guerre qui à été cruelle. Lorsque
j'entendais Mr VARAUT son avocat dire qu'il trouvait inadmissible que PAPON soit
dans une cellule sans confort ; est-ce qu'il a demandé aux pauvres gens qu'il a
fait entasser dans des wagons, pour les acheminer comme des marchandises vers
Drancy puis vers les camps de la mort sans ce soucier s'ils étaient eux dans le
confort, s'ils avaient faim, ils n'ont pas eu eux cette chance d'avoir un médecin
à leur disposition.
Alors quand j'entends que PAPON doit être hospitalisé, alors ma pensée en
est troublée, depuis l'âge de 5 ans mon père n'a plus revu ses parents, je
pense à ce qu'il a du ressentir depuis leurs absence, le manque d' affection,
les câlins qu'une mère peut donner à ses enfants, et c'est aussi l'amour d'un
père " quel sentiment d'abandon ", tout s'écroule autour de vous, ne
sachant pas pourquoi ils sont partis sans espoir de retour, cette vieille valise
comme le dit mon père, laissée sur le quai d'une gare. "
JACKIE : " Nous n'avions pas eu
l'occasion d'en parler à bâtons rompus, à ma grand surprise c'est de voir que
mes enfants ont gardé ce respect du silence de peur d'ouvrir cette blessure que
nous allons soigner ensemble, aujourd'hui nous avons à faire la lumière autour
de nous sur ce passé et c'est aussi le procès de PAPON qui va nous le
permettre à mon grand regret, nous aurions du en parler plus tôt, peut être
le manque de courage des uns et des autres cette fausse pudeur du respect de la
famille, ce deuil impossible jusqu'aujourd'hui, à la veille de mon témoignage
en cours d'assises, je prendrai acte officiellement de la disparition de mes
parents, et avec l'espoir de pouvoir porter leur deuil dans mon coeur car là
est le meilleur tombeau de la mémoire des vivants.
Mon engagement dans l'affaire PAPON. C'est dans le respect et pour la mémoire
de notre famille, cet aussi le combat de toutes les parties civiles à la
recherche de la vérité de l'inculpation d'un homme froid et pervers, qui n'a
aucun remords de son passé et qui nie ses actes et ses responsabilités dans la
déportation des 1560 juifs de Bordeaux. "
MAURICETTE : ( La femme de Jackie ).
" Bien sûr pour l'amour de mon mari et de mes enfants c'est aussi par
respect de mes beaux parents que malheureusement je n'ai pas connu, ce ne sont
que ces quelques photos que nous avons en notre possession, que nous regardons
de temps à autre, pas trop souvent pour ne pas trop réveiller la mémoire,
mais suffisamment pour ne pas les oublier.
Pour moi les voyages que fait mon mari à Bordeaux pour ce procès, je le
soutiens moralement, il s'est toujours battu contre le racisme et la xénophobie
et la citoyenneté et la reconnaissance, il croit en l'homme et en ses vertus,
mais il chasse tout ce qui n'est pas d'une attitude humaine. Pour moi PAPON
n'est pas un être comme les autres, pour avoir agi et avoir eu un comportement
inhumain envers les familles et en particulier la mienne, c'est en sa conscience
et sa responsabilité, que nous voulons que son procès puisse aller jusqu'au
bout et que la justice de mon pays puisse rendre un verdict au nom de tous ces
disparus et au devoir de mémoire que nous avons à faire l'héritage à nos
enfants pour que cela ne ce reproduise jamais plus dans notre pays, et que nos
enfants ne subissent plus jamais, la tyrannie des hommes ambitieux de pouvoir.
Si PAPON avait été à la place des victimes quel aurait été son comportement
? Mon impression c'est que PAPON, comme l'a dit au tribunal mon mari chaque fois
qu'une partie civile doit témoigner, c'est la rechute dans sa maladie, pour
pouvoir estropier et affaiblir le tribunal. C'est encore une stratégie de la défense,
qui si cela continuait va demander l'annulation du procès. "
HENRI : (Fils Mauricette et de Jackie).
" Depuis que l'instruction de cette affaire en 1981, cet homme (PAPON )
mène la justice de mon pays en bateau pour pouvoir reculer toujours et encore,
ces actes qu'il veut pas reconnaître. Parfois, je doute de la justice de mon
pays, mais j'ai une entière confiance en elle qui sait être impartiale envers
les criminels et ceux qui ont des actes odieux envers, les enfants, les femmes,
les hommes et les vieillards, ce ne sont que des monstres de chair et sans coeur,
pour laisser dans le doute des hommes qui ne veulent que la vérité pour la mémoire
de ceux qui ont donné leur vie. "
AURELIE : (Petite fille de Mauricette et de
Jackie).
" Mon pépé est super et je l'adore car il a le courage d'y aller pour
la mémoire de ses parents et des autres familles, pour que la justice soit
faite, ma mère et son frère auraient bien voulu connaître leurs
grands-parents paternel mais hélas ?. "
Je voudrais dire quelque choses à PAPON. Pourquoi avez-vous fait ça, pour
le plaisir pour vous peut-être que c'est marrant; mais pas pour nous. Mais vous
j'espère que vous irez en prison pour le mal que vous avez fait à mon grand-père,
parce que tout ce que vous avez fait aux familles ce n'est pas bien... Vous
pouvez vous protéger avec vos avocats ! vous pouvez vous cacher, un jour ou
l'autre on vous aura. "
ROSELYNE : (Fille de Mauricette et de Jackie)
" Ce que je souhaite et espère, c'est que ce procès puisse aller
jusqu'au bout, tant que le procès durera, je serai toujours au coté de mon père
pour l'aider s'il le faut, des preuves contre PAPON il y en manque pas, pourquoi
attendre plus longtemps pour le condamner à l'âge qu'il à. Mais il n'y à pas
d'âge pour condamner les crimes contre l'humanité.
Depuis que je suis petite, je savais que les parents de mon père avait été
déportés. Mais par amour pour mon père, je n'ai jamais osé lui parler de ses
parents de peur de lui faire du mal et de la peine en voulant lui en parler.
Parfois je regardais mon père, et je me dis, j'ai vraiment de la chance d'avoir
un papa super à mes côtés . il est toujours là pour nous épauler, lorsque
quelque chose ne va pas, il nous apportait sa sagesse et son amour, son réconfort
par des petits mots gentils. Je remercie le ciel d'avoir une Maman et un papa
comme j'ai. PAPON vous avez fait enlever ma Grand-mère et mon Grand-père que
j'aurais temps voulu connaître.
Monsieur le président vous qui représentez la justice , moi et mes enfants
et mon frère nous avons confiance en la justice et nous espérons ne pas être
déçu par elle, ces aussi pour qu'a l'avenir, qu'il ne faut plus qu'une chose
pareille arrivent " NON .PLUS .JAMAIS. CA ". "
MAURICETTE et JACKIE :
" Comment ne pas être engagé dans cette aventure humaine hors
du commun, lorsque vous avez une telle pression de la part de vos enfants et de
votre entourage ainsi que le devoir de mémoire de ceux qui vous sont chers ,
dont tout le monde attend avec impatience que la justice de notre pays rendent
sont verdict.
Que nos morts soit honorés et que le cimetière de nos coeurs puissent
retrouver le repos des justes et éternels d'une cicatrice qui doit se refermer
après 55 ans.
C'est aussi pour la FRANCE un DEVOIR de MEMOIRE pour ses enfants. "
Ses parents ont été déportés au
moment de la rafle du 15 juillet 1942
3 orphelins,
survivants par miracle :
Jackie Alisvaks, jeune
son frère Claude (décédé en 1993)
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Jackie, enfant
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Eliane (Partie civile)
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Henri et Marie Alisvaks |
Jackie et Mauricette Alisvaks |
Plainte concernant :
Anna RAWDIN,
née le 23 juillet 1876 à DAMPAPHIE (Lettonie),
déportée de Mérignac à Drancy le 26 octobre 1942, exterminée à
l'âge de 66 ans.
Abram,
Mendel HUSETOWSKI, né le 5
juin 1905 à TCKLINOW (Pologne),
déporté de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminé à l'âge
de 37 ans.
Jean,
Icek FOGIEL, né le 6 MAI
1907 à BRZEZINY (Pologne),
déportée de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminée à
l'âge de 35 ans.
Liba ou
Luba, Rachel, Ida RAWDIN épouse FOGIEL,
née le 24 JUILLET 1907 à DWINSK (Létonie),
déportée de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminée à
l'âge de 35 ans.
Henri,
Hirsch ALISVAKS, né le 2
mars 1909 à RIGA (Létonie),
déporté de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminé à l'âge
de 33 ans.
Jeannette,
Euta RAWDIN épouse HUSETOWSKI,
née le 7 juin 1911 à LANGARFIT (Létonie),
déportée de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminée à
l'âge de 31 ans.
Antoinette
MATISSON épouse ALISVAKS,
née le 4 mars 1912 à RIGA (Létonie),
déportée de Mérignac à Drancy le 19 juillet 1942, exterminée à
l'âge de 30 ans.
Bernard
FOGIEL, né le 12 juillet
1936 à CAUDERAN (Gironde),
déporté de Mérignac à Drancy le 26 octobre 1942, exterminé à l'âge
de 6 ans.
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